
Le slow est à la danse ce qu’est la musique militaire à la musique : un vecteur d’assaut. Alors que le tango c’est la charge de la brigade légère, tout en élégance et en mouvement chaloupé, le slow lui s’apparente à la lourde progression des Panzers lors de la percée des Ardennes. Dans la classique drague de bal du samedi soir l’irruption du slow, s’accompagnant d’un tamisé de lumière, voyait la ruée des mauvais danseurs sur les filles qui faisaient tapisserie. Qu’importait le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse... Sauf qu’un jour, l’un de nous, la lumière revenue à un bon niveau d’intensité, s’aperçut que sa belle était fort moustachue.
Dans la panoplie des slows à forte capacité d’emballage « Sag Warum » de Camillo Felgen occupait une place toute particulière. Unique, c’était le slow rauque, dans une langue, l’allemand, peut usitée dans nos contrées depuis le départ un peu forcé de France des uniformes vert de gris. Et pourtant, ce « Pourquoi ? » que nous ne comprenions pas nous donnait des frissons et le désespoir de l’homme abandonné par la femme qu’il aimait portait notre libido très au-dessus du point de fusion. Ce n’était que la reprise d’un « Oh why ? » bien mièvre des Teddy Bears mais 50 ans après « Sag Varum » garde toujours son énorme pouvoir d’attraction sur les corps des couples d’occasion... Un détail : Camillo Felgen était luxembourgeois, il présentait une émission en langue allemande sur Radio Luxembourg.