Je ne sais rien, ou presque, de ce que fut la vie de Francis Ponge alors, plutôt que de vous dévider une resucée de Wikipédia je préfère vous proposer ce lien. link Poète singulier élevé au sein d’une famille protestante aisée Ponge posera les fondements de sa ligne poétique dans le « Le Parti pris des choses », paru en 1942, où, à la différence de Saint-John Perse et René Char il « dissèque les objets, en abolissant la frontière entre le mot et la chose qu'il désigne. Il se fait le poète du quotidien, matérialiste, sensualiste... » Alors ce matin je vous propose deux textes : un très court le cageot, car en argot c’est un boudin, et que chez moi il arrivait parfois que l’on plaça, blotties dans de la paille humide, les bouteilles de vin dans des vieux cageots pour les porter au bout du champ où se faisait la moisson.
Le cageot
A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie.
Agencé de façon qu'au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu'il enferme.
A tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de l'éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d'être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques - sur le sort duquel il convient toutefois de ne s'appesantir longuement.
(F. Ponge, Le Parti pris des choses, 1942)
Le Vin
(extrait de La Correspondance du vin essais éditions Guitardes 1981 cadeau d’anniversaire)