Dans ma campagne vendéenne reculée, après le mariage carrillonné - le seul valable en ces terres bénies par Mgr Cazaux évêque de Luçon - les invités à la messe de mariage se voyaient conviés à la salle paroissiale - une bâtisse moche bâtie sur l'emplacement de l'ancien château de Barbe Bleue - pour un vin d'honneur. Sur les tables nappées, des brioches joufflues et des quatre-quarts dentelés, du café pour les femmes et à boire pour les hommes. Du blanc de Brem et du rouge de Rosnay, à l'époque non estampillés, parfois du Gros Plant, quelques fois du Muscadet, pour ceux qui voulaient faire du chiqué du mousseux ou des Layon et, le fin du fin : des Bourgognes qu'étaient pas des Bourgognes mais vendus comme tels par des VRP. Moi, l'enfant de choeur, j'adorais me glisser dans les vins d'honneur pour goûter une part de 4/4. Bien sûr, aucun n'égalait celui de maman, alors pour faire couler la miette, quand y'en avait, je trempais mes lèvres dans une coupe de mousseux. Honnêtement je préférais la limonade de Morrisset. J'avais l'impression de croquer des raisins verts de la treille du jardin. Un jour, par je ne sais quelle aberration, j'ai sifflé du Layon. Pardon Patrick, ce jour-là, je me suis dit que tout compte fait le sirop des Vosges Cazé empâtait moins la bouche. Je radote mais je suis de ceux qui veulent remettre à l'honneur les vins d'honneurs.