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26 août 2011 5 26 /08 /août /2011 00:09

Ne jamais plier le genou, ne jamais baisser la tête ni courber l’échine... entre génuflexion et résignation des paysans de mon pays « crotté » (1) j’ai forgé ma fierté, j’ai bâti ma colonne vertébrale, j’ai fondé mes engagements. Je sais d’où je viens, et je n’en tire aucun droit ou excuses à mes contradictions, mais je sais surtout où je n’irai jamais. Cette photo, ce texte sont pour moi une marque indélébile de ce bonjour « notre maître » que j’entendais dans la bouche de gamins de mon âge lorsque j’accompagnais mon père pendant les batteries.

photoMaître

(1) « Tu parles des bocains, c’est quand ils quittent l’école qu’ils sont le plus amusants et le plus sympathiques l’hiver car les chemins si boueux du bocage exigent qu’ils soient guêtrés comme les hommes et cela en fait de vrais chats bottés nom sous lequel on les désigne. Et à ce sujet je vais te parler d’une chose que j’ai vue : quand les paysans vont avec leurs charrettes à bœufs cherché des fagots ils ont coutume d’y aller avec plusieurs charrettes de sorte que ça fait un défilé de charrettes pleines de fagots. Et bien pour un de ces défilés-là que j’ai vu, la première charrette était conduite par un homme et la suivante avait comme conduction un de ces chats botté en question et il était si petit que pour sûr qu’il n’en existait pas de plus de petit guêtré comme leur père et stupéfaction, le conducteur de la charrette suivante était un enfant encore plus jeune et plus petit et qui était vraisemblablement le frère de l’autre par conséquent d’au moins 10 ou 12 mois de moins et guêtré pareillement lui aussi, preuve qu’il avait quitté l’école. D’en voir un seul c’est déjà amusant mais une paire c’est bien autre chose. »

 

Lettre de Gaston Chaissac à Jean Dubuffet août 1947 in Hippobosque au bocage Gallimard

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commentaires

G
<br /> <br /> j ai immédiatement rapproché ce texte de celui ci après<br /> <br /> <br /> agréable à lire , les rimes balancent bien , plus encore à ouïr car son ton est inimitable<br /> <br /> <br /> http://dimey.online.fr/texte.php?id=16<br /> <br /> <br /> pour mémoire Bernard DIMEY est l auteur de Syracuse , fut l ami de H Salvador ,Ch Aznavour José Artur et tant d autres au bout du zinc à plus d'heure.......<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> C’est Brel qui chantait « Oui notre bon maître, oui notre Monsieur » en se demandant pourquoi VOUS aviez tué Jaurès.<br /> <br /> <br /> <br />
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H
<br /> <br /> Quand Jacques parle des gamins de son âge, il situe la chose fin des années 1950, début 60.<br /> <br /> <br /> Il y a moins de 10 ans, dans la commune de Martinet (85) j'ai entendu un fermier parler de "not'maître" à propos du propriétaire de sa ferme...En fait rien n'a vraiment changé sous notre beau<br /> ciel vendéen. Les coulisses du Puy du fou fonctionnent en grande partie grâce à "not'maître". Tous les bénévoles plient le genou et courbent l'échine, il y en a quelques uns qui redressent un peu<br /> la tête, mais c'est pour mieux faire plier les autres.  "not'maître" a toujours eu besoin de régisseurs, délateurs et hommes de main.  Je suis à moins de 50 kms du Puy du fou mais je<br /> n'y mettrai jamais les pieds. Sectaire?<br /> <br /> <br /> Ah! Chaissac, cordonnier sans travail d'une paroisse bocaine comme il se définissait. Il a vécu à Boulogne petite commune de Vendée, lieu de résidence de la famille De Villiers, où Camille<br /> Chaissac, sa femme, était institutrice LAÏQUE. Chaissac a subi quolibets et humiliations. Il était à Boulogne lorsqu'il a écrit la citation de Jacques. Il a aussi écrit "Le maire d'ici, M.J.de V, me semble très toqué des écoles libresmais peut-être espère-t-il leur redonner leur authenticité d'antan. En Vendée on a un faible très marqué pour ce<br /> qui est inauthentique et le Vendéen n'est pas un novateur mais toujours un suiveur". Il y aurait beaucoup à débattre autour de ça, mais, moi qui suis un vendéen pur mogettes depuis plus de<br /> 8 générations sur mes deux branches, je ne suis pas loin de partager cette phrase de Chaissac et pourtant je suis allé à l'école communale.<br /> <br /> <br /> Merci Jacques pour ce petit hommage à Chaissac.<br /> <br /> <br /> HPT<br /> <br /> <br /> <br />
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