J’ai reçu hier matin au courrier ce livre par les bons soins de Jean-Paul Barriolade des éditions Libre & Solidaire qui le publie.
Je l’ai lu dans la foulée, avec intérêt.
Je l’ai refermé.
Je me suis roulé une petite cigarette.
Je l’ai fumée.
En clopant j’ai réfléchi, ça m’arrive.
Que faire ?
Écrire une chronique ?
Il y a matière, l’opus est sincère, c'est un plaidoyé très personnel, touchant même à l'évocation du père, irritant aussi avec le côté entre soi de la LPV, très autocentré, intéressant dans la première motié, moins par la suite où certains comptes veulent être réglés et où l'analyse sur les vins de luxe part un peu dans tous les sens dans un doux mélange de morale et de dirigisme.
Ce livre mérite qu’on lui consacrât du temps.
Et pourtant, en dépit de cet intérêt, je ne me sentais pas motivé pour coucher une chronique sur mon espace de liberté.
La raison en est simple : le monde de la dégustation, et plus encore celui des dégustateurs passionnés du vin, m’est étranger. Même si je l’ai côtoyé, parfois même fréquenté, ce n’est pas mon monde. Il y a chez moi, à son égard, une forme d’incompréhension qui me met mal à l’aise. Ça me dépasse. Je n’arrive pas à entrer dans ce type de démarche. Me mettre dans la peau d'un dégustateur passionné est au-dessus de mes possibilités, ça tourne trop en rond.
Dans le doute abstiens-toi me suis-je dis, t'es pas du Cercle, du GJE, de feu Davos du vin, les grands vins ce n'est pas ton truc, tes mots risqueraient d’être mal compris.
Que faire alors ?
M'abstenir !
Ne rien faire, ne rien écrire, c’eut été de ma part une solution de facilité qui ne me convenait guère.
Alors j’ai à nouveau réfléchi et j’en suis très vite arrivé à la conclusion qu’il fallait que je vous sollicite, chers lecteurs, pour que vous fassiez le job à ma place.
Beaucoup d’entre vous êtes, en effet, des passionnés du vin, des amateurs éclairés, et je suis persuadé que vous saurez, bien mieux que moi, faire œuvre de critique littéraire.
Je vous propose donc de candidater via les commentaires ou le formulaire contact.
Si ça vous tente je vous ferai parvenir l’opus par la Poste pour lecture et critique en retour.
Merci par avance.
1 extrait pour la mise en bouche
« Et que dire de cette nouvelle façon d’apprécier le vin sans soufre ? Certains disent que ce sont des vins vivants sans que je puisse comprendre ce que cela revêt de réalité. Dans cette mouvance, on arrive même à se persuader que certaines déviances sont bonnes et source de plaisir. Je ne veux pas juger ici cette mode (car c’en est bien une), mais elle prouve que finalement les goûts, c’est-à-dire le faisceau de saveurs que l’on apprécie plus que d’autres, sont tout à fait changeants et qu’ils ne relèvent pas seulement de cet aspect sensitif, cela est bien plus intellectuel qu’il n’y paraît. Le goût n’appartiendrait pas à l’individu de façon innée, mais plutôt au « groupe », dont d’ailleurs il n’est pas facile de s’émanciper. De ce point de vue, je suis tout à fait certain – même si je les raille parfois –, que les adorateurs des déviances des mauvais vins natures sont tout à fait sincères. Ils sont victimes du phénomène de groupe auquel ils veulent appartenir, jusqu’à en accepter et apprécier les errances. Et il se peut que ce que j’appelle leur errance, ils en aient fait leur classicisme, reléguant et qualifiant le mien au rang de désuet, ridicule, artificiel, même si ce qu’ils apprécient sont des défauts œnologiques. »