J’ai reçu ce courrier d’un vigneron de mes amis Olivier de Moor.
Je le porte à votre connaissance car il met le doigt sur le poids d’un corporatisme rétrograde qui maquille sa soi-disant défense des vignerons pour mieux préserver son modèle en voie de dilution « AOP-IGP pour tous ».
L’argument de la régulation de l’offre, par l’octroi de droits de plantation administré, est une plaisanterie de garçons bain, les crises bordelaises et cognaçaises l’ont en leur temps démontré. L’adaptation de notre potentiel de production est essentiellement liée à notre capacité de produire et de vendre de la valeur vin et celle-ci est créée par des vignerons à fort potentiel de clients. Distribuer des droits en pluie fine, pour satisfaire des clientèles locales, revient à créer du vin chez des vignerons ou des caves qui le vendent « mal » essentiellement sur le marché domestique dominé par la GD. On détruit de la valeur en créant de la surproduction sur des segments saturés, on tire le marché vers le bas au détriment des vrais créateurs de valeur. L’histoire de la décennie 2000-2010 nous a vus perdre des parts de marché et, à ce train-là, dans celle en cours, nous érodons plus encore nos capacités de croissance. La structure de nos exportations fait illusion mais pour combien de temps encore.
Formidable, tu étais formidable, j'étais fort minable
« Rien n'est jamais simple en notre beau pays. Considérant la perte d'image de certaine de nos appellations, mais aussi leur cadre standardisant, depuis plusieurs années nous préférons développer notre marque sans usage des AOC. En conséquence nous vendons une partie de nos Bourgognes génériques, en Vin de France. La raison technique est soit une mise précoce de vins destinés à un consommation rapide, soit à l'inverse des vins très murs avec présence de sucres résiduels.
La clientèle nous suit et comme pour les vins d'AOC nous manquons de vins. Il est à noter que nous avons toujours revendiqué l’AOC CHABLIS.
Après appel auprès de l'INAO Dijon, il nous a été expliqué que si il y a repli en Vin de France, nous ne pouvons plus revendiquer d'appellation en général pour une nouvelle plantation. Auparavant cela concernait simplement une appellation au sens strict. A savoir à titre d'exemple que si on se repliait du Chablis, on ne pouvait revendiquer de nouvelle plantation en Chablis. Les zélateurs ont poussés le bouchon plus loin en disant que si on se replie d'une seule, on perd le droit de toute nouvelle plantation en AOC.
Je dis encore bravo à notre beau pays pour sa pertinence économique. Là c'est quand même une antiphrase.
Donc, nous allons développer soit les Vin de France en plantation si la possibilité existe encore. Elle existait l'an passé. Ou bien nous allons faire de nouveaux petits achats dans le Sud.
Ou encore faire du conseil à l'étranger pour continuer un peu plus de concurrencer les vins français puisque cette offre nous est faite.
Je comprends bien qu'au final il faut rester dans le moule. Si on s'en écarte on vous oblige à choisir : en conséquence, c'est soit vous en êtes soit vous partez.
Et donc, si vous n'avez pas assez de vin, pour vous accroitre, vous devez encore rester dans le moule. Et si vous faites du négoce, bien souvent et surtout sur des appellations comme les nôtres, vous devez rester sur les critères les moins ambitieux car pour les financer, surenchérir sur les prix de gros de nos appellations, cela devient très dur de tenir cet effort dans le temps.
C'est un des aspects du nivellement vers le bas.
La question que je me pose est, sachant que je suis encore prêt à travailler: comment mettre en place une « stratégie » pour répondre à la demande et aux nouvelles contraintes justifiées et injustifiées ? Ça pourrait ressembler à ce qu'on appelle un élément de la croissance... si on m'écoutait...
À force de non-choix, de conforter des situations acquises, notre pays est pitoyable, aveuglé.