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20 août 2015 4 20 /08 /août /2015 08:00
Dis Papy ça sert à quoi 1 Ministre ?

À rien si l’on applique la jurisprudence Yves Thréard, du Figaro, qui proclame que « Le ministre du Travail ne sert à rien ! » 

 

Dans le cas d’espèce, le départ de Rebsamen dont on dit qu’il a échoué à inverser la courbe du chômage, comme son prédécesseur Sapin, et bien d’autres avant eux, ce n’est pas inexact dans la mesure où le talent personnel du Ministre n’est pas vraiment en cause. C’est la politique menée qui est en cause. Pour Thréard ça ne fait pas un pli, il chante l’antienne de son camp qui, lorsqu’il était aux manettes, n’a guère brillé sur ce terrain.

 

Du côté du 78 rue de Varenne, celui de l’Agriculture est dans la tourmente, en première ligne, empêtré dans une politique agricole, qu’on dit commune, qui se heurte au dumping social allemand, aux charges, aux contraintes du Grenelle de l’environnement, à l’embargo sur la Russie, dans le cas du porc au marché tout bêtement. En effet, le marché du porc n’a jamais bénéficié de soutien des prix, de subventions, c’est un marché hyper concurrentiel.

 

Le successeur de Le Foll est tout trouvé, notre ex-président « Ce n’est pas une crise conjoncturelle, c’est une crise structurelle. Il faut sauver l’agriculture française. Pour cela il va falloir réinventer un modèle »

 

« Il y a eu une déclaration qui a été faite par le ministre de l’agriculture. Les engagements ont été pris et ils doivent être respectés. Et pour cela, c’est au plus haut niveau de l’Etat que ça doit être géré. »

 

Le prix du cochon c’est du ressort du Président de la République !

 

« Ce n'est pas rien et je me battrai pour défendre la PAC », a-t-il dit. Pour autant, « ce système peut-il perdurer ? Non. Il faut qu'on le réinvente »

 

Vaste programme ! Paroles, paroles, mais qui c’est qui a plaidé pour l’abandon des quotas laitiers ?

 

Vive le grand large, le grand export, la régulation par le marché, une forme de course à l’échalote au moins disant, pas sûr que la majorité des agriculteurs, même les hyper-productifs, y soient vraiment préparés.

 

Bruno Le Maire, lui, depuis la Nouvelle-Calédonie, a parlé du juste prix du porc ?

 

Sur un marché sans filet ça n’existe pas et la Cooperl comme Bigard sont dans le vrai de la réalité, la dure réalité, quand ils contestent la mécanique de prix minimal.

 

L’ex peut qualifier le Foll d' « intermittent de l'agriculture » et faire son mea-culpa à propos du Grenelle de l’Environnement : « j’aurais dû être plus attentif. Ils ont été trop loin, j'aurais dû être plus hyperprésident », a-t-il ironisé à propos d'une formule souvent employée à son encontre lors de son quinquennat.

 

J’adore ce « ils » beau paravent pour celui par qui tout se décide sous le régime de la Ve République.

 

En effet, un Ministre c’est le membre d’un gouvernement avec à sa tête un 1er Ministre (pas un chef du gouvernement puisque l’exécutif est à deux têtes) qui applique une politique définie par les 2 patrons de l’exécutif.

 

L’application de celle-ci passe par des arbitrages interministériels tranchés à Matignon (les bleus). Bref, un Ministre, ne fait pas ce que bon lui semble, s’il n’est pas d’accord il fout le camp. Bien sûr, son talent, son entregent politique : proximité avec le boss, l’importance politique de sa boutique, les équilibres dans la majorité, peuvent faire pencher la décision dans le sens de ses priorités mais il doit toujours se soumettre au cadrage, tout particulièrement budgétaire, du 1er Ministre.

 

Bref, un Ministre c’est un politique soudain placé à la tête d’une grosse machine très conservatrice et très attachée à ses prérogatives : son Administration, centrale et ses services extérieurs (c’est le cas de l’Agriculture).

 

Les Ministres passent, les fonctionnaires restent…

 

Bien sûr, à chaque alternance les nouveaux coupent des têtes mais, très sincèrement, ça ne change pas grand-chose dans les grandes boutiques : Quai d’Orsay, Armées, Intérieur, Affaire Étrangères, Économie et Finances, Budget et Agriculture aussi.

 

Les dossiers du Ministre ce sont eux et ça pèse d’autant plus lourd dans la balance que le cabinet du Ministre est maintenant peuplé de leurs collègues qui savent fort bien qu’ils sont en CDD. Ils n’insultent rarement l’avenir.

 

Alors, sous forme de boutade, je répondrai à ma question : un Ministre ça sert à faire le Ministre. Il suffit de consulter les agendas publiés pour s’en rendre compte, de suivre les comptes Twitter. Les communicants sont les rois du pétrole.

 

Reste aussi pour graver le nom du Ministre dans le marbre ou le bronze à lui faire porter une LOI qui prendra son nom.

 

Le destin de Claude Évin est là pour en témoigner, sans sa fameuse loi il serait pour toujours dans les ténèbres extérieures. Le jeune Macron l’a bien compris il participe activement à l’extension du domaine de Macron.

 

Le débat sur la compétence ou l’incompétence d’un Ministre est de bien mauvaise politique, il n’est que l’instrument d’un projet politique, pas un magicien, il peut être un bon comédien, savoir donner le change, mais quoi qu’il arrive il sera un jour rattrapé par la dure et implacable réalité.

 

Gouverner c’est choisir !

 

Le choix qui a été fait par l’ancien Président et qui a été repris par son successeur, d’une agriculture dite compétitive, tournée vers le grand large, sans véritables protections ni soutien, a et aura dans les années à venir, tout particulièrement dans le secteur laitier, des conséquences lourdes et importantes sur la localisation et la taille des exploitations.

 

Réinventer le modèle, le génie français quoi, je dis chiche et j’attends sans grande impatience ce beau modèle tout neuf qui va tout régler d'un seul coup d'un seul !

 

Ça me rappelle le brillant épisode de la suppression des droits de plantation votée par le Ministre de l’Agriculture de l’ex et, face à la fronde de la CNAOC, madame Vautrin députée de la Marne me dire avec aplomb : nous allons inventer un nouveau modèle ! Mon scepticisme lui déplut, la suite est connue de tous…

 

Pour la fin des quotas laitiers je m'en tiens à mon devoir de réserve mais bon prêcher dans le désert...

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