Je lis sur le portail de mon éminent confrère «Terre de Vins» que le salon Vinisud «victime de son succès» - la victimisation positive est un concept très tendance - voit fleurir à ses portes «une kyrielle de salons off plus ou moins fournis et suivis. Un salon off consiste en général à la réunion de plusieurs vignerons dans un endroit convivial, genre un restaurant, une petite salle, une grange, un domaine viticole, une cave, sans différences les uns avec les autres si ce n’est les vins et la tête du bonhomme» et de s’étonner «de ne pas assister dans les rues de Montpellier à une enfilade de lieux branchés, à la manière du festival d’Avignon, dont le off est devenu désormais o combien officiel !»
Vous comprendrez aisément que mon goût immodéré pour la biodiversité, mon penchant naturel pour tout ce qui diffère de la pompe officielle, mon amour pour celles et ceux qui empruntent des chemins de traverse, me prédisposent à poser un regard bienveillant sur cette profusion de vignerons et vigneronnes atypiques. Alors pourquoi n’ai-je pas pointé le bout de mon nez en ces lieux de convivialité ? Tout bêtement parce que je n’ai pas pu faute de pouvoir aller et venir facilement du In vers les Off et entre les Off puis le In et lycée de Versailles. En effet, puisque les Off veulent profiter de l’aubaine du déplacement vers Vinisud d’acheteurs de tout poils et de toutes nationalités, ils doivent se rendre à l’évidence première que ceux-ci portent d’abord leurs pas vers le magnifique Parc des Expositions perdu dans un lacis de voies peu carrossables. Les off sont donc des petites cerises sur le gros moka et, dans ce cas, l’exemple précurseur du Festival d’Avignon ne tient pas car là-bas il suffit, au fil de ses pas, d’aller et de venir, de choisir, de prendre son temps, de se poser à la terrasse d’un café, de goûter l’extrême plaisir de la flânerie entre les grosses compagnies et les small is beautiful.
À Vinexpo, profitant du beau temps, des pistes cyclables du maire de Bordeaux, j’avais réglé la question des moyens de locomotion à l’aide d’un vélo. Ici, dans la patrie du Leader Maximo, même si la température eut été plus clémente, enfourcher une bicyclette aurait relevé du suicide. Alors louer une auto ? Dans cette hypothèse, vu le plan de circulation, les travaux en tout genre et le bordel des parkings du Salon c’était me condamner à passer une bonne part de mon « précieux » temps au volant d’une auto. Donc mauvaise pioche ! Restait à réquisitionner un taxi pour faire le tour des Off. Là c’est ma bourse qui en aurait pris un coup vu la tarification « usuraire » de cette belle profession. En effet, contrairement aux USA où il est possible de négocier un prix de journée avec un taxos, dans notre beau pays le compteur tourne sans possibilité de transiger. Donc, exit le taxi ! Me restait, soit la bagnole d’un copain ou la marche à pied doublé d’auto-stop mais j’y ai renoncé de peur de me retrouver abandonné à mon triste sort dans un terroir reculé de la Septimanie chère au cœur du Grand Leader Maximo qui se fout de mes affres de besoins d’auto vu que lui il en a une avec chauffeur. Au fait j’aurais pu demander au Grand Jojo de me prêter sa grosse auto pour m’extirper des hangars de Vinisud.
Sauf à vouloir en rester à la « débrouille » personnelle, ce qui ne colle pas vraiment avec le souci affiché des Off de draguer les flux d’acheteurs venant à Vinisud, le problème de la fluidité, de la facilité des déplacements est-il soluble pour la prochaine édition ? Ma réponse est oui. D’abord, via le Net, les blogs, les sites communautaires vous pourriez peut-être vous causer, et nous causer, même si vous êtes adeptes du « Hors Piste » ou que vous soyez «Les Amis de Laurent Bazin » ou que votre « femme est à la vigne » ou que vouliez que nous « venions à la source » ou que vous « soyez entre filles » ou en « melting potes ». Rassurez-vous je ne vous demande pas de vous grouper sous le même toit car ce serait sans doute attentatoire à votre singularité. Mon souhait c’est, qu’à minima, vous nous transmettiez un plan général des lieux de vos festivités, avec coordonnées claires pour GPS et, bien évidemment, avec le magnifique Parc des Expositions de Jojo le Maximo comme point de départ. Mon vœu le plus cher serait que vous puissiez imaginer un système souple de transport, soit par un ou plusieurs véhicules mis en commun, soit par l’organisation d’une bourse de covoiturage mettant en relations les pékins et les pékines comme moi qui errent sous les tôles de Vinisud alors qu’ils rêveraient de se trouver devant un beau buffet d’Anthony Cointre cuisinier ambulant à embeurrer leurs tartines pour déguster les fromages de Jean-Yves Bordier. J’ajoute que ce service rendu a un coût et que mettre la main à sa poche me semble dans l’ordre des choses.
À la prochaine sur vos vins, chers off (prononcer chers zoft), en espérant que les organisateurs de Vinisud et les multiples discoureurs encombrant les tribunes veuillent bien cesser de s’auto congratuler pour penser que les « clients » de Vinisud ont droit à un service maximal et non à un j’m’en foutisme ripoliné par des communiqués de presse triomphant.