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23 mai 2015 6 23 /05 /mai /2015 06:00
Cauchemars gastronomiques d’Alain Bombard naufragé volontaire en 1952 à bord de son canot L’Hérétique, Pommard 1928, vosne-romanée 1930, mouton-rothschild 1947… les bouteilles de grands crus dansent également dans sa tête

Qui se souvient d’Alain Bombard

 

Pas grand monde je pense, et pourtant son nom est lié « à un exploit qui l'a rendu célèbre à travers le monde. En 1952, ce médecin et biologiste avait traversé l'Atlantique à bord d'un canot pneumatique, L'Hérétique, sans vivres et sans eau douce, avec un sextant et un filet à plancton afin de prouver que des naufragés pouvaient survivre en mer. Après 113 jours de navigation, il avait atteint les côtes de la Barbade, dans les Antilles, dans un état de santé certes déplorable, mais en ayant réussi son pari. Le récit de cette aventure, Naufragé volontaire, publié en 1954, lui avait fait acquérir une renommée mondiale. Par ailleurs, son nom était devenu synonyme du pneumatique de survie dont la présence est désormais obligatoire sur les bateaux. »

 

Pour ma part je garde le souvenir de l’éphémère Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Environnement dans le premier gouvernement Mauroy entre mai et juin 1981 bien trop libre de ses propos pour demeurer à un tel poste. Le combat européen lui conviendra mieux. « Il fut un député européen actif de 1981 à 1994, toujours soucieux de faire partager ses convictions et d'expliquer l'Europe. Le Varois qu'il était devenu a été aussi conseiller général du canton de Six-Fours-les-Plages de 1979 à 1985. »

 

Au cours de son naufrage volontaire Bombard raconte les «cauchemars gastronomiques» qui obsèdent ses nuits « L’un revenait plus souvent que les autres comme un leitmotiv : le mirage d’une poule au riz »

 

Le navigateur solitaire « las de ses éternels repas de poisson et de plancton filtré » fantasme des ripailles faites à terre : « Aujourd’hui, je déjeune à l’Amirauté avec un lièvre à la royale ; ce soir, chez les médecins de Casa, avec des rognons au vin blanc. »

 

« Pour tenir, le jour, il imagine des tablées qu’il se fera offrir par un sceptique qui a parié sur l’échec de sa traversée en solitaire. »

 

« J’ai prévu trois menus : soit foie gras truffé, soufflé aux crevettes, canard au sang, pomme paille, fromages variés, omelette flambée à la confiture, fruits rafraîchis au champagne ; soit bouquet d’écrevisses, douze escargots, lièvre à la royale, pommes vapeur ou cuissot de chevreuil, fromage variés, omelette flambée à la confiture, ananas kirch à la crème. »

 

« Pommard 1928, vosne-romanée 1930, mouton-rothschild 1947, château-yquem 1929, les bouteilles de grands crus dansent également dans la tête du navigateur perdu au milieu de l’océan, aux franges de la calenture, la fièvre délirante des marins… »

 

Textes tirés de la Mise en bouche de Bruno Fuligni « Les gastronomes de l’extrême »

 

Le 4 mai 1988, Jean-Paul Kauffmann revient de 1 037 jours de captivité avec ses deux compagnons d’infortune : Marcel Carton et Marcel Fontaine. Sans Michel Seurat, mort pendant cette longue nuit.

 

Jean-Paul Kauffmann racontera, avec émotion, qu’il a survécu grâce à deux livres que ses gardiens avaient fini par lui donner : la Bible et le tome 2 de Guerre et Paix de Tolstoï, qu’il a lu et relu… 22 fois.

 

« La lecture plus que la littérature m’a sauvé. Les mots me suffisaient, ils instauraient une présence. Ils étaient mes complices. Du dehors, ils venaient à mon secours (…) Enfin, je pouvais compter sur un soutien de l’extérieur. Le sens était secondaire. »

Cauchemars gastronomiques d’Alain Bombard naufragé volontaire en 1952 à bord de son canot L’Hérétique, Pommard 1928, vosne-romanée 1930, mouton-rothschild 1947… les bouteilles de grands crus dansent également dans sa tête
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commentaires

L
J'ai entendu moi-même Bombard raconter, lors d'une interview radiodiffusée, comment il avait un jour colmaté une fuite d'un des flotteurs d'un zodiac avec une sécrétion naturelle. Je n'en crois pas un seul mot. Cela donne-t-il du poids à ses autres "souvenirs"? Le personnage est sympathique mais tient plus du Triphon Tournesol que du scientifique certifié. Vive la France.
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T
Octobre 1958 est une autre date pour Bombard...et pour les habitants d'Etel. <br /> Etel est la petite patrie de "mes femmes" bretonnes et encore aujourd'hui il ne faut pas leur parler de Bombard. Les Le Guennec, Lofficial ou Daniel (patron du canot de sauvetage) père et fils, étaient tous de leur parenté. <br /> Les aventuriers, pourquoi pas, c'est leur affaire mais qu'ils n'entraînent pas 9 naufragés dans leurs certitudes déraisonnables! Je sais il y a polémique. <br /> La barre d'Etel est toujours là, infranchissable et ce qu'a fait Bombard n'a servi à rien, sinon... paroles de marins Etelois !<br /> HPT
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P
Bombard, du temps de ma jeunesse et de la passion pour les vrais aventuriers de la mer comme Thor Heyerdahl et son Kon Tiki ( aujourd'hui avec les balises argos et autre prouesse technologique nos aventuriers sont plus en sécurité que quiconque en ce bas monde ) Bombard qui souleva l'enthousiasme fut malheureusement confronté au drame d'Etel . Drame utilisé à foison par ses détracteurs auquel tout novateur se trouve immanquablement confronté. Jeunesse ponctuée par les parutions des albums de Tintin tel "Le Crabe aux Pinces d'Or"( 1943) ou le Capitaine Haddock, en droite ligne de la chronique de ce jour du Taulier fantasme sur une bouteille de Bourgogne...
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