Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 septembre 2009 6 19 /09 /septembre /2009 00:09

Et oui, même lui chers amis, le La Fontaine de notre enfance où nous ânonnions après les avoir appris par cœur ses célèbres fables : le Corbeau et le Renard, le Lièvre et la Tortue, le Loup et l’Agneau, le Chêne et le Roseau, le Laboureur et ses enfants… Oui le La Fontaine des morales devenues proverbiales : « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute », « La raison du plus fort est toujours la meilleure. », « Tel est pris qui croyait prendre »… est aussi celui qui a écrit le délicieux « Anneau d’Anne Carvel » devenu si célèbre « que l’expression en est restée attachée à l’objet féminin en cause… »


« Dans les éditions données par La Fontaine, et même celle de Hollande 1685, Conte tiré de R. Cette lettre désigne Rabelais, où notre auteur a puisé. Mais ce conte est beaucoup plus ancien que Rabelais […] »

Pantagruel, liv.II, ch.XXVIII, t.1, P.459, edit. In 4°, Amsterdam, 1741.

« Dans les éditions données par La Fontaine, et même celle de Hollande 1685, Conte tiré de R. Cette lettre désigne Rabelais, où notre auteur a puisé. Mais ce conte est beaucoup plus ancien que Rabelais […] »

Pantagruel, liv.II, ch.XXVIII, t.1, P.459, edit. In 4°, Amsterdam, 1741.


J.H. Fragonard, L’Anneau d’Hans Carvel, musée du Petit Palais Paris

Hans Carvel prit sur ses vieux ans

Femme jeune en toute manière :

Il prit aussi soucis cuisants ;

Car l’un sans l’autre ne va guère.

Babeau (c’est la jeune femelle),

Fille du bailli Concordat.

Fut du bon poil, ardente et belle

Et propre à l’amoureux combat.

Carvel, craignant de se nature

Le cocuage et les railleurs,

Alléguait à la créature

Et la Légende et l’Ecriture,

Et tous les livres les meilleurs ;

Blâmait les visites secrètes,

Frondait l’attirail des coquettes,

Et contre un monde de recettes

Et de moyens de plaire aux yeux

Invectivait tout de son mieux.

A tous ces discours la galande

Ne s’arrêtait aucunement,

Et de sermons n’était friande,

A moins qu’ils fussent d’un amant.

Cela faisait que le bon sire

Ne savait tantôt plus qu’y dire,

Eût voulu souvent être mort.

Il eut pourtant dans son martyre

Quelques moments de réconfort :

L’histoire en est très véritable.

Une nuit qu’ayant tenu table,

Et bu force de vin nouveau,

Carvel ronflait près de Babeau,

Il fut avis que le diable

Lui mettait au doigt un anneau ;

Qu’il lui disoit : « Je sais la peine

Qui te tourmente et qui te gêne,

Carvel, j’ai pitié de ton cas :

Tiens cette bague et ne la lâches ;

Car, tandis qu’au doigt tu l’auras,

Ce que tu crains point ne seras,

Point ne seras sans que le saches.

-        Trop ne puis vous remercier,

Dit Carvel ; la faveur est grande :

Monsieur Satan, Dieu vous le rende !

Grand merci, Monsieur l’aumônier ! »

Là-dessus achevant son somme,

Et les yeux encore aggravés,

Il se trouva que le bon homme

Avait le doigt où vous savez.

 

Hans Carvel prit sur ses vieux ans

Femme jeune en toute manière :

Il prit aussi soucis cuisants ;

Car l’un sans l’autre ne va guère.

Babeau (c’est la jeune femelle),

Fille du bailli Concordat.

Fut du bon poil, ardente et belle

Et propre à l’amoureux combat.

Carvel, craignant de se nature

Le cocuage et les railleurs,

Alléguait à la créature

Et la Légende et l’Ecriture,

Et tous les livres les meilleurs ;

Blâmait les visites secrètes,

Frondait l’attirail des coquettes,

Et contre un monde de recettes

Et de moyens de plaire aux yeux

Invectivait tout de son mieux.

A tous ces discours la galande

Ne s’arrêtait aucunement,

Et de sermons n’était friande,

A moins qu’ils fussent d’un amant.

Cela faisait que le bon sire

Ne savait tantôt plus qu’y dire,

Eût voulu souvent être mort.

Il eut pourtant dans son martyre

Quelques moments de réconfort :

L’histoire en est très véritable.

Une nuit qu’ayant tenu table,

Et bu force de vin nouveau,

Carvel ronflait près de Babeau,

Il fut avis que le diable

Lui mettait au doigt un anneau ;

Qu’il lui disoit : « Je sais la peine

Qui te tourmente et qui te gêne,

Carvel, j’ai pitié de ton cas :

Tiens cette bague et ne la lâches ;

Car, tandis qu’au doigt tu l’auras,

Ce que tu crains point ne seras,

Point ne seras sans que le saches.

-         Trop ne puis vous remercier,

Dit Carvel ; la faveur est grande :

Monsieur Satan, Dieu vous le rende !

Grand merci, Monsieur l’aumônier ! »

Là-dessus achevant son somme,

Et les yeux encore aggravés,

Il se trouva que le bon homme

Avait le doigt où vous savez.

Partager cet article
Repost0

commentaires

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Articles Récents