Jean-Louis Trintignant, petit fils et fils de vignerons, l’est aussi à Rouge Garance, il se confie …
Dès que l’on évoque devant moi Jean-Louis Trintignant c’est toujours l’image du petit juge d’instruction intègre de Z de Costa-Gavras qui me vient à l’esprit. 1969, juste après 68 – les chars soviétiques à Prague – la Grèce vit alors sous la botte de la dictature des colonels instaurée le 21 avril 1967. Le film est adapté d'un roman de Vassilis Vassilikos fondé sur un fait réel : l'assassinat du député grec Grigoris Lambrakis en 1963 à Thessalonique, assassinat organisé par des éléments de la police et de la gendarmerie et camouflé au départ en accident.
Jean-Louis Trintignant depuis une dizaine d’années « s’est fait discret, tout en travaillant d’arrache-pied. Au milieu de ses vignes ou au théâtre » Il revient au cinéma, « une dernière fois » dit-il dans AMOUR de Mikael Haneke, Palme d’or à Cannes. À la question « Pourquoi n’aviez-vous pas tourné depuis dix ans ? » il répond simplement « Je n’ai plus envie de faire de cinéma »
Je vous propose de lire sa réponse de « petit fils et fils de vignerons » et de vigneron à Rouge Garance, avec Claudie & Bertrand Cortellini. Le domaine est situé sur les deux communes de Castillon et St-Hilaire d'Ozilhan (Gard), sur la rive droite du Rhône, à Jacques Morice de Télérama (N°3275 du 20 au 26 octobre).
Question : « Vous habitez depuis plus de trente ans près d’Uzés. Provincial, c’est vital ? »
« Dans la famille, personne avant moi n’était monté jusqu’à Paris. C’était loin Paris ! J’y ai vécu vingt-cinq ans. Et puis je suis revenu dans ma campagne, où j’ai grandi et où je me sens beaucoup mieux. Petit-fils et fils de vigneron, je produis, moi aussi, du vin. Je m’y suis mis tard mais je suis content. Je bois toujours du vin. Je suis même un peu « alcoolo » ! Le vin ça m’a aidé à vaincre ma timidité, ça m’a désinhibé dans ma jeunesse. L’ivresse est souvent meilleure que la lucidité. En tout cas je me sentais davantage moi-même quand j’étais ivre… J’ai connu, aussi, les stupéfiants, pendant une dizaine d’années. Lorsque j’ai découvert cela, ce fut comme une religion. Je fumais du haschich et j’ai été jusqu’aux drogues dures, qui m’ont fait du bien, puis beaucoup de mal, à la fin. Mais je ne regrette pas toutes ces expériences.
Question : « Epicurien ou stoïcien ? »
« Ce n’est pas si éloigné, figurez-vous. On a une fausse image d’Épicure, qui était un philosophe à la fois austère et raffiné. Dans le langage courant « épicurien » est associé aux plaisirs de la table, à la bonne chère à profusion. Épicure n’a rien à voir avec Gargantua, il mangeait très peu, savourait, surtout. J’ai ‘air de faire mon cultivé, là, alors que je ne le suis pas. Mais sur ce sujet, j’ai lu des choses. Alors, pour répondre à votre question, je suis plutôt un jouisseur dans la vie. De là la citation de Prévert que j’ai sortie à Cannes. « Et si on essayait d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple ? » Franchement, on a tous nos petits problèmes. Évitons de sombrer dans un esprit de catastrophisme. »