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23 juin 2015 2 23 /06 /juin /2015 10:20
Loin des clichés de la presse du vin les « Fils de la Terre » peuvent aussi mourir de solitude et d’épuisement

Hier j’ai reçu le courrier ci-dessous signé par Bruno Guichard Conseil en entreprise – Médiation –Conciliation accompagné d’un texte intitulé «Hommage à un vigneron»

 

J’ai publié aussitôt cet hommage sur mon mur Facebook.

 

Ce matin j’ai longuement hésité avant d’en faire l’objet d’une chronique car, au vu de certains commentaires sur FB, l’instrumentalisation de la disparition d’un homme jeune n’est pas le but de ma démarche.

 

Mon souhait ce matin c’est de mettre en lumière, sans tomber dans le misérabilisme, la précarité de certains vignerons, tout comme celle des éleveurs de bovins, même en Bourgogne, leur isolement, leurs difficultés économiques et commerciales, le peu de cas qu’en font les institutions publiques et privées, tout un système qui dans sa presse spécialisée ne met en avant que les réussites, les meilleurs, les peoples, passant sous silence toute une population qui vit de plus en plus chichement et qui dans un avenir proche se retrouvera sur le bord du chemin.

 

J’entends, je lis ces derniers temps que la presse du vin doit être préservée des foudres de la loi Evin, elle s’honorerait si elle dépêchait certains de ses « journalistes », non dans des banquets prestigieux ou autres mondanités, mais dans les vignes, dans les chais, au plus près de ces hommes et des femmes dont la vie au quotidien est une somme de difficultés, de combats obscurs, de fatigue et de désespoir accumulés.

 

Vous pouvez lire ou relire cette chronique du 22 février 2012 Et si un instant vous quittiez vos clichés pour vous intéresser un peu à la vie quotidienne des « Fils de la Terre » 

 

Madame, monsieur,

 

Ce témoignage a pour objet de partager avec vous ma fonction de conciliateur auprès d’un Tribunal de Grande Instance (Chalon sur Saône et Mâcon)

 

Cette fonction, je l’exerce depuis 2009, à la suite de celle de chargé de mission auprès du B.I.V.B. - Bureau Interprofessionnel des vins de Bourgogne (2003-2008).

 

Cette pratique me permet de poursuivre l’accompagnement au quotidien la situation d’agriculteurs, de vignerons qui traversent des difficultés.

 

Elle me permet de côtoyer les acteurs qui contribuent à la vie des entreprises agricoles ou ceux qui disposent de mandats judiciaires.

 

Le temps judiciaire est constitué de celui que chacun des acteurs s’octroie pour répondre à une question qu’il lui a été posée !

 

Aucune réforme ne résoudra cette question de l’engagement personnel des acteurs pour effectuer dans les temps impartis, les travaux dont ils sont chargés.

 

Ou alors, l’épuisement peut gagner les êtres les plus courageux.

 

Vincent Meunier y a laissé sa santé et sa vie.

 

De cela nous pouvons parler.

 

Fidèlement

 

Bruno Guichard

 

Hommage à un vigneron

 

Vincent Meunier, vigneron à Mellecey (Saône et Loire) épuisé par des années de luttes, vient de mourir. Il avait 49 ans.

 

Les années 2000 ont été marquées par de faibles rendements, des cours bas. Des années de crises.

 

En 2003, l’Interprofession met en place la « démarche qualité+ ».

 

C’est dans la cadre de ma fonction de chargé de mission au B.I.V.B., que je l’ai rencontré. La première fois en mai 2006. Il y a donc neuf ans. Il avait 40 ans, l’âge d’être jeune viticulteur. Un dossier, au fond assez banal. Un parmi beaucoup d’autres. 350 ! Une exploitation viticole constituée d‘appellations régionales et villages. Rouge et blanc.

 

Un plan d’accompagnement est mis en place, en concertation avec la Chambre d’agriculture, la banque. En 2008, à la fin de ma mission, Vincent Meunier me demande de continuer à répondre à ses sollicitations.

 

La situation financière reste très tendue. Les travaux d’amélioration du vignoble réalisés ne produisent pas encore les résultats attendus. La situation financière se dégrade. Pour contribuer à la charge financière Valérie, son épouse, prend un travail. De graves problèmes de santé la handicapent.

 

En décembre 2010, elle est hospitalisée 5 semaines. Puis plâtrée du buste 6 semaines. Réopérée en 2011, elle reste handicapée. Reconnue inapte au travail, elle est licenciée en septembre 2011.

 

Vincent Meunier devant les réalités se met sous la protection de la justice. Le 29 juin 2010 le Tribunal de Grande Instance de Chalon sur Saône ouvre la procédure de redressement judiciaire.

 

Le 15 février 2011, la liquidation judiciaire de l’EARL est prononcée. Alors, celle-ci entraîne la cession des actifs : vente du matériel…

 

Sa propre santé se dégrade, ses affaires juridiques et financières nécessitent des interventions auprès du Tribunal de Grande Instance de Chalon sur Saône, du mandataire judiciaire, de la Caisse de MSA, la dernière, en sa présence, s’est déroulée le 20 avril dernier…

 

Depuis plus de quatre ans, la liquidation judiciaire n’est toujours pas close ! Des sommes trop perçues d’indemnités journalières sont à reverser. Des cotisations sociales non payées à régler par voie d’Huissier.

 

Le thème de la belle soirée organisée, à l’occasion des 70 ans de l’Exploitant Agricole de Saône et Loire avait pour thème : « Soyons acteurs de nos vies ».

 

Vincent Meunier s’est épuisé, son corps et son esprit non pas suivi.

 

Ses obsèques ont eu lieu cet après-midi dans l’église de Mellecey, trop petite pour accueillir celles et ceux qui étaient venus l’accompagner. Je m’y suis rendu pour lui rendre hommage.

 

Tallant, vendredi 19 juin 2015

 

Bruno Guichard –Conseil en entreprise – Médiation –Conciliation

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commentaires

P
Laissons effectivement passer 24 heure pour ne pas commenter, à chaud et enfourcher le cheval du compassionnel qui change d'allure dés qu'un nouveau fait divers ringardise le précédent. Le Canard Enchainé, Charlie Hebdo, toute les semaines avec une ironie grinçante, mordante, pour ne pas pleurer devant les dégâts causés par ce monstre froid qu'est l'administration et tout les gens qui ont un peu de pouvoir et qui le consacre à autre chose (Leur carrière ?) ne cesse de dénoncer de tel cas fracassant une vie . Et que voulez vous que je réponde d'autre quand, banalement on me demande comment ça va ,qu'un laconique " je ne sais pas" quelque peu provocateur alors qu'il ne reflète que la stricte vérité. "Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j'y fasse !" disais Günther ANDERS . Bonne journée quand même...
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