Moment rare que ces jours où tout va, la vie s’y écoule, non comme un long fleuve tranquille, mais tel un torrent apaisé qui allie force et vivacité ; tout y concourt, le ciel paré d’un vif et ardent soleil, l’attente qui se fait sereine, l’addition de petits riens tissant de la sérénité, l’arrivée d’un message tel un heureux présage, la voilà tout en bas, s’ensuit une belle plage de temps partagée, sa place privilégiée… Ce moment file, s’échappe, mais surtout ne pas vouloir le retenir, l’enfermer car « L’amour est pour moi le lien privilégié de l’infini et l’étroitesse m’a toujours étouffée : aimez le monde en moi, non pas moi dans le monde. »
De Marina Tsvetaieva une grande passionnée à qui le grand Rainer Maria Rilke écrivait :
« Tes amours incandescentes allaient aussi bien au mari, qu'aux amants, qu'aux amantes. Tu aimais la provocation et en pleine Russie révolutionnaire tu écrivais des poèmes à la gloire de l'armée Blanche (Camp des cygnes à la gloire de l'Armée blanche), en plein exil tu refusais de te mêler à la cohorte des Russes blancs de Paris ou de Prague. Libre, scandaleusement libre, tu riais à la face du monde. Mais le monde s'est vengé.
Misère et indifférence semaient en chemin ton quotidien. Tu écrivais en prose pour gagner les quelques pièces que la poésie ne rapporterait jamais. Les Drames se dressaient en talus de mort autour de toi : Mandelstam est mort, Alexandre Blok est mort, Pasternak qui t'avait suppliée de revenir est devenu l'un des poètes officiels de Staline, avant plus tard de devenir lui aussi un paria.
Tous se détournent de toi. Toi qui avais peur la nuit, peur de l'abandon et du désamour, te voici dans le lit glacé du néant si proche. »
ÉLÉGIE À MARINA TSVÉTAÏEVA poème de Rilke pour Marina.
Les amants ne devraient, Marina, ne doivent pas en savoir trop sur leur déclin. Ils doivent être neufs.
Leur tombe seule est vieille, leur tombe seule se souvient, s’obscurcissant sous l’arbre qui pleure, se souvient du « à jamais ».
Leur tombe seule se brise ;...
Nous sommes devenus pleins comme le disque de la lune.
Après ces moments forts le retour au quotidien est difficile surtout lorsque le ciel se met de la partie en virant au gris. La tête dans le sac, comme une envie de tout plaquer, de s’exiler avec elle. Un passage au 50 nous remet sur les rails de la réalité, chacun de notre côté. J’ai repris le collier avec un enthousiasme modéré mais une belle énergie.
Le climat politique plaçait l’aiguille du baromètre sur avis de grand vent, même que l’impatient de l’UMP, qui va défunter, tel un Albert Simon shooté aux sondages, clamait devant 2500 personnes « Je sens qu'une vague immense est en train de se former. Du Val-de-Marne va partir la grande victoire pour la reconstruction de la France »
« Ce sera une vague de Bretagne, pas une vague d'Hawaii ! »
« Officiellement, le patron de l'UMP se refuse à tout pronostic sur les résultats des départementales, mais il rêve d'une « vague immense ». Rue de Vaugirard, on s'attend à une victoire sans bavure, avec un PS historiquement bas et un FN en forte progression de voix, mais qui ne gagnerait qu'un à deux départements. « Le PS va se prendre la raclée de sa vie ! », pronostique un dirigeant du parti. Certains voient plus grand : « Le PS pourrait ne garder que onze départements », souffle un autre. A droite, certains mettent toutefois en garde contre une victoire « cosmétique », due d'abord à une forte abstention et à la division de la gauche, et non à un retour en grâce de l'UMP. « Ce sera une victoire par défaut. Quand on regardera le nombre de voix, on s'apercevra que la droite républicaine ne progresse pas, que la gauche va se maintenir et que le FN va triompher en gagnant plusieurs centaines d'élus », avertit un ancien ministre. « Ce sera une vague de Bretagne, pas une vague d'Hawaii ! », ironise un cadre. »
Si Valls est un crétin selon Michel Onfray, le penseur qui pense à la place de monsieur et de madame tout le monde, imbu qu’il est de son immense succès médiatique et commercial, lui-même oublie qu’il venait de se vautrer dans la fange en exhumant de son oubli profond Alain de Benoist, vieux kroumir de la nouvelle droite post-soixante-huitarde, qui s’était fait une belle réputation sulfureuse avec la fondation du GRECE (groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne), véritable laboratoire de refondation idéologique de l’extrême droite. Tout au long des années 70, ce groupe de propres sur eux aux idées sales, a exhumé et rénové de vielles antiennes de l’extrême droite pour accoucher d’un nouveau logiciel : « l’obsession de la quête identitaire, un racialisme établissant une hiérarchie des cultures et des peuples, et une forte imprégnation de paganisme. A l’époque, sur fond d’angoisse du déclin de l’Occident et de disparition de l’homme blanc, ce discours permettait de justifier, par exemple, l’existence de l’apartheid, c’est-à-dire le «développement séparé» des races en Afrique du Sud.»
Comme l’écrit Renaud Dély dans l’Obs. :
« Ces thèmes ont irrigué de jeunes esprits qui se sont notamment implanté au sein du club de l’Horloge, cercle de pensée qui s’efforçait d’établir au tournant des années 80 des passerelles entre droite et extrême droite. Fidèle à un combat métapolitique d’inspiration gramscienne, Alain de Benoist s’est bien gardé d’approcher de trop près les joutes partisanes en général, et le Front national en particulier. » Mais Alain de Benoist est resté le pape de cette «Nouvelle Droite», appellation générique attribuée à ce courant de pensée.
« Depuis, l’intéressé s’est appliqué à brouiller les cartes. L’anticapitalisme, la contestation de la démocratie libérale et du parlementarisme, la dénonciation d’élites jugées dévoyées, et le rejet de la prééminence des droits de l’homme et du métissage, constituent des constantes de sa pensée. Mais pour éviter de se retrouver confiné à l’extrême droite de l’échiquier intellectuel, Alain de Benoist s’est ingénié à nouer des liens avec des penseurs de l’autre bord sur fond de dénonciation des dégâts culturels de la mondialisation et de rejet de la société de consommation. »
« Après avoir tout détruit, le capitalisme, tel un scorpion, ne peut plus que se détruire lui-même. Saturation des marchés, explosion de la dette, baisse tendancielle des taux de profit, déclin européen, généralisation de la fausse conscience, activation d’un processus sub-chaotique de décivilisation, le monde semble être entré dans une phase implosive, voire terminale … Peut-on en sortir autrement que par la guerre. Oui, il n’est plus déraisonnable de penser que la guerre approche et que ce sera une nouvelle guerre mondiale, qui ne sera pas une guerre de civilisation entre l’Islam et l’Occident mais entre l’Est et l’Ouest. » écrit le de Benoît nouveau.
Et ce Benoist-là fait bander le vieux Onfray ! Ce de Benoist qui applaudit et loue Zemmour avec sa dénonciation d’une «idéologie dominante fondamentalement déconstructrice». Maître Alain de Benoist félicite également l’élève pour avoir «bien compris qu’aujourd’hui, ce n’est plus le vieux clivage droite-gauche qui structure les esprits. Le clivage fondamental, désormais, c’est celui qui oppose le peuple à des élites mondialisées qui n’ont jamais digéré la souveraineté populaire et ont fait allégeance à la mondialisation économique».
« Une chose me frappe lorsque je voyage en Europe […], je trouve que les Italiens sont formidablement italiens, les Allemands formidablement allemands, idem pour les Espagnols. Il y a en revanche une dépersonnalisation incroyable des Français ».
Et Alain de Benoist de fustiger les «spécialistes en cordons sanitaires et dénonciations édifiantes, les défenseurs du monothéisme du marché, les nouveaux curés des droits de l’homme qui dispensent leurs sermons moralisateurs, se veulent défenseurs du Bien […] et remplissent ainsi leur rôle de chiens de garde du système en place.»
Renaud Dély frappe juste dans ce magma des deux extrêmes qui se mêlent, se mélangent, deviennent miscibles :
« Michel Onfray a raison, Alain de Benoist a évolué : il n’a sans doute jamais été aussi proche du discours du Front national.
Dans le dernier numéro d'«Éléments», quatre pages à sa gloire invitaient «le philosophe normand» à faire son «coming out réac».
Intitulé «Cher Michel Onfray, encore un effort !», l’article énumérait une liste de «points communs et convergences» entre ses écrits et déclarations et «les positions et les options que l’on trouve dans les colonnes d’ « Éléments » et dans les livres d’Alain de Benoist.»
Il s’achevait par cette formule : « La balle est dans votre camp, Michel Onfray ».
Comme me le fit remarquer Ducourtioux « il y a du Déat dans ce gars-là ! »
Le même Ducourtioux, consciencieux, revenait à l’objet même de notre mission : Juppé, un Juppé furax contre cette face d’œuf de Bruno Le Maire :
Les faits
« Au mois d'octobre dernier, alors que la campagne pour la présidence de l'UMP vient de commencer, Bruno Le Maire, visiblement très satisfait, raconte à ses troupes qu'il a reçu un coup de fil d'Alain Juppé. Selon lui, le maire de Bordeaux lui aurait proposé de soutenir officiellement et publiquement sa candidature en échange de son engagement à ne pas se présenter à la primaire de 2016 pour départager les candidats à l'investiture pour l'élection présidentielle. »
Réaction ulcérée de Juppé :
« Ce garçon [sic] est incroyable ! C'est exactement le contraire qui s'est passé. C'est Le Maire qui m'a téléphoné pour me demander de me prononcer publiquement en sa faveur.
Je lui ai alors répondu : « Dans ce cas, Bruno, j'imagine que tu ne te présenteras pas en 2016 et que tu soutiendras ma candidature… ? » On en est restés là. »
Et Juppé d'ajouter, furieux : « Ce garçon est un opportuniste. »
Très juste Alain !