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22 mars 2015 7 22 /03 /mars /2015 00:09
Un carnet taché de vin « J’avais tout de l’étron qui attire les mouches plutôt que de la fleur qui fait venir les papillons et les abeilles » Charles Bukowski

« Né le 16 août 1920 à Andernach (Allemagne) hors les liens sacrés du mariage, je suis un bâtard, mais pas un enfant illégitime. Mon père était l’un des soldats américains qui occupaient le pays ; ma mère était une jeune Allemande écervelée. Je venais d’avoir 2 ans quand mes parents partirent vivre aux États-Unis – d’abord à Baltimore, puis à Los Angeles où j’ai gâché la majeure partie de ma jeunesse et où je vis encore aujourd’hui.

 

Mon père était une brute et un lâche qui n’avait d’autre satisfaction que de me punir pour mes fautes, vraies ou imaginaires, à coups de lanière de cuir, celle-là même dont il se servait pour affûter son rasoir. Ma mère se contentait de l’approuver. Leur devise préférée était : « Un enfant doit être toujours visible et tenir sa langue. »

 

Confessions d’un vieux dégueulasse (1971)

 

« Un carnet taché de vin » n'est pas un fond de tiroir écrit Anthony Palou dans le Figaro culture. 

 

« Bukowski, c'est l'évidence d'une littérature pas coupée à l'eau tiède. Et c'est pour ça qu'il nous émeut, nous traverse comme une flèche. Il fait dans la vie telle qu'elle va ou ne va pas trop. Ce gars-là, ce pas grand-chose ne fut jamais le premier de la classe, mit tout son talent à n'être que lui. Ses influences? Hemingway, Saroyan, Fante, etc. et comme ses pairs, il s'est acharné à dépuceler la littérature à coup de burin, à aplatir la langue américaine tel le boucher du coin qui attendrit une escalope. À fleur de peau fouettée, il mit aussi toute son énergie au service de ce que nous sommes, de sombres insectes cherchant à s'en sortir. »

 

Bukowski n'utilise jamais le frein à main, il est un vrai raffiné, un tribal civilisé. Il ne carbure pas aux hormones, il est né rageur, ne fut never pas une grande tête molle, s'est décarcassé chaque jour que dieu fait pour affronter un monde pas terrible. Toujours à la limite de l'optimisme, il sait que le boulot, que le jeu aux courses, la biture et la castagne en vaudront toujours la chandelle. »

 

Ce n’est pas l’avis de Philippe Garnier des Inrocks : Racler les souvenirs dans les fonds de tiroirs 

 

« Plus de vingt ans après sa mort, et bientôt un demi-siècle après la publication du Journal d’un vieux dégueulasse, il est peut-être temps de vérifier les prédictions d’Allen Ginsberg sur Bukowski (“poète mineur, il ne durera pas”), ou les estimations sceptiques du monde universitaire américain – Robert Peters, qui aimait l’œuvre, la qualifiait de « gab poetry » (poésie de la parlotte), en référence à son « naturel”, proche de la conversation. »

 

« L’édition reflète bien la tendance actuelle : les livres de témoignages, biographies, études et archives photographiques se sont multipliés outre-Atlantique. Et les parutions posthumes de l’auteur vont bientôt égaler en nombre (déjà considérable) les textes publiés de son vivant. L’année dernière nous avait amené Le Retour du vieux dégueulasse, et Grasset sort à présent ce Carnet taché de vin, similairement estampillé du logo Buko façon bague de cigare, similairement réuni et préfacé par David Stephen Calonne, en passe de devenir le Matthew J. Bruccoli de la Dégueulasserie. Comme Bruccoli avec Hemingway et Fitzgerald, qui ne s’est arrêté de publier leurs fonds de tiroirs et listes de provisions qu’à sa mort en 2008, ce professeur émérite (spécialiste de William Saroyan et Henry Miller, deux influences de jeunesse pour Bukowski) a entrepris l’excavation des archives du Vieux, dispersées entre la Huntington Library à Pasadena, l’université de Californie à Santa Barbara, et les Special Collections de l’université d’Arizona. »

 

 

Un carnet taché de vin « J’avais tout de l’étron qui attire les mouches plutôt que de la fleur qui fait venir les papillons et les abeilles » Charles Bukowski

Confessions d’un vieux dégueulasse (1973)

 

« Je me suis forgé, livre après livre, la réputation d’un éternel soiffard, et elle est plutôt méritée. Je ne pense pas pour autant que mon travail puisse se résumer à cela. Il n’empêche qu’ils sont nombreux ceux que cette réputation émoustille. En général, ils me téléphonent sur le coup de 3 h 30 du matin :

 

« Bukowski ?

 

  • C’est du domaine du possible.

  • Charles Bukowski ?

  • Exactement.

  • Salut, mec. Je t’appelle juste pour qu’on cause un peu tous les deux.

  • T’es bourré mon, mon gars, je l’entends.

  • Ma valise aussi est bourrée. Et alors ?

  • Écoute, je ne sais pas qui tu es mais tu ne peux pas réveiller des gens à pareille heure, et encore moins des inconnus. Ça ne se fait pas.

  • Vraiment ?

  • Vraiment.

  • Pas même Bukowski ?

  • Surtout pas lui. »

Et, point final, je raccroche.

 

Ces gamins sont persuadés avoir trouvé en moi l’âme sœur, tout simplement parce que je ne déteste pas, comme eux, boire plus que de raison et que je n’ai pas caché dans mes textes mon faible pour les coups de fil après minuit. Mais quel besoin ont-ils de vouloir me copier ? À propos de téléphonages, je me souviens encore de la nuit où, déchiré grave et tricard chez toutes celles que j’avais aimées, j’ai appelé l’horloge parlante pour entendre, pendant de longues minutes, la voix d’une femme m’égrener le temps qui passe : « Au quatrième top, il sera exactement 3 heures 30… au quatrième top, il sera exactement 3 heures 30 et 15 secondes… » Hein, que vous la connaissez, sa voix ! Aussi la prochaine fois que l’envie vous vient de me bigophoner, appelez l’horloge parlente et, si vous en êtes encore capable, branlez-vous en l’entendant. »

 

Fragments d’un Carnet taché de Vin 

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