Pour une fois dans les bars de Marseille, le champagne a détroné le pastis pour fêter le sacre tant attendu de l'OM ! Je vais Droit au But : cette chronique est typique de l'esprit berthomesque : elle va, elle vient et elle revient pour chuter sur l'essentiel : le millésime 93. Bonne dégustation !
La Bonne Mère veut entrer par le balcon.
Comme un miroir, le tableau reflète le Vieux-Port, quel est le vrai ?
La mer est fraîche, la mer est fresque,
Je m’y baignerais si elle n’était pas si haut perchée.
La belle bleue, label blues,
Charlie Parker se cache dans les bulles de champagne,
La statue me regarde, sur la proue de ma caravelle,
Je traverse embrumé l’océan éthylique. »
Au hasard, sur un présentoir de cartes postales, ce joli texte de PHIL.G. sur le cul de l’une d’elle à propos d’un bar de Marseille : la Caravelle avec un dessin de Malika Moine ICI
Pour les Flots Bleus le texte est engagé :
« Le footballeur sur son mur est fâché.
Tous les matins face à la baie,
Il aimait bien, même par procuration, prendre un café.
Les Flots bleus sont tombés, fauchés par la pelleteuse,
comme lui, le dribbleur par un arrière dépassé.
Le footballeur est fâché, carton rouge
aux massacreurs de tibias et de troquets.
« Marseille, tais toi Marseille, Crie pas si fort, Je n'entends pas claquer, Les voiles dans le port… » chantait Colette Renard à l’aube des années 60 ; la pauvre, c’est elle qui s’est tue ringardisée par l’irruption des yéyés.
Rassurez-vous je ne vais pas vous faire un speech sur la seconde ville de France, en effet elle ne m’inspire guère car mes souvenirs s’y arrêtent à Gaston Deferre.
Bien sûr, je pourrais tout de même consacrer un petit couplet au cube de savon de Marseille dont les lavandières de ma jeunesse faisaient un large usage pour blanchir le linge.
Mais que voulez-vous, alors que la poudre à laver le linge est inventée par le Marseillais Ronchetti, personne n’y croît à Marseille, sauf l’anglais Lever qui pratique l’intégration verticale : plantations d’oléagineux, compagnies de navigation, usines, d’ailleurs en 1913 il rachète des savonneries marseillaises. Procter&Gamble débarquera à Marseille et rachètera Fournier-Ferrier, le savon « Le Chat » entamera une nouvelle vie jusqu’à devenir une marque phare de Henkel.
Les multinationales se substituent aux grandes dynasties traditionnelles « elles comptaient plus sur la spéculation et le négoce que sur l’esprit d’industrie et d’entreprise. » Et puis ce sera l’heure des délocalisations, en France d’abord : Nantes, Reims… le savon de Marseille, comme le jambon de Bayonne, peut se faire partout, ce n’est qu’un procédé de fabrication à 72% d’acide gras mal défini. Reste à Marseille, avec le retour à la nature et la défense de l’environnement, le savon « écologique »
Reste la divine surprise pour Marseille, qui tourne toujours avec jubilation son cul à Paris, après pas tout à fait 20 ans de disette, d'un titre de champion de France de son O M. chéri acquis dans la dernière ligne droite avec pour seule menace l'increvable AJ Auxerre, qui n'est plus de Guy Roux mais semble toujours renaître de son terroir, et l'essoufflement des grosses cylindrées confrontées à la Champion's League : l'OL et les Girondins. Après Laurent Blanc c’est au tour de Deschamps dit Dédé, d’inscrire son nom au palmarès. Pour les tricolores ils devront se contenter de Raymond « la semelle » mais la question du jour n’est pas là.
Alors où est-elle me direz-vous ?
Dans le millésime 1993 qui s’annonçait exceptionnel : première Coupe des Clubs champions, un nouveau titre de champion de France en ligne de mire, et puis patatras tout se termine en un quasi-vaudeville à la française dans le jardin des beaux-parents de Jean-Jacques Eydelie. « Laisser filer » le match en échange de queues de cerises, tout juste de quoi payer un cadeau d’anniversaire pour Ribéry.
Tout ça c’est de l’histoire ancienne mais qui se souvient de ce pauvre Jacques Glassmann, celui qui a osé cracher le morceau ?
Rien qu’un sans-grade de l’US Valenciennes-Anzin ostracisé ensuite par le milieu.
Je ne vais pas ternir la fête sur la Canebière mais, lorsque je lis la pauvre prose de plumitifs sportifs « Dix-huit ans qu'ils attendaient ça. Dix-sept diront les supporters les plus endurcis, qui n'ont toujours pas digéré le titre retiré au club en 1993 suite à l'affaire VA-OM. », je ne peux m’empêcher de penser que lorsque les bornes sont dépassées y’a plus de limites à la connerie. Reste à avoir une pensée pour RLD, si souvent vilipendé par les fameux « supporters les plus endurcis », sans qui l’OM aurait sans doute continué à végéter dans l’anonymat. Avant de me faire étriper par eux je lève mon verre au Dédé qui n’est pas du genre à monter sur le tonneau pour faire la calamantran. Comme quoi pour faire gagner Marseille il faut soit être belge ou bayonnais...