Nommer, désigner son adversaire, dans un « combat », fut-il pacifique, est l’acte fondateur sur lequel doit s'ancrer toute stratégie visant à faire triompher sa cause. Les prohibitionnistes « masqués » ou « déclarés » sont nos adversaires. Ce n’est ni une découverte, ni un fait nouveau, mais une constante du paysage de la Santé Publique dans notre pays depuis des décennies. Ensuite, il est nécessaire d’identifier et d’évaluer les moyens mis en œuvre par l’adversaire : en l’occurrence ici l’arme de la communication pour conditionner l’opinion publique en ciblant le vin qui reste un produit emblématique. Enfin, comme l’art militaire requiert sang-froid, unité de commandement et détermination dans l’exécution, le combat doit être mené par nous en laissant de côté les chefferies et les régionalismes. J’ajoute, et ça devrait aller de soit, que pour mener ce combat il est absolument nécessaire de dégager des moyens à la hauteur des enjeux.
Agitation, gesticulations, cacophonie je n’en finis pas de m’étonner et de m’attrister de la fébrilité qui a saisi le monde du vin à la suite de la dernière action concertée de nos adversaires : « plus un seul verre… » Tout le monde dégaine, on se pousse du col, vitupère, dans le plus grand désordre, la plus parfaite improvisation, certains avec de bons argumentaires, d’autres en menaçant de plaintes devant les tribunaux, mais les grands médias étant ce qu’ils sont le tam-tam du quotidien poussera très vite les infos à la poubelle et c’est le bruit initial qui marquera les esprits. Nos adversaires ont marqué des points dans l’opinion publique. De nouveau nous sommes apparus à ses yeux sur la défensive, comme surpris par la virulence des coups portés. Certains en sont même à découvrir la fameuse méta-analyse publiée pourtant voici plus d’un an. Face à un tel désastre médiatique l’espoir serait, qu’enfin, ceux dont c’est la responsabilité prennent la question à bras le corps en dégageant des moyens financiers conséquents pour que l’action de Vin&Société puisse s’exercer pleinement. J’en doute.
Nous en sommes encore à croire que notre poids politique est conséquent, ce qui est faux. L’hégémonie des élus urbains, même compensée par le découpage électoral et le mode de scrutin, rend l’action parlementaire de plus en plus difficile. Le soi-disant lobby viticole ne pèse pas bien lourd et doit se contenter de ce qu’on lui concède. Entendez-moi bien, l’action parlementaire reste importante puisque la production législative, toujours plus formatée par l’exécutif, y trouve son aboutissement mais tant que nous ne prendrons pas conscience que c’est auprès de l’opinion publique que le travail de fond se fait et les rapports de force se créent nous serons de moins en moins entendus. Dans une période où les fondamentaux de l’économie domestique reviennent, avec la crise financière, sur le devant de la scène, l’un des premiers dossiers à prendre à bras le corps est celui de l’affirmation de l’importance stratégique de notre « industrie du vin ». J’emploie à dessein cette qualification honnie par certains pour bien enfoncer le clou. Tant que nous serons perçus comme un "joyeux" conglomérat allant des châtelains des GCC dont le vin se vend tout seul jusqu’aux braves coopérateurs des Corbières qui vont arracher leurs vignes en passant par quelques médiatiques vignerons stars qui n’ont aucun problème, notre combat restera circonscrit dans nos cercles d’initiés. Sur ce sujet la balle est dans le camp des chefs de tribus.
Alors, me dire-vous : et nous que faire ?
Ma réponse est simple, en dehors de faire pression sur les chefs, menez le combat du bien-vivre, dernier rempart de ce qui fait encore le charme de notre vieux pays. Pour ce faire je ressors de derrière les fagots une chronique que j’avais mise en ligne en janvier 2008, où je souhaitais que nous constituions une Amicale des Bons Vivants : l’ABV. Certains y ont adhéré, j’ai la liste bien sûr mais j’avoue que l’intendance n’a pas suivie. Cette fois-ci est la bonne alors vous savez ce qu’il vous reste à faire.
« Je vous l’avoue, chers lecteurs, il est des jours où, en me levant, je me dis, range ton clavier, cesse d’élucubrer, de te mettre en scène, de ferrailler, de croire qu’avec tes petits mots, tes phrases de monsieur je sais tout, tu es en position d’influer sur le cours des choses, de faire bouger les lignes, d’être entendu…
Tout le monde s’en fout ! ou presque…
Sauf peut-être vous, chers lecteurs, du moins votre fidélité et votre assiduité me le laisse supposer.
Dans notre société où la plage d’indifférence s’étend jusqu’à devenir le territoire essentiel de notre vie commune sur laquelle dégouline le clinquant, le brillant, le paraître, l’inutile, le frelaté, le c’est pas de ma faute, l’émotion en kit programmée et formatée par la télévision, l’amour sur papier glacé, les bons sentiments d’aventuriers au petit pied, les cohortes de défenseurs de prés-carrés, les cotriades d’ayatollahs agitant les interdits sanitaires, sécuritaires ou religieux… Pour le bon peuple les gourous de la communication et des sondages réunis formatent des images soft, propres sur elles, racontent des histoires molles, sucrées en contrepoint d’une réalité violente omniprésente partout, dans le monde lointain et notre proche environnement, comme sur les écrans du monde virtuel cher à nos enfants.
Nous faisons bien plus que consommer, nous boulotons, debout, en marchant, en roulant, dimanche et jours fériés compris, oreillette, vidéo, BlackBerry, flux tendu, tchat, vite, vite, très vite, tout va si vite, trop vite, nous n’avons plus le temps… Le temps de quoi ? De vivre, de vivre ensemble, de nous parler, de converser, de nous entendre, de nous contredire, d’échanger… Course contre la montre, course contre la mort, pédalage dans le vide souvent, en solitaire, course où chaque compétiteur se vit comme le centre du monde. Et pourtant, avec toutes les béquilles technologiques qui ont « adouci », et le travail ménager, et le travail manuel, et qu’en comparaison d’avec la vie d’avant, celle de nos parents et grands-parents, souvent dure au plan matériel, laborieuse, bouleversée par la grande boucherie de 14-18, traumatisée par l’Occupation, mais sous-tendue par l’absolue certitude que la vie de leurs enfants serait meilleure que la leur, cette vie dont nous nous plaignons, qui nous laisse beaucoup de temps pour vivre, recèle beaucoup d’ingrédients pour passer de bons moments. Et pourtant, avec tout ces loisirs, ces vacances low coast, ces évènements culturels à la pelle, notre confort, nos week-end nous nous complaisons dans la morosité, ce qui, convenez-en, n’apporte aucun soulagement à ceux qui sont dans la difficulté ou la détresse, la vraie matérielle ou spirituelle. Comme j’ai tenté de l’écrire avec un peu de légèreté http://www.berthomeau.com/article-15551182-6.html#comment23568707
mieux vivre ensemble n’est pas quantifié dans le PIB, pourtant notre art de vivre, qui n’a rien à voir avec l’ostentation, le luxe ou la bâfrerie, reste pour moi une valeur sûre.
Alors, délaissant mes ambitions pharaoniques d’assises de la convivialité ou de grand pique-nique qui se heurtent à l’inertie, voire à l’hostilité de ceux qui détiennent le nerf de la guerre : l’argent, j’ai décidé, ce matin de créer : l’Amicale des Bons Vivants : l’ABV ; amicale car ça sonne comme amical, et c’est gentiment désuet ; bon au sens du bon pain ou du bon vin, car l’objet social de la maison c’est un hédonisme simple, sans fanfreluches ou colifichets ; le bien vivre revendiqué et assumé. Et puis l’ABV c’est aussi un clin d’œil un peu provocateur à ceux qui veulent mettre notre vie aux normes…
Je vous propose donc d’adhérer à l’ABV :
- soit en utilisant tout au bas du blog la rubrique contact (Attention, pour ceux qui n'ont pas l'habitude d'utiliser cette procédure, pour que votre texte soit transmis, avant de cliquer sur envoyer vous devez recopier dans la case prévue à cet effet (juste sous celle où vous aurez transcrit votre adhésion) le texte d'une image un peu alambiquée : par exemple 74Z (attention pour les lettres respecter minuscule ou majuscule)
- soit en m’écrivant sur berthomeau@gmail.com,
- soit en me téléphonant ou en m'envoyant un sms au 06 80 17 78 25.
Aucune cotisation, aucun statut, aucun président, seulement des liens entre nous et la possibilité pour moi, et l'ensemble des adhérents, de proposer via le blog, des rencontres conviviales de toute nature, comme je l'ai fait lors du dernier Vinexpo en organisant un Vin d'Honneur sauvage sur le stand des amis de Sieur d'Arques
http://www.berthomeau.com/article-6796457.html
Merci de prendre le temps pour adhérer à cette toute nouvelle Amicale. Faites adhérer vos proches, vos amis, créons le mouvement pour de vrai et pour de rire, montrons que notre convivialité affichée et autoproclamée est bien réelle... Si vous voulez que je garde la pêche donnez-moi ce gage de soutien à mon petit combat quotidien. Merci par avance et à bientôt, peut-être à Vinexpo pour notre 1ère rencontre Abévienne...
Bien à vous,
Votre chroniqueur Jacques Berthomeau
Commandeur du Poireau