Dans mes souvenirs d’élève en blouse grise, doigts tachés d’encre violette, croix d’honneur au revers – c’était tout de même mieux qu’un abonnement pour les gradins de l’OM – le Puy de Dôme 1.465 m. n’était pas la vedette du Massif Central, en effet le big Puy c’était le Puy de Sancy 1886 m. le plus haut sommet de l’intérieur de la France. Au temps de la Fac de Droit nous charrions ceux d’entre-nous qui, ayant réussi le concours d’Inspecteur des Impôts – en ce temps-là l’Administration payait les études pour attirer les candidats – car ils allaient devoir rejoindre Clermont-Ferrand où le déplumé de Chamalières, le futur séducteur de Lady Di, avait relocalisé, lorsqu’il régnait sur les Finances rue de Rivoli, l’École Nationale des Impôts. C’était aussi les pneus Michelin de ma 1ière Deudeuche fille naturelle du très secret François Michelin. Plus tard encore, et j’implore l’absolution de Guy Salmona, au temps des ors de la République, ce patronyme départemental était synonyme du gros Charasse, maire de Puy Guillaume, ses bretelles, ses cigares, qu’aimait tant la chasse avec son copain Guy Ligier. Que voulez-vous, avec Chambord, Auberive, Rambouillet, petit et gros gibier, le Ministère de l’Agriculture et l’ONF avaient des charmes cachés pour les fines gâchettes.
Mais jamais au grand jamais je n’associais au Puy de Dôme une vision de vignes. Je connaissais bien sûr le St Pourçain dans l’Allier et le Marcillac dans l’Aveyron. Oubli impardonnable réparé le jour où une charmante stagiaire de la cave de St Verny – la seule cave coopérative créée à l’initiative du puissant groupe semencier Limagrain – sollicita mes « lumières » pour son mémoire de fin de stage. Depuis tout s’est accéléré : le site www.winetourismfrance.com en octobre propose sur son site un circuit de découverte en 4 étapes d’Aubières à Boudes du vignoble des Côtes d’Auvergne. J’y découvre qu’avant le phylloxéra et le mildiou c’était un riche vignoble de 45 000 ha, alors qu’aujourd’hui il n’en compte plus que 1500. Dès le départ, à Aubières qui jouxte Clermont-Ferrand, le musée de la vigne et du vin de Basse Auvergne vous instruira sur un vignoble du XIe siècle et où vous pourrez visiter le Quartier des Grandes de Caves, que des caves à vins : plus de 900, les plus anciennes datant du XVIIe siècle. Du côté de Montpeyroux, l’un des plus beaux villages de France, Philippe Gallon se dit « passeur de terroir ». Pour plus de détails un petit clic.
Reste le dernier épisode lié à mon passage dans les bas de Belleville du côté des jeunes pousses d’Ochato www.ochato.com où je découvre sur leurs étagères : L’arbre Blanc de Frédéric Gounan. C’est Olivier ou Sylvain, ma mémoire défaille, qui me parle de cet anticonformiste pur jus. L’homme fut le promoteur du projet de moto 100% française, la Voxan, dont il a conçu le châssis mais c’est un artisan lorsque l’affaire prend une taille industrielle il plaque la moto pour relever un autre défi celui de faire du vin à Saint Sandoux, son village natal. Beau défi que de partir d’un vin de village pour se colleter avec l’élaboration d’un vin que je qualifierais de vin d’espace de liberté. En effet, Frédéric Gounan tourne d’emblée le dos à l’AOC Côtes d’Auvergne car celle-ci impose une culture mono cépage sur base de Gamay. Lui qui s’est formé aux métiers du vin en Bourgogne, le pays du pinot noir est revenu convaincu que « le pinot saura étonner en terre auvergnate. » comme l’écrivent sur leur blog les enthousiastes d’Ochato. Il a donc planté du pinot noir pour faire un vin de pays du Puy du Dôme sans Gamay. Original mon cher Watson ! Pour ma part, qui suis comme chacun sait un homme sage et conformiste, j’ai acquis une bouteille de la cuvée L’Arbre Blanc 2005 Vieilles Vignes, donc élaboré à base de Gamay pour la faire goûter à mon ami Pierre, un homme du Cantal qui aime le vin, sans lui dire le prix, les clichés ont la vie dure car un auvergnat reste un auvergnat...