Certains de mes lecteurs m’écrivent, ainsi j’ai reçu, alors que je tapais sur mon clavier, tel un bûcheron sur un fût (Partie du tronc d'un arbre située entre le sol et la première grosse branche), une énième chronique, un court texte accompagné d’un lien par Messenger :
Bonsoir M. Berthomeau, comment la France n’a pas su mettre cet homme président de la république ... cordialement
Lamé Delisle Boucard sur Face de Bouc
Je clique sur le lien c’est dans le POINT
Algérie : Michel Rocard a sauvé des milliers de vies
Sur France 5, Une histoire algérienne, le documentaire de Ben Salama, diffusé dimanche, revient sur les destins de la guerre d'Algérie.
Par Emmanuel Berretta
Publié le 18/03/2012 à 09:16 | Le Point.fr
En février 1959, Michel Rocard n'est alors qu'un jeune inspecteur des finances. Le rapport qu'il remet à sa hiérarchie sur les conséquences dramatiques du déplacement des populations paysannes va sauver des centaines de milliers de vies. Ce rapport alerte les autorités françaises sur la famine qui sévit dans les camps de regroupement. Auront lieu alors les premiers soins et l'afflux de vivres. Parmi ces enfants musulmans sauvés par le rapport Rocard se trouve Ben Salama, l'auteur du documentaire, Une histoire algérienne, diffusé, dimanche, à 22 heures sur France 5.
« J'ai mangé grâce à lui, se souvient le documentariste que Le Point.fr a rencontré. Le matin, quand on se levait le ventre vide, nous n'étions pas sûrs de pouvoir manger. Grâce à Michel Rocard, la nourriture est arrivée au printemps. »
C'est un aspect assez méconnu de la guerre d'Algérie : à partir de 1957, l'armée française a déplacé jusqu'à deux millions de paysans pour les soustraire à l'influence du FLN, soit la moitié de la population musulmane rurale. Ce faisant, on privait ces chefs de famille de leurs terres, de leur bétail, et donc de leurs moyens de subsistance.
L'horreur des camps de regroupement
« J'ai été déplacé de 1957 à l'indépendance », raconte Ben Salama. Nous avons vécu à six dans une petite pièce avec ma mère, car mon père travaillait en France. Les gens agglutinaient du matériel de récupération pour se fabriquer des baraquements de fortune. « À l'époque, il vivait en Kabylie, près de Bougie (aujourd'hui Bejaïa). « Mon avis, c'est que sont mortes de faim 200 000 personnes et en majorité des enfants », conclut Michel Rocard devant la caméra de Ben Salama.
Le parcours du documentariste est singulier et lui permet de réaliser un film où toutes les douleurs sont respectées : celle des musulmans, celle des harkis, celle des rapatriés, celle des appelés, comme l'ancien ministre Jean-Pierre Soisson jeté dans l'horreur d'une guerre qu'il ne comprend pas... Né français sous la colonisation, Ben Salama devient algérien à l'indépendance. Passionné de cinéma, il fréquente la cinémathèque d'Alger, y croise Truffaut, Godard, etc. Si bien qu'en 1972 il réussit le concours de l’IDHEC, à Paris, et vient étudier le cinéma grâce à une bourse. Au début des années 1980, il décide alors de réintégrer la nationalité française de sa naissance. « Parce que ma vie était à Paris, que j'aime la France, ses valeurs », lâche-t-il.
Juger les gens à leur enfer
Dans sa famille, les liens avec l'Hexagone sont anciens. En 1917, durant la Grande Guerre, son grand-père déjà avait quitté l'Algérie et travaillait dans le sud de la France pour le compte d'une usine qui fabriquait du gaz de combat. En 1938, ce grand-père est rejoint par son fils de 16 ans. Le père de Ben Salama, disparu en 2003, n'est jamais retourné en Algérie. Tout le documentaire de Ben Salama traduit la complexité, les choix de ces destinées prises au piège des événements et de l'enchaînement infernal à partir du moment où la guerre s'enclenche. « Dans tous les conflits armés, ce sont les ultras des deux bords qui mènent la danse », observe Ben Salama.
Une histoire algérienne recueille les témoignages dépassionnés de ceux qui ont, de tous côtés, connu l'horreur de cette danse macabre. Zohra Drif, la poseuse de bombes du FLN, devenue depuis la présidente de l'association Algérie-France au sénat algérien, fait part de sa compassion pour les victimes du camp adverse : « On imagine ce que l'autre a souffert, parce que nous, dans notre chair, on l'a vécu depuis très longtemps » Témoignage également bouleversant de Raphaël Draï, politologue français, rapatrié, absolument dépourvu de ressentiment, qui livre sa réflexion à travers une citation de l'écrivain Marcel Arland : « Il faut juger les gens à leur enfer. » « Ce film m'a servi de thérapie », confie l'auteur qui, dernier mouvement de balancier à l'âge mûr, vient de récupérer un passeport algérien en plus de sa nationalité française. « J'ai senti qu'il y avait une envie chez mes enfants de ce retour aux origines, » glisse-t-il.
Je ne vous révèle pas ma réponse à mon fidèle lecteur mais comme bien évidemment, dans ma bibliothèque le Rapport sur les camps de regroupement et autres textes sur la guerre d’Algérie publié par Mille et une nuits, 2003. Edition critique établie sous la direction de Vincent Duclert et Pierre Encrevé, avec la collaboration de Claire Andrieu, Gilles Morin et Sylvie Thénault, figure à la bonne place j’ai décidé d’en offrir un exemplaire à ce vigneron de Bourgueil.
Mon lecteur c’est Boucard Philippe du domaine Lamé Delisle Boucard
Clin d’œil de l’Histoire « Mon père Arsène Berthomeau, entrepreneur de travaux agricoles et de battages au Bourg Pailler de la Mothe-Achard, à ses débuts était associé pour le battage avec Marius Boucard de St Georges de Pointindoux. Parfois j'accompagnais mon père chez les Boucard.
1 mai 2008
Le flacon à liqueurs et le buffet Henri II des Boucard ICI
HISTOIRE DE NOTRE DOMAINE Lamé Delisle Boucard ICI
Révélations sur les « camps » de la guerre d’Algérie par Yacine Tassadit
Avec la publication de ce rapport (1) s’ouvre le dossier brûlant des « camps » de regroupement de la guerre d’Algérie. Au moment où ce texte paraît dans les journaux, en 1959, en raison d’une fuite, il produit un grand choc. Car c’est la première fois qu’une enquête sur les regroupés voit le jour, et c’est de surcroît le fait d’un membre du Parti socialiste SFIO, de la minorité certes, qui s’appelle Michel Rocard. Ce jeune énarque, ancien militant aux Jeunesses socialistes, ne prend pas de gants lorsqu’il s’agit de rendre compte d’une politique inhumaine à l’encontre de civils, complètement ignorée par l’opinion publique, par les autorités politiques.
Fait d’une politique arbitraire de la seule armée, le regroupement affecte les paysans les plus démunis, et parmi eux des femmes et des enfants sous-alimentés, dont le nombre s’élève à plus d’un million de personnes, puisque les « parqués » sont, par définition, privés de tout moyen de production : « La situation alimentaire est donc préoccupante dans la quasi-totalité des centres de regroupement. Des moyens d’existence doivent être à tout prix fournis à ces populations pour éviter que l’expérience ne se termine en catastrophe. »
Destiné à alerter les responsables politiques sur ce « génocide » qui ne dit pas son nom, ce rapport situe le problème à un niveau autre que celui du conflit armée française/FLN, et pointe la responsabilité de la France face à la question des droits de l’homme jusque-là bafoués, car la répression et la torture sont dénoncées de façon claire. La radicalité politique de ce texte est manifeste, ce qui est alors franchement inattendu à la SFIO, « même dans la minorité », dans la mesure où Michel Rocard est de ceux qui ont réellement revendiqué l’indépendance de l’Algérie dès 1954.
C’est en sens que l’on peut dire que ce rapport est révolutionnaire, car non seulement il décrit la situation désastreuse d’une population civile déracinée, humiliée (le nombre de ces déshérités s’est élevé jusqu’à deux millions vers la fin de la guerre), mais il attire l’attention des pouvoirs publics et de la communauté internationale sur la menace quotidienne qui pèse surtout sur les enfants, victimes de malnutrition, de manque d’hygiène et de soins : il en mourait plus de 500 par jour.
Modèle de courage politique et d’intégrité, le livre de Michel Rocard est d’un apport essentiel à la connaissance de la guerre d’Algérie telle qu’elle a été vécue par les populations les plus démunies, mais aussi à l’histoire d’une formation politique comme le PS. Rocard nous montre comment ce petit nombre appelé « la minorité » au sein même de la SFIO s’oppose à la politique de son premier secrétaire, devenu, en février 1956, président du conseil des ministres, et qui va, paradoxalement, faire la pire des politiques en embrassant la cause des ultras. On peut, dès lors, comprendre comment une probité intellectuelle et un courage politique sans nuance, qui ont de tout temps caractérisé la pensée et l’action de Rocard, peuvent effacer les meurtrissures des victimes de cette guerre et aider à renouer avec les politiques intègres d’une certaine gauche, vraiment de gauche, pour pasticher Bourdieu. La lecture de ce rapport y a largement contribué.
Yacine Tassadit
Directrice de la revue Awal, cahiers d’études berbères.
Michel Rocard, par Pierre Joxe
7 JUIL. 2016
Autre figure des combats fondateurs de la gauche socialiste, Pierre Joxe a confié à Mediapart son hommage à Michel Rocard. Evocation de l’« audacieux militant anticolonialiste » et du « talentueux serviteur de l'Etat » que fut Rocard, ce texte est aussi une critique de ceux qui, aujourd'hui, « encensent sa statue mais tournent le dos à son exemple en détruisant des conquêtes sociales pour s’assurer d’incertaines "victoires" politiciennes ».
Michel Rocard, in memoriam
A l’annonce de la mort de Michel Rocard, la plupart des réactions exprimées par les hommes politiques au pouvoir - et par ceux qui espèrent les remplacer bientôt - ont été assez souvent purement politiques ou politiciennes.
A gauche, l’éloge est de règle. A droite, l’estime est générale.
Mais deux aspects de la personnalité de Michel Rocard semblent s’être volatilisés : avant de réussir une grande carrière politique, il a été un audacieux militant anticolonialiste et un talentueux serviteur de l’Etat.
Il lui fallut de l’audace, en 1959 pour rédiger son Rapport sur les camps de regroupement en Algérie.
Il fallait du talent en 1965, pour être nommé secrétaire général de la Commission des comptes et des budgets économiques de la Nation .
Je peux en témoigner.
Pour la Paix en Algérie
Quand je suis arrivé en Algérie en 1959, jeune militant anticolonialiste d’une UNEF mobilisée contre la sale guerre coloniale, le prestige de Rocard était immense parmi nous. C’était comme un grand frère, dont on était fier.
Car il avait rédigé – à la demande de Delouvrier, le délégué du gouvernement à Alger – un rapport impitoyable sur les « camps » dits « de regroupement » que les « pouvoirs spéciaux » de l’époque avaient permis à l’Armée française, hélas, de multiplier à travers l’Algérie, conduisant à la famine plus d’un million de paysans et à la mort des centaines d’enfants chaque jour…
Le rapport Rocard « fuita » dans la presse. L’Assemblée nationale s’émut. Le Premier ministre Debré hurla au « complot communiste ». Rocard fut menacé de révocation, mais protégé par plusieurs ministres dont le Garde des sceaux Michelet et mon propre père, Louis Joxe.