Marguerite Duras aimait faire la cuisine et l’affirmait volontiers avec un plaisir non-dissimulé… C’est ce qu’affirme Michèle Kastner l’auteur de la Cuisine de Marguerite… Une cuisine populaire « Je n’ai pas du tout la prétention de faire une cuisine extrêmement raffinée… Je fais une très bonne cuisine mais c’est tout… » et conviviale… « Je ne suis pas très expansive, mais les gens ne se trompent pas là-dessus parce que je leur donne à manger… Je ne dis pas que je les aime, je ne les embrasse pas, je ne suis pas quelqu’un de tendre, alors je fais à manger pour les autres… »
« Vous voulez savoir pourquoi je fais la cuisine ? Parce que j’aime beaucoup ça… C’est l’endroit le plus antinomique de celui de l’écrit et pourtant on est dans la même solitude, quand on fait la cuisine, la même inventivité… On est auteur. »
« À Neauphle, souvent je faisais la cuisine au début de l’après-midi. Ça se produisait quand les gens n’étaient pas là […] C’était à ces moments-là de ma vie que je voyais clairement que je les aimais et que je voulais leur bien. La sorte de silence qui suivait leur départ je l’ai en mémoire. Rentrer dans ce silence c’était comme rentrer dans la mer. C’était à la fois un bonheur et un état très précis d’abandon à une pensée en devenir, c’était une façon de penser et de non penser peut-être – ce n’est pas loin – et déjà, d’écrire… »
La soupe aux poireaux
« Dans les maisons son odeur se répand très vite, très fort, vulgaire comme le manger pauvre, le travail des femmes, le coucher des bêtes, le vomi des nouveau-nés. On peut ne vouloir rien faire et puis, faire ça, oui, cette soupe-là : entre ces deux vouloirs, une marge très étroite, toujours la même : suicide. »
La liste de Marguerite
« À Neauphle-Le-Château, dans ma maison de campagne, j’avais fait une liste de produits qu’il fallait toujours avoir à la maison. Il y en avait à peu près vingt-cinq. On a gardé cette liste, elle est toujours là, parce que c’était moi qui l’avais écrite. Elle est toujours exhaustive. La liste est toujours là, sur le mur. On n’a ajouté aucun autre produit que ceux qui sont là. Aucun des cinq à six cents nouveaux produits qui ont été créés depuis l’établissement de cette liste en vingt ans, n’a été adopté. »
Le manque de Marguerite
« Je ne supporte pas du tout, qu’il n’y ait rien à manger à la maison… Si vous voulez, c’est un petit peu… étrange ça, chez moi… Il manque par exemple des œufs ou bien il manque du beurre ou il manque des fruits, ça me torture. Il me semble que c’est toute la maison, qui est atteinte, qui penche, qui penche comme les fleuves de mon enfance pour aller vers l’océan… qui va à vau-l’eau, parce qu’il manque une chose vitale… »
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