Rassurez-vous, je ne suis pas encore sénile et je ne fume toujours pas la moquette ; je ne suis qu’un joueur de GO, j’encercle.
L’une des grandes questions de notre monde est sans conteste : comment nourrir sa population de plus en plus nombreuse ?
Pour tenter de vous répondre je vous propose de lire cet échange entre le dernier roi socialiste George Akbar Ier, et son premier Ministre Hodge lors de leurs « ballades rurales » dans la « véritable Angleterre ».
- Contrôle des naissances, répétais-je. Des familles plus petites, maintenir la taille des exploitations, empêcher le morcellement. C’est ce que recommande l’Inpatco*, je crois.
- Et la main d’œuvre ? Vous avez entendu ce qu’il disait !
- Il faut mécaniser. Que l’Inpatco libéralise d’abord les faucheuses et les lieuses, pour rentrer les moissons, et ensuite, afin d’augmenter les rendements…
- Non ! tonna Hodge. Lâchez la machine dans la campagne et elle dévorera hommes et femmes. Elle détruira l’harmonie de la nature. Ces belles haies devront être arrachées pour laisser le passage à d’infernales mécaniques. Et alors on aura de grosses fermes, de plus en plus grosses, et une armée déguenillée d’esclaves salariés pour accomplir les tâches dont les machines et les produits chimiques ne sont pas encore capables. Et ça, il y en aura de moins en moins, car la technique évolue ! Ça donnera soit ces fermes collectives mécanisées que préconise cet imbécile de Marx dans son Manifeste communiste, soit des sociétés agricoles et alimentaires privées pratiquant les mêmes cochonneries, et ce sera le retour du capitalisme ! Fameux choix ! Non – et, citoyen roi, si ce sont vos amis de l’Inpatco qui vous donnent des idées pareilles, je vous interdirai d’y retourner !
[…]
- Bon dis-je conciliant. Alors nous n’avons pas de solution. Et nous avons négligé un facteur : l’approvisionnement des villes et des autres secteurs non agricoles […] Je sais que c’est contraire à vos principes, mais nous pourrions importer.
- Non, répliqua Hodge. Ça finirait aussi mal que la mécanisation. Du blé de mauvaise qualité, du mouton et du bœuf congelés. Des ananas en boîte. La ruine absolue de tout ça… »
L’Inpatco : l’International Patent Convention dont le slogan venu d’outre-Atlantique était « C’est tellement américain de vouloir mieux. »
Extrait du livre de Roy Lewis « La véritable histoire du dernier roi socialiste» publié en en 1990 en Angleterre et en 1993 par Actes Sud en France.
«Ce livre appartient à un genre très particulier de la science-fiction: l’uchronie. Ce thème littéraire consiste à créer un point de divergence dans l’Histoire donnant ainsi naissance à une Histoire alternative, différente de celle que l’on est censé avoir apprise à l’école. Cette parfaite illustration de l’effet papillon est intéressante à plus d’un titre:
- Elle compte souvent, parmi ses protagonistes, des personnages historiques. On retrouvera par exemple Churchill et bien d’autres dans ce roman.
- Elle nous donne à réfléchir à l’importance des détails, à nous faire prendre conscience que le destin du monde aurait pu être différent.»