« Le vin est un produit culturel donc qui s'apprend. » écrit sur son blog Le Tire-Bouchon un œnologue retraité à propos du débat sur l’amendement clarificateur de la Loi Evin réécrit par le gouvernement.
Selon cette nouvelle version, « ne relèverait pas de la loi Evin les contenus liés notamment à une région de production ou au patrimoine culturel, gastronomique ou paysager liés à une boisson alcoolique disposant d'une identification de la qualité ou de l'origine, ou liés à un terroir protégé ».
Dans le même temps, Philippe Barret, dans l’édito du dernier LeRouge&leBlanc : AOC le suicide en pente douce, pose un sérieux bémol sur le niveau culturel de nos vins d’origine.
Laxisme historique de l’INAO « qui a fait passer la part des vis en AOC de 45% en 1990 à 60% en 2012 (ndlr il faut relativiser cette progression en % par le fait que les Vins de Table ont fortement régressés au cours de cette période) On a laissé honteusement certaines appellations s’étendre sur des terroirs indignes. Et l’on a trop facilement fait monter d’un niveau hiérarchique certaines appellations de type VSQS. »
Et d’en appeler au maître es-juge aux concours de beauté à l'aveugle : Michel Bettane qui reconnaissait en 2011 lors d’un forum organisé par le Monde que « seulement 20 % des vins d’appellation d’origine méritent ce statut. On a été d’un laxisme et d’une démagogie terrifiants dans la multiplication des appellations d’origine. »
Tellement culturel le vin que les critiques, les guides, les blogs, les cavistes, traitent au mieux qu’un pourcentage microscopique de ces vins (2, 5 %, je ne sais) et que tout le reste est fourgué via les murs de vins de la GD. L’infiniment petit a bien du mal à masquer l’infiniment grand. Bref, y aurait-il une culture, celle de l’élite, et une sous-culture, celle des pousses-caddies (au bémol près des foires aux vins, restons honnête)
Le vin c’est aussi de l’alcool, le nier serait méconnaître la réalité de sa consommation : allez donc comme moi marcher le long du canal Saint Martin ou du bassin de la Villette pour constater que les quilles de vin peu dignes de la culture voisinent avec la bière. Il n’y a pas que le shoot, le vin participe aussi à l’alcoolisation.
Alors, éducation me rétorquera-t-on !
Oui, mais où et comment ?
Plus simple à afficher qu’à mettre en œuvre d’une manière massive afin d’espérer obtenir des résultats probants.
C’est possible mais il faudra que chaque partie sorte de son discours formaté et bétonné.
La santé est un bien qui ne se découpe pas en rondelles selon le point de vue que l’on défend.
Philippe Barret conclue « aujourd’hui on en arrive donc à un incroyable paradoxe : on déclasse de nombreux vins hors « normes » pourtant plébiscités par les consommateurs, alors qu’on trouve parfaitement représentatifs d’un terroir des breuvages matraqués de pesticides, d’anti-pourriture, de levures aromatiques, d’enzymes et de soufre. »
Il ne s’agit pas de stigmatiser qui que ce soit, les vignerons en premier, mais de tous accepter notre part de responsabilité dans cette dérive qui mène une grande part des vins dans l’univers de l’enfer agro-alimentaire.
Le petit monde des « journalistes » et critiques de vin qui s’en est foutu pendant longtemps comme de leur première chemise, quand certains ne se sont pas privés de railler les bio-cons et autres naturistes élaborateurs de vins poilus qui puent, ferait bien d’éviter ces postures de vierges effarouchées.
Le mercanti n’était pas loin pour retenir la plume, la rendre serve à la régie publicitaire, faut assumer les cocos le mélange des genres entre le commerce et l’indépendance éditoriale. Faut bien que les petites entreprises vivent mais merci de ne pas pousser le bouchon trop loin car il risque d’être rattrapé au vol par les défenseurs de notre santé.
Alors, merci de dire adieu aux équivalents Rafale qui mêlent les choux et les navets, les modes de consommation du vin ont certes beaucoup évoluées mais ne l’analyser qu’au travers des produits culturels c’est se raconter des histoires et les histoires d’amour finissent mal en général…