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31 août 2019 6 31 /08 /août /2019 06:00

Les journalistes ne sont pas admis à la buvette de l'Assemblée nationale.

 

Dans la grosse bâtisse du Palais Bourbon qui abrite nos députés, hormis l’hémicycle, la salle des  4 colonnes, la salle des pas perdus, on trouve tout ou presque, un kiosque à journaux, un coiffeur, un médecin, une salle de sport, un parking souterrain, une imprimerie, une magnifique bibliothèque, des bureaux pour les députés privilégiés mais pas de logements pour eux, ni de restaurant qui sont situés hors les murs. L’AN couvre aujourd’hui une surface au sol de 124 000 m2 pour près de 9 500 locaux, elle comprend, outre le palais Bourbon, trois immeubles réservés aux bureaux des députés et de leurs collaborateurs (l'immeuble Jacques Chaban-Delmas, bâtiment de 8 étages et 5 niveaux en sous-sol relié au palais par un passage souterrain et construit en 1974, au 101 rue de l’Université, un autre boulevard Saint-Germain, acquis en 1986, et un dernier, acheté en 2002, rue Aristide-Briand). Ces immeubles abritent les bureaux-chambres de la majeure partie des députés, une grande salle de conférence, des salles de réunions, un restaurant, etc.

 

La bâtisse est reliée à l’Hôtel de Lassay, résidence du Président par une longue galerie, à l’origine en bois, qui sert de salle de réception.

 

Voir ICI 

 

Mais le lieu le plus mystérieux, le plus inaccessible au commun des mortels c’est la BUVETTE.

 

La buvette, bistrot secret des députés

Par Jean-Baptiste Daoulas,

Publié le 14/08/2018

 

« Prix doux, serveurs aux petits soins, les parlementaires sont accros à leur buvette. Pour boire des coups, ou en donner.

 

Un euro l'expresso, à déguster en terrasse ou dans un magnifique décor Art nouveau. Pas de doute, le meilleur plan du VIIe arrondissement de Paris se situe au 126, rue de l'Université, au coeur du Palais-Bourbon. Les prix sont démocratiques. L'accès l'est moins. Seuls les 577 députés ont l'assurance d'entrer à la buvette. Les jours de faible affluence, leurs assistants tentent leur chance, au risque de se faire éconduire par les serveurs. A l'Assemblée nationale, chacun doit rester dans sa caste. La buvette fait partie du folklore local, à mi-chemin du lieu de pouvoir et du self d'entreprise. Indiquée par une jolie horloge en bois sculpté, l'heure du coup de feu est immuable. Tous les mardis et mercredis, en marge des questions au gouvernement, à 15 heures, les députés se pressent contre le bar recouvert de marbre vert. Les plus habiles attrapent un ministre par la manche pour lui glisser quelques mots à l'oreille. Tous ne parviendront pas à se faire servir leur petit noir avant de retourner dans l'Hémicycle. L'affluence décroît jusqu'à l'heure du dîner. Les élus mobilisés par la séance de 21h30 viennent alors s'installer sur les chaises cannées au dossier arrondi, éparpillées autour de petites tables en marbre assorties au bar. »

 

Lorsqu’en juin 1981 les hordes socialo-communistes, surtout socialo car les cocos continuaient leur descente aux enfers, envahirent le palais bourbon : la vague rose, débraillées, le président jeta sa queue de pie aux orties, et moi sur mon grand Batavus je rejoignais son cabinet dans les combles de l’hôtel de Lassay.

 

Le nouveau pouvoir légiférait à jet continue, de jour comme de nuit pour le plus grand bonheur du personnel de l’assemblée qui voyait tomber dans son porte-monnaie les fameuses primes de nuit. Chaque membre du cabinet devait assurer une permanence de nuit afin de pouvoir informer rapidement le président si un incident survenait : et Dieu sait qu’il en eut, la droite menée par le RPR était rageuse, la gauche bien souvent odieuse dans sa suffisance de vainqueur.

 

Les nuits étaient longues mais avec mon compère Guy Carcassonne, alors conseiller juridique du président du groupe PS Pierre Joxe, nous passions beaucoup de temps à la buvette, à manger et à picoler, surtout moi. Nous taillons des bavettes avec les députés qui venaient eux aussi se dégourdir le gosier. Lorsqu’un texte était voté le champagne était de rigueur pour tout le monde, la buvette est un lieu où les étiquettes politiques se dissolvent dans le jaja.

 

À l’époque, les RPR étaient portés sur le whisky, les cocos sur le champagne, les centristes sur l’eau bénite, pardon minérale, les socialos picolaient au rouge, faut dire que l’approvisionnement en jaja étaient sous la coupe de quelques piliers du vignoble, les chefs du groupe vin, dont le plus puissant, l’ami de Tonton, le député de la Drôme Henri Michel. Les questeurs étaient aux ordres.

 

Autre remarque vineuse, le célèbre maire d’Auxerre, Jean-Pierre Soisson qui passa avec Chablis et bagage dans le camp socialo au temps de Tonton II, gouvernement Rocard puis Bérégovoy, s’endormait parfois sur la banquette du fond pour cuver son Chablis.

 

Bref, ce lieu était un havre de paix, de bien vivre, c’est loin mais ce sont de bons souvenirs.

 

De nos jours, avec la nouveau monde à la Macron qu’en est-il ?

 

 

Damien Cuypers pour M Le magazine du Monde

 

A la buvette de l’Assemblée, les pratiques changent de moins en moins entre “ancien” et “nouveau” monde ICI 

Avec le temps et les épreuves politiques, les Marcheurs ont cessé de pratiquer un strict ascétisme.

par Manon Rescan  Publié le 02 août 2019

 

Dans les couloirs de l’Assemblée nationale, la rumeur se répandait depuis le début du quinquennat sur un refrain de tristitude. Le «nouveau monde» ne boirait plus. Le bruit s’est faufilé depuis un lieu secret, interdit au public : la buvette des parlementaires. Vous n’ouvrirez même pas ses portes dans la visite virtuelle proposée sur le site de l’Assemblée nationale. Les visiteurs n’y sont pas les bienvenus. Pas plus que les journalistes ou les collaborateurs parlementaires.

 

Cette salle d’inspiration Art nouveau, isolée par une double porte, est le lieu des trêves politiques et des fraternisations transpartisanes. C’est aussi le sanctuaire de légendes urbaines, comme la petite dernière. L’arrivée des députés de La République en marche aurait mis fin à la convivialité autour du petit blanc, à la bonhomie des repas à rallonge. Quelque chose que d’aucuns appelleraient « l’art d’être français ».

 

Soda contre petit blanc

 

Au comptoir, on a entendu les nouveaux députés dire qu’ils ne « ressembleraient jamais » à leurs prédécesseurs peinant à décrocher du zinc. « Au début, c’était Perrier et Coca zéro », se souvient ainsi une source limonadière. Nous confirmons. Lors de la première soirée à l’Assemblée nationale de la nouvelle législature, en juin 2017, on avait vu surgir en pleine nuit deux trentenaires LRM en quête de canettes de soda. Les stocks à la buvette étaient épuisés. A grand renfort de déclarations dans la presse, la majorité revendiquait son ascétisme. Le regard médusé de certains fonctionnaires de l’Assemblée et des vieux politiques trahissaient alors mal une certaine nostalgie.

 

Loin d’être saluée, la sobriété des novices est venue synthétiser en creux le reproche de l’ancien monde au nouveau. Celui de pratiquer une forme d’hygiénisme à tous les étages. En arrivant au Palais-Bourbon, la nouvelle majorité avait promis de bousculer les codes et de ringardiser au passage tous ceux qu’elle avait poussés dehors. Elle a commencé par adopter une loi de moralisation de la vie politique, ses députés ne jurant que par leur expérience de la « société civile » et leur promesse de ne pas s’encroûter en politique. Elle s’attaquait au mythe de l’élu pantagruélique et collectionneur de mandats, l’une des sources de la crise de confiance des électeurs.

 

Changement générationnel

 

La consommation de vin stagne-t-elle pour autant ? Alors que la pause estivale a débuté pour les parlementaires, les chiffres des ventes d’alcool à la buvette depuis 2016 tendent à affirmer le contraire. « En fait, le nouveau monde picole plus », résume un député de droite face à ces données. Mais cette augmentation est à corréler à la hausse du nombre de repas servis à la buvette. Sa petite cuisine de bistrot est de plus en plus courue par les députés qui sont plus présents à l’Assemblée. « C’est une question de gestion du temps, là, je suis sûre d’y manger en quinze minutes », explique une élue LRM. Les trois plats du jour, les tartines (introduites par les nouveaux députés qui les préféraient à des sandwichs), la traditionnelle assiette de saumon et le buffet sont chéris par une génération pressée.

 

« Ça nous arrive de prendre une bouteille, mais on boit rarement plus d’un verre. » Pierre-Henri Dumont, député LR

 

Pour être tout à fait exact, la proportion des ventes d’alcool dans les recettes de la buvette a diminué par rapport à la fin du quinquennat socialiste. Entre juin et septembre 2017, au début de la nouvelle mandature, elle représentait 21,8 % des recettes, contre 24 % l’année précédente sur la même période. Le signe d’une cohorte d’élus qui, à l’image de la société, a diminué sa consommation d’alcool. Un changement moins politique que générationnel, affirment les députés de tous les groupes. Car, entre-temps, l’Assemblée a perdu cinq ans de moyenne d’âge (48 ans contre 53). Et La République en marche n’a pas été le seul groupe à faire entrer des trentenaires au Palais-Bourbon : ils sont très nombreux dans les rangs des groupes Les Républicains et La France insoumise.

 

« Ça nous arrive de prendre une bouteille, mais on boit rarement plus d’un verre », affirme Pierre-Henri Dumont, député LR de 31 ans qui raconte cette génération soucieuse de son hygiène de vie (« Sur la plage, on a aussi envie d’avoir des abdos ! » confesse-t-il). L’un de ses collègues LR s’inquiète, lui, de ne « surtout pas ressembler à un gros sénateur ». Moins boire, c’est aussi une discipline en circonscription où « si vous êtes chopé pour alcoolisme, vous êtes sûr de ne pas être réélu ». Tous évoquent une génération d’élus de l’ancien monde plus festive. « Par rapport à eux, on a une vie d’une chiantitude absolue », jure un macroniste.

 

Traditionnelle coupe de champagne

 

Au premier semestre 2019, la consommation d’alcool à la buvette a pourtant connu un petit sursaut. Les ventes ont bondi à 27,8 % du total des recettes quand, depuis le début du quinquennat, elles oscillaient entre 21 et 22 %. Effet pervers de la crise des « gilets jaunes » qui a secoué la majorité ou adaptation aux rites d’hier ? Difficile de déterminer la cause et la couleur politique de cette hausse, mais notre source limonadière confirme : les saines résolutions ont vécu.

 

Comme certains LRM rêvent du retour du cumul des mandats ou se comportent en barons locaux, le soir, entre les séances, les Marcheurs ne refusent plus une bonne bière ou un digestif. Et nul ne crache sur la traditionnelle coupe de champagne qui célèbre, avec un ministre et son cabinet, la fin de l’examen d’un texte. « On est invités à beaucoup de cocktails. On est beaucoup plus exposés à la possibilité de boire », raconte une élue LRM. « Les députés venaient avec leurs habitudes de la société civile et sont devenus des députés comme les autres », lâche cette Marcheuse désabusée.

 

« C’est une vie tellement déséquilibrée, forcément les gens ont des béquilles. » Un député

 

« Les pratiques changent de moins en moins », renchérit un macroniste qui a connu l’ancien monde. « Les gens fatiguent, stressent, saturent », analyse ce médecin de profession. L’hygiène de vie d’un parlementaire, c’est un marathon de deux jours au minimum par semaine à Paris, entre des réunions de groupe, des commissions, des questions au gouvernement. Et les séances de nuit qui s’achèvent parfois bien au-delà de minuit. Le reste de la semaine, la pression d’une circonscription, entre électeurs mécontents et médiation de la vie politique locale, met certains élus en surchauffe. La vie privée en prend un coup.

 

« C’est une vie tellement déséquilibrée, forcément les gens ont des béquilles », souffle un autre député. Pas de quoi, loin de là, en faire une armée de députés abusant de la bouteille. « Les consommations n’ont pas non plus doublé ! » insiste-t-on à l’Assemblée. Si on les rapporte artificiellement au nombre d’élus, les ventes d’alcool représentaient en début d’année près de 19 euros par mois et par tête. Loin du prix du Cheval Blanc ou du Mouton-Rothschild servis à la table de François de Rugy. Et aucun homard en vue.

 

Manon Rescan

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commentaires

P
Une de ces chroniques qui vous met la joie au coeur en ce début de ouiken.<br /> Le Taulier qui picole en compagnie de Guy Carcassonne, surtout moi précise t'il. Roger Nimier et Antoine Blondin ( surtout lui ) ? Peut être un jour, en saurons nous plus sur quelques facéties et autres coups pendables aux quelles ils se seraient livrés.
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