Suis comme le sieur Dupont du Point j’ai du nez, du pif pour repérer le talent… Lui c’est un cumulard puisque son appendice nasal est son instrument de travail et que de surcroît il est membre d’un jury littéraire présidé par Jean-Louis Debré, l’ex-président du Conseil Constitutionnel, qui décerne le prix du polar européen. Moi je suis du type nullard pour ce qui est classement de pinard mais je suis assez démerdard en ce qui concerne le polar. Il me faut ma dose.
C’était un lundi 13 du mois de mars, je maraudais avant d’aller m’acheter une poêle lorsque je suis tombé en arrêt devant La Daronne d’Hannelore Cayre.
Vous ça ne vous dit rien Hannelore Cayre, le Jacques Dupont compris, mais moi je savais tout d’elle : à vérifier ICI
J’ai acheté, embarqué et lu d’une seule traite La Daronne d’Hannelore Cayre.
Sous le charme :
Comme le dirait Stéphane Pigneul le bassiste d’Oiseaux Tempêtes, groupe de rock alternatif, « Elle envoie du lourd la Hannelore ! »
Son bouquin étiqueté Noir n’est pas cette fois-ci un polar mais une plongée trash dans le petit monde des stups. Comme pour Olivier Norek ça vaut toutes les enquêtes de nos éminents sociologues. C’est du cru puisé aux bonnes sources. C’est troussé sans prendre de gants. La Hannelore n’envoie pas dire ce qu’elle a envie de dire. C’est très politiquement incorrect. Ça va faire chier une tapée de monde à la maison poulagas, au Palais de Justice, dans les maisons de vieux. Tout le monde en prend pour son grade. C’est bien construit. C’est bien écrit. C’est un bouquin à lire absolument.
Et voilà t’y pas qu’ « Hannelore Cayre déboule sur son vélo électrique, au métro Jourdain, son quartier parisien. Insolite, mais inratable. La Daronne, c'est elle. Une grande tige de 54 ans qui rappelle l'actrice Anémone, avec la coupe juvénile de Jane Birkin. Qui pose sur la couverture du roman avec deux sacs Tati et signe le personnage haut en couleur de ce fabuleux roman noir qui va chercher, plutôt que du côté de Simenon, chez Balzac, à l'ère de la PlayStation, et Joyce Carol Oates, son idéal littéraire – « parce qu'elle fait palpiter la chair avec les 26 lettres de l'alphabet », nous dit-elle. »
C’est le 29/03/2017 à 18:00 au POINT car elle a raflé le prix « Le Point » du polar européen 2017 !
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Je ne sais si mon choix, en primeur, a influencé le juré Dupont, celui-ci bien évidemment ne peut révéler sa votation ni nous éclairer sur les délibérations du jury. Mais, je l'avoue, je ne suis pas peu fier d'avoir reconnu avant tout ce beau monde le talent d'Hannelore Cayre!
Et comme je suis un bon garçon je vous propose l’INTERVIEW d’HANNELORE CAYRE : «LE DEAL, JE CONNAIS ÇA PAR CŒUR»
Par Sabrina Champenois
— 24 mars 2017 à 17:56
Au regard du reste de la production polar qui abonde en pavés, «la Daronne» est maigre, 172 pages. «La Daronne» est en réalité plein, pléthorique, et autant poignant que bidonnant.
Extrait :
La religion en prend pour son grade.
« Ah oui, je le revendique, je suis antidieux, tous. Ça n’existe pas, la croyance, c’est un truc pour crétins, c’est parce que l’homme panique à mort qu’il reproduit le seul schéma qu’il connaît, à savoir le père. Et je n’ai aucune compassion pour les mecs endoctrinés. OK ce sont des pauvres débiles, mais à cause d’eux, la société que j’aime a changé, on fouille les sacs, il y a l’état d’urgence permanent, je leur en veux à mort. Nous, dans le cabinet, on refuse de défendre ces gens-là qui crachent sur les lois de la République. Ce livre, avec la vie de cette femme, c’est aussi un témoin d’une société qui change en l’espace de quarante ans, qui devient grave. Moi, je resterai toujours la gamine qui, à 17 ans, skiait les seins nus sur les glaciers. Voile, burkini, burka : moi, je m’en fous, si une femme a envie d’en porter, c’est son problème. Par contre, je dois garder le droit de skier seins nus. »