Ce groupe de réflexion multidisciplinaire rassemble une quinzaine d’universitaires, de chercheurs, d’experts publics et de responsables professionnels, figurant parmi les meilleurs connaisseurs du monde agricole et rural français et international. Ont participé notamment à ces travaux : Gilles Allaire, économiste, Jacques Berthomeau, spécialiste de la viticulture, Vincent Chatelier, économiste, Jean-Claude Flamant, agronome, Bertrand Hervieu, sociologue, Jean-Luc Mayaud, historien, Jean Viard, sociologue… Ces échanges réguliers ont pour objectif d’éclairer les enjeux, les dynamiques et les tensions qui traversent nos territoires ruraux afin de contribuer à revisiter le projet de l’agriculture et de la ruralité, de ses territoires, ses fonctions, ses hommes et ses femmes. En clair, une redéfinition des politiques agricoles en France et en Europe. Avec pour but d’intégrer les données économiques, sociales et environnementales afin de proposer une vision partagée par le plus grand nombre, capable d’offrir aux agriculteurs un revenu, une reconnaissance et une légitimité dans la société.
J’en ai fait partie jusqu’en 2007, je l’ai quitté car j’estimais qu’il manquait autour de la table les principaux intéressés : les agriculteurs, les éleveurs, les viticulteurs ce qui conférait à nos réflexions un côté hors-sol c’est—à– dire déconnecté de la réalité. ICI
Jean Viard est un garçon fort sympathique, très disert, charmeur, il aime s’entendre parler, né en 1949, il habite à La Tour-d'Aigues, dans le Luberon de Jean-Louis Piton (président de l’INAO). Il est directeur de collection aux éditions de l'Aube, dont il est le fondateur avec Marion Hennebert. Diplômé en économie (DES, Aix-en-Provence), et docteur en sociologie de l’EHESS (1982). Il est directeur de recherche au CNRS au CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po).
Sociologue engagé à gauche, en 2017, il rejoint En marche !. Il est candidat aux élections législatives de 2017, dans la 5e circonscription de Vaucluse. Il arrive en tête du premier tour avec 33,3 % des voix, loin devant le député sortant. Mais, il n'obtient que 49,11 % au second tour et se trouve battu par Julien Aubert LR réélu avec 459 voix d'avance.
Dommage, Jean Viard aurait apporté aux godillots LREM une once d’intelligence dont ils sont dépourvus et son lien avec les fameux territoires délaissés qui ont fait le lit des Gilets Jaunes. Le Vaucluse, ancienne terre socialiste, est farouchement à la droite extrême. Pas sûr, que la politique du 78 rue de Varenne lui aille mais je ne peux penser à sa place.
Jean Viard est un excellent communicant :
« Il est l’un des meilleurs connaisseurs du territoire français. Plus encore que ses titres – sociologue, directeur de recherche au CNRS… – c’est son éclectisme qui fait sa richesse.
« Et puis on se met à penser aux discours des hommes politiques qui se présentent à nos suffrages : ils devraient visiblement lire Jean Viard ! » Médiapart
Il dirige les éditions de l'Aube. ICI
Jean Viard vient de publier Le sacre de la terre avec Michel Marié et Bertrand Hervieu (un compagnon de route du Taulier)
J’avoue que je ne prise guère ce titre…
La référence à la terre éveille en mois des relents de « la Terre qui ne ment pas » chère au Maréchal, « La terre qui meurt » de René Bazin, de même que l’adoration de nos fameux terroirs…
« Aucun métier n’a connu une telle destruction des structures familiales. »
Mais le modèle industriel promu depuis lors – toujours plus d’hectares, de matériels, d’intrants, d’emprunts – est aujourd’hui confronté à la « révolution écologique ». Pourtant l’agriculture « est l’avenir de l’humanité, car c’est par définition un métier du renouvelable qui travaille avec le sol, le vent, le soleil, l’eau et les savoirs locaux ».
Le sociologue souligne que les agriculteurs ne sont pas restés passifs face aux nouveaux enjeux de l’écologie. « 20 % des fermes sont passées au bio, l’agriculture de proximité se développe (…) Le modèle des fermes qui fournissent directement les cantines scolaires se développe. 32 % des poules ne sont pas élevées en cage… »
Mais le monde paysan, classe dominante qui produisait plus de rente que l’industrie jusqu’aux années 1950, « a encore du mal à s’adapter à son statut de minorité, à discuter, négocier, mais aussi à se faire respecter, en particulier de la grande distribution ».
Le climat pour nous réconcilier avec la politique
Jean Viard, est intervenu aux assises du Vivre ensemble à Rennes, le 18 janvier, publie Le sacre de la terre. « Le changement climatique va nous obliger à recréer du commun. Sinon, on est mort », estime le sociologue.
- C’est autour de l’écologie qu’il faut réinventer la politique ?
Les structures issues de la révolution industrielle se délitent. Les crises se multiplient. Nous sommes désormais une société d’individus qui se disent d’ailleurs le plus souvent heureux dans leur famille, leur quartier ou leur travail mais inquiets quant à l’avenir de la société. Le changement climatique peut être une chance en nous permettant de nous réinventer un avenir commun. La politique demain ne sera plus bâtie sur l’affrontement entre le capital et le travail mais autour des questions écologiques. Il y aura une droite et une gauche écologique.
- La France est-elle bien placée pour relever ce défi ?
On ne peut plus tenir la nature à distance. Il y a eu des avancées. Plus de 30 % du territoire est classé en parcs et réserves. La loi littoral a permis la préservation et la restauration de nombreux rivages : des Agriates corses à la Guyane en passant par l’île de Tatihou à Saint-Vaast-la-Hougue (Manche) ou la pointe des Poulains de Belle-Île (Morbihan). On crée même de l’agriculture urbaine. Même s’il ne faut pas trop rêver. Paris consomme quotidiennement 1,2 million d’œufs. Il n’y aura jamais 1,2 million de poules dans la capitale.
- Mais on continue aussi à beaucoup gaspiller.
On ne peut plus continuer à consommer chaque semaine 1 100 hectares de terre agricole. La France c’est aussi 63 000 ronds-points contre 10 000 en Allemagne et 5 000 aux États-Unis. Le temps est venu de sanctuariser les terres arables comme ont su le faire les Suisses ou les Canadiens. Notre survie dépend d’abord des sols, des écosystèmes, des travaux des champs et des fermes. Nous devons inventer un nouveau modèle agricole pour nous nourrir, capter du carbone et définir des paysages.
- Comment réinventer de nouvelles relations ville-campagne ?
C’est un fait, la révolution numérique a concentré la création de richesses dans 200 métropoles réparties dans le monde. La France en compte huit qui représentent 61 % du PIB et où le prix du foncier, des bureaux et des logements a explosé. La France est encore trop organisée en silos alors que nous entrons dans un monde de mobilité. Il y a surtout un vrai sujet avec le périurbain dont toutes les cartes électorales nous montrent que c’est là que se développe le vote populiste. En France, le pourcentage du vote Rassemblement national double quand on est à 20 kilomètres de plus d’une gare.
Je n'ai pas encore eu le temps de me plonger dans ce gros livre, 469 pages, dès que j'aurai du temps j'y puiserai sans doute des sujets de chronique.
Selon Jean Viard, environ 50.000 fermes françaises sur 500.000 sont désormais converties en bio. Mais la perspective d'une production agricole complètement bio à l'avenir semble peu envisageable pour le sociologue. "Si on on veut que l'agriculture change, il faudra y mettre des moyens", rappelle-t-il lundi sur Europe 1.
INTERVIEW
L'année dernière en France, plus de 7.000 agriculteurs ont fait le choix de se convertir à l'agriculture biologique. Désormais, environ 50.000 fermes sur les 500.000 exploitations que compte la France fournissent une production bio, selon Jean Viard, sociologue et auteur du livre Le sacre de la terre. Invité du Grand journal du soir, délocalisé lundi à Langouët, cette commune d'Ille-et-Vilaine devenue célèbre en 2019 par l'arrêté anti-pesticides pris par son maire, Jean Viard confie ses doutes : il dit ne pas être "sûr" que la production agricole française sera 100% bio à l'avenir, même dans trente ans. "Ce qui est sûr, c'est que si on on veut que l'agriculture change, il faudra y mettre des moyens", affirme-t-il.
"L'agriculture et les pesticides tels qu'on les connaît n'existeront plus"