Bernard Burtschy, qui sait tout, annonçait sur son mur Face de Bouc le 15 juillet à 19 h 08 qu’« alors qu'Angelus et Pavie mettent leur tout nouveau classement de premier cru classé « A » sur l'étiquette de leur 2012, avec bouteilles spéciales pour l'occasion, château Ausone fait disparaître la mention de son étiquette… »
Sans tambour, ni trompette, ni communiqué de presse, la famille Vauthier épure son étiquette…
Exit la mention du classement félon taillé sur mesure par un expert en la matière, cinéphile au rabais, amateur de bottes en son chai, jeune manieur de sécateur, globe-trotter, collectionneur de présidences, tout à fait bling ding dong…
Je m’en doutais !
J’apprécie la beauté du geste…
« Pourquoi chercher avant tout une étiquette, et par là se mettre à la hauteur des choses que l’on vend dans les bazars. » ironisait Claude Debussy.
«Avec ce nouveau classement, on ne rejoint pas seulement Ausone et Cheval-Blanc à Saint-Emilion. On atteint aussi le même niveau que Mouton Rothschild, Yquem ou château Margaux. Les gens ne vous regardent pas de la même manière: on fait désormais partie des dix propriétés les plus recherchées dans le monde.»
En rupture avec la tradition bordelaise, Gérard Perse n’a pas peur de parler d’argent. Il souligne «s’être donné dix ans pour que Pavie atteigne les mêmes prix que les plus grands noms du Médoc». En primeur, la bouteille de 2012 a été mise en vente à un peu plus de 200 francs, contre plus de 300 francs pour Haut-Brion ou Margaux. «Le prix, c’est une finalité, juge celui dont la fortune est estimée à 380 millions d’euros. Si quelqu’un est prêt à mettre plusieurs centaines d’euros pour un seul flacon, c’est que cela représente quelque chose de très fort pour lui. On ne vend pas seulement du vin, mais aussi du rêve.»
« La famille Perse ne laisse rien au hasard. Pour répondre au mieux aux critères fixés par la commission de classement et accéder au rang de premier grand cru classé «A», elle a lancé d’importants travaux en 2011 afin de donner un nouveau visage à Pavie. Investissement: 17 millions de francs. «Je ne l’ai pas fait pour me faire plaisir, précise le patron. Il s’agissait de pouvoir bien recevoir la presse et les visiteurs. On a fait quelque chose de somptueux. L’objectif est de faire rêver les gens. Quand ils repartent il faut qu’ils se disent: c’était un grand moment.»
C’est signé Pierre-Emmanuel Buss dans le journal suisse Le Temps
Comme le note avec pertinence Guillaume Deschamps « On peut ne pas désirer être membre de certains clubs »
Tournez, tournez les hélicos, sur la piste bétonnée vous attendent de charmantes hôtesses pour vous guider en des chais pharaoniques où elles vous vanteront la gloire du terroir qui donne moins de points dans le classement que la longueur de leurs jupes.
Alors acceptons la dérision de Sylvain Jamet « Parce que classé A ne veut rien dire, ça ne marche que pour les frigos et l'andouillette! A moins qu'ils aient des ambitions écologiques... A++ AAAAA »
Et comme le disait Frédéric Dard « Les lauriers sont tellement plus à leur place dans le civet de lièvre que sur la tête d’un glorieux. »