Michel Laroche a du caractère, il n'envoie pas dire ce qu'il a envie de dire et, comme vous vous en doutez chers lecteurs, ça me plaît. Nous nous sommes rencontrés dans le cadre des travaux du groupe stratégique Cap 2010 et, si je puis dire, il faisait parti de ceux qui pour moi avait tout compris. De Chablis au grand Sud, l'entrepreneur qu'il est, anticipait. Loin des débats fumeux et des batailles d'arrière-garde, il taillait sa route. C'est donc tout naturellement que je lui ai tendu le micro de Vin&Cie pour le soumettre à mes trois questions. Michel Laroche y a répondu avec son sens acéré de la formule. Je l'en remercie chaleureusement.
1ière Question : Dans une interview, en avril 2007, vous déclariez, à propos de vos investissements dans les vignobles du Nouveau Monde, Chili et Afrique du Sud, qu’à un horizon de quatre ou cinq ans, votre objectif serait de parvenir à réaliser 20 à 25% de votre chiffre d’affaires. Le cap est-il tenu ou y-a-t-il une inflexion ? Pensez-vous que seuls les vins du Nouveau Monde permettent une croissance à deux chiffres en gagnant de l’argent ?
Réponse de Michel Laroche : Nous réalisions 7% du CA dans le nouveau monde sur le dernier exercice, nous pensons atteindre 12% cette année, je pense toujours que nous pouvons doubler cette activité au cours des 2 à 3 prochaines années. Ces deux filiales seront rentables dès cette année… je ne crois pas que nous puissions réaliser ces performances en France !
2ième Question : À Denis Saverot de la RVF vous avez déclaré, en juin 2007, à propos du surplace français : « Je suis un libéral et je souffre de vivre dans un système où tout est règlementé, écrit, dicté. On doit nous laisser faire ! » Pour avoir tenu la plume d’un document, où dès 2002 l’on proposait d’instaurer un espace de liberté, de me revendiquer comme un social-libéral, de commettre sur mon blog des chroniques pour aller vers une nouvelle dynamique, je me pose la question du comment faire ? Ne trouvez-vous pas que l’Industrie du vin en France manque surtout d’entreprises leaders, mondialisées, capables de faire sauter ces verrous ?
Réponse de Michel Laroche : Il y a différentes strates dans cette question… Les politiques doivent cesser de faire n’importe quoi, en particulier de subventionner des productions qui ne trouvent pas de débouché, ensuite les producteurs doivent s’affranchir de cette mentalité « d’assistés » qui a prévalu pendant de trop nombreuses années et enfin les entreprises doivent avoir une mentalité d’entrepreneurs avec une vision stratégique à long terme au lieu de pratiquer bien souvent la spéculation à court terme. C’est à mon avis en supprimant l’assistanat et en laissant aux entrepreneurs la liberté d’agir que tout le système peut progresser.
3ième Question : Et maintenant Chablis, votre berceau, pensez-vous qu’avec la récolte 2007, le yoyo des prix que vous dénonciez dans la RVF s’ajoutant au ralentissement de la croissance occidentale, l’euro fort, va mettre à mal les efforts de pédagogie entrepris auprès des producteurs avec le modèle prospectif et faire baisser les ventes ? Enfin, puisque vous êtes aussi Languedocien depuis 86, pouvez-vous nous donner votre sentiment sur ce qui s’y passe, ou ne se passe pas d’ailleurs, dans le South of France ? Cette région a-t-elle laissée passer sa chance ?
Réponse de Michel Laroche : Bien entendu les hausses de prix non justifiées à Chablis vont faire baisser les volumes de vente et donc faire baisser les prix… quel dommage de gâcher un aussi beau non ! J’ai été président pendant deux ans du Chablisien et n’ai pas été capable de modifier les états d’esprit… c’est toujours la spéculation à court terme qui prévôt … « tu m’as eu cette année, je t’aurai l’an prochain » !
Dans le South of France tout semble aller pour le moment, les prix de vente sont en hausse à court terme alors on en oublie momentanément les véritables enjeux.
Je pense être un affreux jojo et comme je ne fais pas de politique, je peux dire ce que je pense ! je suis opposé à toute forme d’assistanat, il faut laisser le marché se réguler par lui-même… et bien entendu mettre en place la politique sociale de solidarité pour venir en aide à ceux qui doivent se reconvertir.