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30 mars 2019 6 30 /03 /mars /2019 06:00
 à Groix, pas de coq sur le clocher; c'est un thon pour rappeler le passé thonier de l'île.

à Groix, pas de coq sur le clocher; c'est un thon pour rappeler le passé thonier de l'île.

C’est l’histoire de M, demoiselle qui fait tout sur deux roues, elle n’a pas de frontières, globe-trotter, elle trace sa route, se pose chez les gens accueillants, partage le pain et le sel, donne un coup de main et repart le nez au vent.

 

Pour tout dire elle ne tient pas en place, un jour ici, le lendemain là, et ce dimanche elle avait mis le cap sur l’île de Groix.

 

Ha, l’île de Groix !

 

Là je vois dans le regard de beaucoup d’entre vous un léger voile, certes vous vous dites, ce doit être en Bretagne mais où ?

 

Bien sûr avec Voulzy vous avez fredonné Belle-Ile-en-Mer Marie Galante mais pour l’île de Groix vous ne savez pas…

 

Gardons encore le suspens en contant le départ de M sans son vélo sur un bateau : qu’en dit le dépliant de la compagnie ?

 

Située à 3 miles nautiques seulement (5 km) au large de Lorient, longue de 8 km et large de 3 km, l’île de Groix « La croisière débute par une traversée de la rade de Lorient qui vous permettra d’admirer, sur votre gauche, la citadelle de Port-Louis, vaillante sentinelle protégeant la ville, et sur votre droite, la station balnéaire de Larmor-Plage et ses somptueuses villas de la fin du XIXème siècle. Puis, en quittant le chenal, un grand bol d’air frais signale la sortie de la rade et l’arrivée dans l’océan Atlantique. Au loin, l’île de Groix se dessine déjà. »

 

Après 45 minutes de traversée elle débarqua à Port-Tudy, longtemps « premier port thonier de France et aujourd’hui port de plaisance très prisé. Dans ce petit port typiquement breton entouré de maisons colorées et de petits commerces, les habitants de l’île s’affairent tandis que bateaux de pêche et voiliers de plaisance se croisent devant les pontons. »

 

« Mi-riante, mi-sauvage, l'île de Groix a bien du caractère. On vient des quatre coins du globe y prendre des leçons de géologie et de minéralogie. Une soixantaine d'espèces minérales y sont répertoriées. Un sentier côtier de randonnée pédestre permet de faire le tour de l'île en deux jours. En sillonnant l'intérieur à bicyclette, on découvre des vallons verdoyants où se nichent fontaines et lavoirs, des hameaux aux ruelles étroites où l'habitat traditionnel est bien préservé. »

 

Levez donc la tête tout en haut du clocher ! Clin d’œil à l’histoire de l’île, la girouette en forme de thon rend hommage à l’activité portuaire de Groix, premier port thonier de France pendant la première moitié du 20ème siècle !

 

Mais qu’allait donc faire mademoiselle M sur l'île de Groix ?

 

Pas de la géologie, même si le terroir comme vous allez voir plus loin comptait pour ses hôtes…

 

Suspens, suspens…

 

Si vous m’avez bien suivie, mademoiselle M a embarqué à Lorient.

 

Résultat de recherche d'images pour "carte géologique ile de groix"

 

Qui se souvient aujourd’hui que le port de Lorient fut l’un des plus importants ports pinardier de France

 

 7 octobre 2014

Le port de Lorient fut un grand port pinardier « Les larmes de Bugeaud » la dernière cuvée de vin d’Algérie.

 

« Pour la petite histoire les vins d'Algérie ont aussi  fait la fortune des négociants de Quimper qui  les commercialisaient sous la marque Sénéclauze... Comme Margnat à  Lorient, ces vins, les moins chers et les plus forts  du marché  (13 °), se diffusaient dans tous les bistrots et les épiceries de la Bretagne en bouteilles étoilées (qui étaient consignées) ...

 

Ils ont largement contribués à l'alcoolisme local ! » ICI 

 

Les bretons, marins comme terriens, avaient une belle descente, mais leur belle province rétive ne produisait pas du jus de vigne mais du cidre.

 

Et là vous commencez à comprendre que notre mademoiselle M grande voyageuse devant l'éternel allait de bon matin, en compagnie de joyeux drilles, mettre en terre des pieds de vigne, même que c’était des francs de pieds.

 

Louis Bordenave, ingénieur ampélographe écrit :

 

La limite nord pour la culture de la vigne en Europe commence au sud de la Bretagne et s’étire vers l’est jusqu’en Ukraine. Pour donner des fruits, il lui faut un climat favorable, or certaines zones trop froides ou trop humides avec un faible ensoleillement (exemple du nord de l’Europe) sont très défavorables. Les climats intertropicaux sont plus favorables, mais avec une intervention importante de l’homme (taille en vert pour provoquer l’initiation florale). Les climats tempérés sont les plus adaptés mais parfois avec des contraintes, comme l’enfouissement des ceps en hiver dans les climats continentaux (ex : Turquie orientale) car celle-ci gèle en dessous de -15°C. Les pays de l’Europe centrale, occidentale et méditerranéenne sont les plus « viticoles » avec plus récemment les pays outremer où l’on retrouve ponctuellement les mêmes situations agro-climatiques. ICI 

 

Suite à l’épisode tragi-comique de la suppression des droits de plantation en 2 actes :

 

  • Acte 1 : En 2008, une réforme ratifiée par tous les ministres de l’agriculture, y compris le français, prévoyait, en effet, la suppression pure et simple au 1er janvier 2016 des « droits de plantation » qui régulaient jusqu’alors la viticulture en Europe.

 

  • Acte 2 : Face à la mobilisation des grands chefs, appuyée par les élus locaux (j’en sais quelque chose puisqu’en toute hâte on me jeta dans les bras de madame Vautrin, députée de Reims, pour trouver une solution magique : pour faire simple réguler les plantations sans régulateur. Encore une mission qui m’a valu des coups de bâtons d’un certain Bruno Le Maire)  Bruxelles a rouvert le débat. Finalement en 2013, la Commission a décidé de surseoir à la libéralisation totale et a accepté d’instituer les « autorisations de plantation ». Elle a également fixé à 1 % maximum l’augmentation annuelle du vignoble dans chaque Etat membre. Chacun pouvant régler son curseur.
  •  

Ensuite les français, toujours en pointe pour se créer des complications, ont élaborés avec l’administration une grosse usine de paperasses.

 

Mais les bretons, qui n’ont plus de chapeaux ronds – pardon – se sont dit, puisque ça chauffe là-haut, comme les rosbifs du Kent, ce serait peut-être l’heure de dompter la liane.

 

L’auguste Revue des Vins de France titra :

 

La Bretagne, terre de vignes ?

 

C’est le pari osé de Mathieu Le Saux et Noémie Vallélian, qui veulent planter 4 hectares de vigne sur l’île de Groix.

 

C'est à Port-Coustic, que Mathieu le Saux et Noémie Vallelian ont décidé de poser sac à terre en 2017. Leur projet, faire de la viticulture sur l'île grâce au micro climat du sud Bretagne. Titulaire d'un BTS de viticulteur obtenu à Montpellier, Mathieu a fait ses premières expériences professionnelles en Suisse où il a rencontré Noémie plus spécialisée dans le maraîchage biodynamique, l’arboriculture, les vaches, les cochons, brebis...

ICI

 

Et le crachin breton dans tout ça ?

 

  • La pluviométrie sur l’île (900mm/an), notamment, serait semblable à celle de Beaune, en Bourgogne (800mm/an), avec même… un peu plus de soleil ! « le climat breton devrait devenir de plus en plus favorable à la vigne », considère Franck Baraer, climatologue à Météo France. « Le climat va continuer à se réchauffer et, à l'échéance de 50 ou 100 ans, le climat futur de Rennes pourrait être celui de Bordeaux, avec quelques degrés de plus qu'aujourd'hui ». Reste que « comparée aux régions continentales, la Bretagne n'est pas la région qui se réchauffe le plus en raison de la proximité de la mer » et de son pouvoir régulateur.

 

Et le fameux terroir ?

 

  • Le sol, tout en schistes, serait la promesse de vins "exprimant une belle minéralité". Mathieu le Saux. "Le sous-sol de Groix contient des glaucophanes bleus [roche, NDLR]. Dans le monde, très peu de vignes poussent sur ce type de sols", s'enthousiasme-t-il.

 

  • Et les avantages procurés par cette roche sont multiples. "D'abord, la minéralité : on aura un vin avec un goût et une odeur particuliers. Et puis la fraîcheur : on aura de belles acidités", affirme-t-il.

 

Et les cépages ?

 

  • Le choix s’est arrêté sur du hondarribi zuri (cépage basque), du chasselas et du chenin pour les blancs, et du côt/malbec et de la madeleine noire pour les rouges. Des raisins "à la peau épaisse" pour mieux résister à la pluie.

 

Et les sous ?

 

Voir le projet ICI 

 

http://www.fermedeportcoustic.com/wp-content/uploads/GRADUATION-1-150DPI.jpg

 

http://www.fermedeportcoustic.com/wp-content/uploads/GRADUATION-2-150DPI.jpg

http://www.fermedeportcoustic.com/wp-content/uploads/GRADUATION-3-150DPI.jpg

http://www.fermedeportcoustic.com/wp-content/uploads/GRADUATION-4-150DPI.jpg

http://www.fermedeportcoustic.com/wp-content/uploads/GRADUATION-FINALE-150DPI.jpg

 

Le couple prévoit de défricher et planter cinq hectares de vignes au printemps 2019, et espère un rendement de 20 000 bouteilles.

 

Il faudra attendre 5 ans avant la première vendange.

 

En attendant les premières vendanges, attendues pour 2022 minimum, ils exercent l’activité de cidriculteurs. L’an dernier, ils ont produit 7000 bouteilles, distribuées sur l’île de Groix.

 

Ils ont également sur leur ferme, à Port Coustic, avec vue sur mer, des animaux (4 brebis, 1 agneau, 1 bouc, 3 cochons, 2 chiens, 1 chat, 2 pintades, 5 canards, une quarantaine de poules).

 

Mademoiselle M m’a offert ce reportage photos de la plantation.

 

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commentaires

P
Belle aventure à suivre,bien sur. Dommage de ne la découvrir qu'aujourd'hui. Les contreparties alléchantes du financement participatif ne sont plus disponibles.Tant pis, pour frimer en 2021 avec du "vin breton" on repassera.<br /> Pour la petite histoire, de par cheu nous à Strasbourg, nous avons aussi une église dont le clocher est dépourvu de croix. Elle est remplacée par une ancre ( surmontée d'un coq ! )qui en fait office. Cette église, quai des Bateliers était la paroisse de la confrérie des bateliers. A l'époque, le port de Strasbourg était intramuros . On peut en prendre réellement conscience quand on emprunte la rue Prechter derrière les Bains Municipaux du boulevard de la Victoire. Cette rue donne sur le quai des Bateliers avec, à son débouché, pour seul horizon le ciel, exactement comme une rue d'une ville de bord de mer.Ce qui constitue une impression déroutante et inattendue en milieu urbain,mais non dénuée de charme.
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