Éric Zemmour boit-il du vin, du bon vin de France ? Voilà une importante question à laquelle je ne saurais répondre mais comme c’est un « bon pioupiou », un gars bien de chez nous, un mec qui aime la France y devrait. Toute personne du PAF ou d’ailleurs en mesure de nous procurer des éléments de réponse sera la bienvenue sur ses lignes.
En notant d'emblée qu’il a un air chafouin (celui, celle qui est maigre, de petite taille, avec une mine basse et sournoise) je risque de me voir accusé de délit de sale gueule. Je le prends car c’est ainsi que je le vois sur l’écran d’ I>Télé lorsqu’il se chamaille dans Ça se dispute avec son compère de Marianne (le magazine aux Une racoleuses) Nicolas Domenach tout de noir vêtu clône de Jean-François Kahn en moins volubile. Au dire de Philippe Caubère, Zemmour fait la pute dans une émission de France 2 On n’est pas couché, ou avec son compère Éric Naulleau, qui lui à une tronche de mal équarri d’une gauche mal définie. Ayant visionné sur le Net la vidéo j’ai pu le voir hocher la tête, en un signe d’approbation à sa qualification de pute. Donc nul problème d'utilisation.
Le dit Zemmour, exploitant le fait qu’il n’est pas plus con que la moyenne de ses confrères, cultive son petit fond de commerce avec la pugnacité et la constance de mes 2 épiciers tunisiens du boulevard Saint Jacques ouvert jusqu’à 2 heures du matin. Il besogne, normal pour une pute ! Il se situe dans la tradition de la Droite Nationale de l’entre deux-guerres, le talent en moins. Il défend ces français qui sifflaient Karembeu, trop kanak à leur goût et qui avait le culot d’être l’homme de la blonde Adriana. Il sait tout, il a des opinions sur tout, et pour lui tout est de la faute de l’intégration européenne. Tel Candeloro il dévide ses figures imposées et, parfois, lorsque sa dialectique se heurte à la réalité il se risque à un double axel ou une triple boucle piquée.
Je ne fais pas partie de ceux qu’il irrite car je trouve qu’il a une fonction salutaire, j’ose même écrire sanitaire : il a un côté Destop bien utile. Bref, en dépit de ses frêles épaules, il porte le poids des non-dits d’une frange de la classe politique, et de sa bouche aux lèvres fines il délivre un message qui plaît à une partie de la France. Je l’écoute de temps en temps en me régalant de ses mimiques et de sa gestuelle car j’adore ce genre de type qui de sa chaire, sans avoir jamais rien fait d’autre de ses dix doigts – c’est démago j’en conviens, mais j’attaque là le polémiste pas le journaliste qu’il fut – se fait le héraut du petit peuple en endossant un discours un peu trop ample pour lui.
Quand j’ai ma dose de Zemmour je zappe. Nul n’est tenu de consommer mais il est toujours bon d’écouter les petits commis de la maison d’en face. Jamais je ne m’associerais à ceux qui réclameraient sa tête mais je n’irai pas non plus l’applaudir lorsqu’il fait la pute à l’Assemblée Nationale.
Mon goût pour la glose politique sous sa forme polémique vient de mon élevage paternel. La Droite Nationale je connais : mon père fut un temps Croix de Feu du colonel de la Rocque et en culottes courtes j’ai lu la littérature de la Droite qui ne portait pas la Gueuse dans son cœur, celle qui exploitait dans ma Vendée profonde la peur des Rouges. La Peur, la peur de l’autre, de l’étranger, c’est un grand classique de la Droite Nationale. Pour autant, les bonnes âmes d’en face, qui provoquent l’ire de Zemmour, baignent souvent dans l’angélisme et le ce n’est pas de leur faute, tout aussi stupide. Pour avoir dirigé une unité de 600 personnes sur le Port Autonome de Gennevilliers je me suis frotté de très près à ceux que prétend défendre le chevalier Zemmour, ils voisinaient dans l’usine 25 nationalités et la cité de Transit d’à côté nous causait bien du souci. Bref, il est sûr que la question de la sécurité ne se réglera pas à coup d’incantations car les grandes fractures de la mondialisation ont laissé, et laisseront encore, des blessures sur le corps social le plus exposé. Nos élites, économiques et politiques, ont failli dans leur discours et leur comportement, mais il n’empêche que tant que les citoyens-électeurs carbureront aux promesses nous ne sortirons pas de l’ornière où nous sommes.
Bref, je me dois pour finir vous expliquer mon titre : mon cher père qui se shootait à la politique, nous imposait, dans le plus grand silence, les « Attendez-vous à savoir » de Geneviève Tabouis (qui fut accusée d’être un agent soviétique) le dimanche sur Radio Luxembourg et, le soir avant les informations de 20h, les chroniques journalières En direct avec vous du Pisse-vinaigre Jean Nocher sur la RTF. Je les trouvais péremptoires, surtout la Tabouis, et chiant, surtout le second très père la pudeur (il faisait une fixation sur B.B, à l’époque elle scandalisait les petits bourgeois, la roue tourne...). Ils étaient seuls au micro alors que maintenant on nous offre soit des duettistes : Zemmour-Nauleau, Zemmour-Domenach, Julliard-Ferry (j’adore la permanente teintée de Jacques Julliard face à la belle crinière de Luc Ferry) ou des quarterons assez people dont deux vieux bretteurs inusables : Philippe Tesson et Claude Cabannes.
C’est plus ludique, chacun y fait son petit numéro, ça tient plus du bal des egos et ils se battent souvent pour de faux. De mon temps c’était plus violent et c’est en cela que le Zemmour restaure une langue de Droite drue qui oscille entre celle du Che (le belfortain revenu du ciel) et celle de gens qu’on dit braves même s’ils n’aiment pas les arabes ou les « pédés » ou les curés de gauche... Il est représentatif d’une certaine France, il s’inscrit, sans avoir le talent d’un Léon Daudet ou d’un Maurice Barrès, dans une tradition réactionnaire à la fois antilibérale en matière économique, conservatrice au plan de l’ordre social, exécrant les progressistes représentés pour lui par les droits-de-l’hommiste Kouchner, BHL, fruits pourris post-soixante-huitard. Il se situe à la hauteur de notre époque, c’est-à-dire pas très haut, mais je lui reconnais une forme de courage et de constance même si je ne suis pas certain que face à un teigneux du type Marchais sa puissance de tir eut été suffisante car il aurait trouvé plus roublard que lui...
Je vous offre une chronique de Jean Nocher du 12 mai 1960