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3 février 2016 3 03 /02 /février /2016 06:00
« Vous y verrez la belle Lison. Oui, elle est quelque chose comme cantinière, marchande de singe et de pinard » Albert Londres

Mon grand ami JP Lubot DG délégué de Marie-Claire m’a offert mon HOROSCOPE CHINOIS

 

2016 l'année du Singe

 

« Quand le Singe entre dans l’univers temps (le 8 février 2016), on ne sait jamais s’il s’agit d’un ouistiti ou de King Kong… C’est ce qui est comique ou peu rassurant.

 

Les chinois sont tous d’accord sur une chose : durant l’année du Singe, tout peut arriver ! De la même façon que le Singe oscille entre le fantasque et la grimace, l’humour et la dérision, l’intelligence et la ruse, l’année du Singe peut balancer entre l’imprévisible et l’irrationnel, la surprise et le bouleversement, entre la prise de risque et l’effet boomerang, la spéculation et l’escroquerie…

 

Il paraît qu’il faut avoir des idées lumineuses durant l’année du Singe et que l’argent y est une denrée foisonnante. Vous savez tout ou presque…

 

On rajoutera que 1968 était une année sous le signe du Singe : indice ou fausse piste ? »

 

Diane Boccador

 

Mon titre « Vous y verrez la belle Lison. Oui, elle est quelque chose comme cantinière, marchande de singe et de pinard » Albert Londres 1924. Dante n'avait rien vu, pourrait vous laisser accroire que je vous suggère de manger du singe en buvant votre pinard…

 

Que nenni !

 

Horreur, en Chine, et dans d'autres pays, le singe est parfois présenté vivant et le crâne ouvert aux convives. L'animal est ivre et attaché et ne sera servi que lorsqu'il aura perdu connaissance. On prête à ce plat la vertu de guérir l'incontinence. Rien n'est moins vrai et le consommer n'est pas sans risque. Les cellules cérébrales peuvent en effet être porteuses de maladies graves comme celle de Creutzfeldt-Jakob.

 

Mon singe à moi, c’est du bœuf en conserve, la ration du poilu de 1914-1918. Grâce à la stérilisation inventée par Nicolas Appert au XVIIIe siècle on peut enfermer dans des boîtes en fer-blanc à ouverture facile des sardines, des viandes, des pâtés, des légumes et des fruits.

 

Scène de repas au front, 1915. BM Dijon. Est 2148. Album photographique (fonds Robert). 

 

Le poilu y prend goût, même s'il les dénigre : du « singe », dit-il des boîtes de boeuf !

 

Les plus grandes entreprises comme Cassegrain (1856) ou Saupiquet (1891) sont les principaux fournisseurs et connaissent un bel essor, qui se poursuit après-guerre : tout le secteur profite alors à plein des nouvelles habitudes alimentaires nées de la guerre qui se propagent surtout dans la population urbaine, devenue aussi nombreuse que la population rurale à la fin des années 1920.

 

«Un poilu de mes amis m'a affirmé que jadis les boîtes de boeuf assaisonné portaient un nom de fabricant : Singer, d'où était venu le mot de singe» (Dech1918)

 

«Je me souviens particulièrement du « singe aux oignons », une salade de boeuf de conserve accompagnée de pommes de terre, légumes divers et relevée d'oignons crus.»

 

Jean Renoir 1966. Les cahiers du capitaine Georges - Souvenirs d'amour et de guerre (1894-1945)

 

« On profite de la halte, qui se prolonge, pour manger. Le menu est simple : boules de pain et boîtes de singe. Mais l'appétit est bon et l'on aurait tort de médire de ce boeuf à la gelée que les soldats dénomment singe par dérision »

 

Jean Petithuguenin 1918. La barrière des Vosges

 

« Je tends mon dos à la chaleur qui grandit, en mâchant du singe filandreux et du pain élastique. » 1914-1919

 

« Le singe est la viande en conserve de l'armée, du boeuf bouilli tout préparé, dont la qualité est remarquable. On arrivait toujours à trouver des boîtes, et elles étaient toujours bonnes. »

 

Maufrais Louis J'étais médecin dans les tranchées (2 août 1914-14 juillet 1919)

 

« Et pendant cette soirée du 19 [mai 1916] (soirée d’angoisse et de tristesse), l’on nous a distribué à chacun 4 boîtes de singe, 48 biscuits et 300 cartouches, tout un fourbi qui nous donnait le cafard ; ça commençait à sentir mauvais car les munitions que l’on donnait, ainsi que les vivres, n’étaient sans doute pas pour aller au grand repos ».

François BargeAvoir vingt ans dans les tranchées, Saint-Pourçain-sur-Sioule, C.R.D.P., 1984, p. 17.

 

 

Grande question : le singe est-il du corned-beef ?

 

Oui mais l’appellation corned-beef couvre 2 formes :

 

  • soit en une pièce de viande généralement la poitrine, dite « demi-sel », qui a été préparée dans une saumure,

  • soit en « menus morceaux agglomérés de bœuf maigre, additionnés d'un mélange salant et mis en conserve, qui se consomme tel quel en tranches ne se déchiquetant pas » moulé en forme de pain.

Selon le Dictionnaire du Français non conventionnel de Cellard et Rey, l'appellation serait née au XIXe siècle, lorsque les soldats français en poste en Côte d'Ivoire auraient été réduits à manger de la viande de singe. D'aucuns pensent qu'une étiquette de boite de corned-beef représentait l'animal. D'autres encore rappellent qu'un ouvre-boite faisant partie du paquetage réglementaire en 1916-1918 portait la marque « Le singe».

 

« En 1904, le journaliste Upton Sinclair enquête pendant sept semaines, en vivant parmi les ouvriers, sur les conditions de travail dans les abattoirs de Chicago. La Jungle, le livre qu'il en tire, sort le 28 février 1906 et fait l'effet d'une bombe : il y dénonce non seulement des conditions de vie et de travail atroces, les magouilles électorales, la corruption, le pouvoir des trusts mais y expose aussi, en long en large et en détail, les procédés de fabrication du corned-beef, des saucisses, du saindoux, etc. Les Américains et le monde découvrent l'horreur. Les produits manufacturés contiennent de tout jusqu'aux déchets de fabrication, aux rats, jusqu'à de la viande de bœufs tuberculeux et à celle des ouvriers tombés dans les cuves géantes de préparation des produits ! Le scandale est tel que l'écrivain est reçu par le président Théodore Roosevelt et que le Pure Food and Drug Act, constituant un premier pas pour la protection des consommateurs, est voté le 30 juin de l'année même de la publication de l'œuvre. »

 

« Après le débarquement, le passage de l'armée américaine fut un choc pour les Français : c'est la révélation de l'extraordinaire puissance américaine, c'est la jeunesse et la modernité qui viennent bousculer une France figée dans ses archaïsmes et ses routines. Les Français découvrent les cigarettes blondes, Camel et Philip Morris, le chewing-gum, le corned-beef, le café en poudre, les œufs en poudre, la pénicilline. Les Américains semblent tout avoir, toujours en quantité inépuisable.»

 

Philippe Roger, Rêves et cauchemars américains. Les États-Unis au miroir de l'opinion publique française (1945-1953)

 

Lire La fermentation de la viande : le corned-beef, ce n'est pas ce qu'on croit par l’auteur du livre ni cru ni cuit Marie-Claire Frédéric 

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commentaires

P
Double bévue , il n'est même pas parti dans la chronique indiquée ! ( la vieillesse est un naufrage...) C'était simplement : Pour les amateurs de nourritures spirituelles pensons aussi au Saint Jean d'hiver et son corollaire le Saint Jean d'été.
Répondre
P
La mouche du coche s'est trompée de chronique pour rédiger son commentaire sur le Saint Jean d'Hiver envoyée dans " Tous les problèmes auxquels..."
Répondre

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