Le titre de ma chronique est extrait d’une libre expression du Dr Michel Marty, psychiatre, psychanalyste, président de l’ANPAA 64 : « Le cardiologue et les alcoologues » à propos du livre d’Olivier Ameisen : « Le dernier verre ». C’est publié dans « Addictions » revue de l’ANPAA de décembre 2008 (je suis adhérent de l’ANPAA). Très intéressant, que dit-il ?
Tout d’abord, bien évidemment que « la parution du livre du DrAmeisen a déclenché des réactions diverses et contradictoires dans le monde de l’alcoologie » et même « chez un certain nombre de médecins et tout particulièrement d’alcoologues. » à une franche opposition. Ensuite, il note à juste raison que les « médecins ne croient pas au Père Noël, et qu’ils ont quelques raisons d’être méfiants, car l’histoire de la médecine est jalonnée de découvertes éblouissantes de médicaments miraculeux… » Donc attention aux « charlatans qui jouent avec le désespoir des malades… » mais la suite est à lire dans son intégralité.
TOUT SEUL, ENVERS ET CONTRE TOUS.
« Le Dr Ameisen a découvert un traitement qui l’a guéri. Auparavant, il avait tenu en échec une quinzaine de médecins spécialistes, et de centre de traitement, parmi les meilleurs du monde à n’en pas douter, aussi bien américains que français, et voilà que tout seul, envers et contre tous, il trouve un traitement fabuleux de cette forme d’alcoolisme. Il y a de quoi être agacé quand on est alcoologue et qu’on a consacré sa vie à soigner des malades de l’alcool. Les alcoologues sont un peu comme ces maris ou ces femmes trompés depuis des années, ils ne croient plus aux promesses de leur conjointe (conjointe). Le Dr Ameisen a élaboré une théorie pour expliquer sa guérison, il livre un travail on pourrait dire prémâché. Non sans avoir proposé au Pr X de procéder suivant l’expression consacrée, à une étude randomisée du baclofène chez les alcooliques présentant la même symptomatologie que lui. Mais le professeur a mis toute sa force d’inertie à faire échouer cette étude. Alors le Dr Ameisen a décidé de publier son livre et de commencer sa croisade pour imposer son traitement. Il mènera ce combat avec la même détermination qu’il a mise à lutter contre son alcoolisme.
Je vous ai parlé de ces charlatans ou de ces vendeurs de faux espoirs mais j’aurais pu vous parler de Pasteur ou de Jenner et d’autres qui, tout seuls de leur côté, ont lancé des traitements qui ont profondément modifié la pratique de la médecine, malgré l’opposition du corps médical et contre le conservatisme de l’Académie de médecine.
Alors, que penser ?
Le Dr Ameisen est-il un futur bienfaiteur de l’humanité ? L’avenir nous le dira mais il y a une chose sûre et certaine, ce baclofène, qui bénéficie d’une autorisation de mise en marché (mais pas dans l’indication de sevrage alcoolique), sera prescrit. Etudes randomisés ou pas. »
Réconfortant, non, d’autant plus que dans le même numéro, dans son éditorial, le Pr Pierre Carayon, trésorier de l’ANPAA conclut : « Même si le médicament est à manier avec précaution et même s’il ne s’adresse pas à toutes les formes de dépendance alcoolique, nous pourrons malgré tout nous réjouir d’une avancée substantielle et, à mon avis, être plutôt reconnaissant à Olivier Ameisen qui, prenant le risque d’une auto médication, a ouvert la voie à une recherche clinique fondée scientifiquement. Puissent la communauté sanitaire, et d’abord les responsables publics, mais aussi les laboratoires concernés, faciliter le mise en place des travaux qui s’imposent afin d’éclairer les soignants et permettre, nous l’espérons, de soulager les personnes piégées par l’alcool. »