Dans une chronique en défense de notre Bojolo National (lors de la création du Comité de Défense du Beaujolais dont il est l'initiateur avec Bernard Pivot) notre inimitable et incomparable Périco Légasse écrivait de sa belle plume chantournée : «Au contraire, les vins du Beaujolais répondent, eux, de façon complémentaire et spontanée, à cet esprit plus démocratique mais non moins excellent, du vin gouleyant, expression bannie du vocabulaire «néobachic». Tout cela révèle le mépris dont fait preuve l’establishment bacchusien à l’endroit de vins jugés trop modestes ou trop médiocres pour son royal palais.»
Ainsi, après consultation des documents que je propose ci-dessous à votre lecture nous pourrions peut-être voir fleurir des commentaires du type « ce vin qui a du corps est bien en chair, je dirais même plus qu'il a du corsage, de la race, du feu et qu'il n'est point flasque. Belle robe qui laisse entrevoir du ferme, du rond et du soyeux...» ou « c'est un gringalet étriqué, mal bâti, dégigandé, un rustre anémique mal habillé, pointu et qui a le chapeau sur l'oreille...»
Cependant, pour moderniser ce vocabulaire très près du corps, avec des références vestimentaires, il me semble qu'il faille ajouter du Français tel qu'il se cause aujourd'hui. Par exemple qu'un vin est très bimbo, super bodybuildé, un peu baby-pouffe, absolument bling-bling, vachement caillera, assez teuffeur, plus que jah-jah, pas du tout modasse, gentiment fashionita, un poil pouffe en mules, sublimement Marie-Chantal, salement gouine à mèches, avec aussi toutes les déclinaisons du bobo et dire d'un vin qu'il a de beaux airbags, qu'il a du soutif, qu'il est à donf, à la rue, allumé, à l'ouest ou qu'il a bu l'eau des nouilles (sans intérêt), qu'il a la haine ou la banane ou plus vulgaire : la tête dans le cul ou qu'il a les bonbons qui collent aux papiers. Lui trouver des goûts de Chamalow ou des arômes très chichi-gratin (snob, précieux) ou qu'il est bien dans ses chouzes ou qu'il est très craquant ou qu'il déchire ou qu'il est destroy. En bouche qu'il est donneux (généreux) ou qu'il est raccord ou explosé ou galère ou lourd de chez lourd ou nullache ou border line. Dire : c'est un vin de ouf, de teuf, qui percute grave. J'arrête sinon je vais me faire souffler dans les bronches par les Grands Amateurs.