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6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 02:00

« Tout ce que je ne supporte pas à un nom.

 

Je ne supporte pas les vieux. Leur bave. Leurs lamentations. Leur inutilité.

 

Pire ceux qui essaient de se rendre utiles. Leur dépendance.

 

Les bruits qu’ils font. Nombreux, répétitifs. Leur besoin compulsif de raconter des anecdotes.

Leurs histoires autocentrées. Leur mépris pour les générations suivantes.

 

Je ne supporte pas les générations suivantes non plus.

 

Je ne supporte pas les vieux qui gueulent pour qu’on leur laisse la place dans le bus ;

 

Je ne supporte pas les jeunes. Cette arrogance. Cet étalage de force et de santé.

 

La prétention à l’invincibilité et à l’héroïsme des jeunes c’est pathétique.

 

Je ne supporte pas les jeunes impertinents qui ne laissent pas leur place aux vieux dans le bus.

 

Je ne supporte pas les racailles. Leurs éclats de rire soudains, débraillés, inutiles. Leur mépris pour leur prochain dès qu’il est différent.

 

Encore moins les jeunes raisonnables, responsables et généreux. Bénévolat et prières. Tout à fait polis, tout à fait morts. Dans leurs cœurs et dans leurs têtes.

 

Je ne supporte pas les enfants capricieux centrés sur eux-mêmes ni leurs parents obsessionnels centrés sur leurs enfants. Ni les enfants qui hurlent et qui pleurent. Et les enfants silencieux m’inquiètent, je ne les supporte pas non plus. Je ne supporte pas les travailleurs, ni les chômeurs qui étalent avec complaisance et sans scrupules leur malédiction divine.

 

Qui n’est en rien divine. Juste un manque de constance. Pourtant, comment supporter ceux qui se dévouent pour les luttes, les revendications, qui ont le meeting facile et la sueur aux aisselles ? Impossible.

 

Je ne supporte pas les patrons. Inutile de préciser pourquoi. Je ne supporte pas les petits-bourgeois, enfermés dans la coquille de leur monde à la con. La trouille qui commande leur existence. La trouille de tout ce qui n’entre pas dans cette coquille. Snobs, et ignorant ce que ça veut dire.

 

Je ne supporte pas les amoureux, parce qu’ils encombrent. Je ne supporte pas les amoureuses, parce qu’elles interviennent. Je ne supporte pas ceux qui ont l’esprit large, tolérant et sans préjugés. Toujours corrects. Parfaits. Irréprochables. Acceptant tout, sauf le meurtre. Tu les critiques et ils te disent merci, aimablement. Bref, ils te posent un problème.

 

En fait, ils boycottent la méchanceté. Insupportable. Ils disent : « Comment çava ? » et veulent une vraie réponse. Au secours. Mais quelque part, sous cet intérêt désintéressé, ils couvent des couteaux.

 

Ceci dit, ceux qui ne posent jamais de problème, Je ne les supporte pas non plus. Toujours obéissants et rassurants. Fidèles et flagorneurs. »

 

Suivent trois pages serrées de « Je ne supporte pas non plus… »

 

La chute est superbe

 

Je ne supporte rien ni personne.

Ni moi. Surtout pas moi.

Je ne supporte qu’une chose.

La nuance. »

 

Tout ceci est la fausse préface du livre culte  « Hanno Tutti Ragione » de Paolo Sorrentino, publié par Feltrinelli en 2010 et par Albin Michel en 2011 sous le titre « Ils ont tous raison ». Sorrentino est  un quadragénaire né à Naples, déjà réalisateur de films à succès dont Il Divo prix de la critique à Cannes.

paolo-sorrentino2.jpg

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commentaires

L
<br /> <br /> @ Grisard<br /> <br /> <br /> Oui, E = mc2.<br /> <br /> <br /> Rappelons que E, c’est l’énergie de masse. Je crains que, pour le<br /> moment, la masse ne dispose que d’une énergie potentielle. Nous ne sommes pas dans une cinétique populaire. Ensuite, m désigne la<br /> masse elle-même. Cette consonne est en fait l’abbréviation de « molle », car la masse est très molle pour l’instant et, pardonne-moi par avance Jacques, son porte-drapeau en France est<br /> taxé du même qualificatif. Moi, je n’ai pas de jugement péremptoire d’autant que le lien indéfectible qui sépare d’un fossé infranchissable la Flandre et la ... Hollande ne se porte pas garant de<br /> mon objectivité. Enfin, c symbolise la vitesse de la lumière. Et au carré encore bien ! Bon, va falloir faire vite si on<br /> veut se désarkomaniser.<br /> <br /> <br /> Ce petit billet restera dans les annales comme le plus parfait exemple d’esprit d’escalier. En même temps, il distille inconsciemment<br /> et des vacheries, et des vérités intemporelles.<br /> <br /> <br /> Je remercie M. de Pretto pour sa relecture critique de mon texte.<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> à propos de mou : un extrait du tout début de mon roman du dimanche<br /> <br /> <br /> « Le plaisir du hot-dog je l'avais découvert grâce à l'une de nos voisines dans mon pays<br /> crotté et ignare, une alsacienne émigrée là par le hasard d'un mariage avec un Parisien qui lui ne savait pas trop pourquoi il était resté là à faire le garagiste après la Libération. Ce fut par<br /> le truchement de la choucroute que j'arrivai à la saucisse. La Strasbourg ou la Francfort, je ne sais plus très bien, mais ce que je sais c'est que le jour où, la mère Raymonde - la femme du<br /> pompiste donc - glissa dans une baguette de pain, transformée en une sorte de tuyau tiède, une saucisse qu'elle venait d'oindre de moutarde, je tombai sous le charme du hot-dog. Un sandwiche qui<br /> porte bien son nom. Cette histoire je l'avais bien sûr raconté à Marie en m'extasiant sur l'étrange alliance sous la dent du mou et du fort. Elle avait beaucoup ri mais elle aussi s'était<br /> convertie. Nos envies soudaines et irrépressibles de hot-dog nous voyaient nous précipiter, sitôt la séance de ciné terminée, au comptoir de notre pote Ali. Aujourd'hui, il n'a rien dit Ali. A<br /> voir ma gueule de déterré il a du se dire : elle est partie. Alors il a fait comme si notre pote Ali. Marre des souvenirs, j'étais mal. Et puis merde, c'était le saucisson-beurre de notre premier<br /> jour au Conti qui me prenait la tête. Ali m'a dit " c'est moi qui t'offre aujourd'hui. J'ai répondu " merci " et je suis parti. Face à moi le bitume de la Place du Commerce m'apparaissait comme<br /> un lac gris, hostile. Traverser, gagner la Place Royale, affronter la serre vitrée du Conti. Que des souvenirs heureux... Fuir ? Y aller ! J'y allais d'un pas décidé et le rire de Marie m'y<br /> accompagnait. »<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> Luc, Une belle illustration de la théorie de la relativité! Les privilèges par rapport à quoi?  Crois tu que Mme Bettencourt est plus heureuse qu'un Kogi en Amazonie, si nous les "civilisés"<br /> n'étions pas venus pour piller le bois et prendre leur terre? C'est bien l'homme qui pollue le bien-être de ses concitoyens.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> @Grisard : parce que, pour beaucoup de gens, elle est devenue insupportable. Vous – et moi aussi, NB – en tirons encore plus de plaisir que de désagréments CAR NOUS APPARTENONS AUX PRIVILEGIES. Tout est relatif : il<br /> n’y a plus de fuel (fioule, écrivez-vous) dans ma citerne (à mazout, comme on disait dans mon pays d’origine) car il m’est impossible d’en acheter pour l’instant. Mais il fait 18-19 °<br /> dans la maison (près de Perpignan) et, pour un Flamand, c’est encore fort douillet. Pour les RSA-istes d’ici, ils se les caillent !<br /> <br /> <br /> D’autant qu’eux, en plus, ils ne foutent rien. Je ne leur jette pas la pierre, il n’y a RIEN à faire. Perpignan est officiellement la<br /> ville la plus pauvre et la plus précaire de l’hexagone.<br /> <br /> <br /> Les 2 plus gros employeurs du département sont Cémoy (un chocolatier) et Carrefour ! Quel espoir, quel enthousiasme.<br /> <br /> <br /> Moi, je m’en fous (rassurez-vous, ce n’est pas vrai) : je suis un hypertendu sévère, je me traite à l’insuline et je serai mort<br /> dans 10 ans (d’après les statistiques; et c’était mon métier, elles sont fiables). Entretemps, Catherine Ringer tourne sur la platine : - « J’espère que ce concert vous plaira,<br /> hurle-t-elle, et qu’il aurait plu à Fred aussi !!!!! » Oui, POUR NOUS la vie est encore belle.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> PS : Je rassure le Taulier (qui comprendra), il y a des chauffages d’appoint dans certaines chambres à<br /> coucher.<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> C'est LA maladie chronique de notre temps, ou de notre pays? TOUT VA MAL.<br /> <br /> <br /> Les médias vivent de ce mouvement. Il accentuent une psychose ambiante catastrophique.<br /> <br /> <br /> Les optimistes passent pour des irresponsables.<br /> <br /> <br /> Et pourtant, la vie à vivre, malgré ses difficultés, est exceptionnelle et unique. Pourquoi l'habiller de noir?<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> juste un peu longuet, son catalogue à ce Céline du pauvre, tout est dans tout et inversement!<br /> <br /> <br /> <br />
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