Je voue aux Vins du Sud tout autant que l’ami Smith une passion ancienne car j’ai beaucoup donné de ma sueur aux hommes et femmes de cette belle région. Alors, lorsqu’ils tiennent salon dans la « capitale du Sud », ce sémaphore grandiose érigé par son ex Senator-Mayor pour guider vers la Septimanie les peuplades égarées par le luxe tapageur de l’astre bordelais, je quitte le cœur joyeux celle de la France où je coule des jours heureux.
Le voyage sur Air France se déroula sans heurts nous sommes à l’heure. Tout au bout de l’aérogare Montpellier-Méditerranée un grand bus, genre colonie de vacances ou club du 3ième âge attend. Dedans nous sommes 3 pelés et 2 tondus mais je ne vais pas chipoter même si j’eusse préféré des navettes plus petites et plus mobiles donc plus réactives. Certains m’objecteront que des taxis étaient à ma disposition. Je leur rétorquerai que l’acheteur à toujours raison et que ce salon, que je sache, est organisé pour me satisfaire. Arrivé à bon port le système des badges pré-imprimés fonctionne bien. Félicitations.
Premier désagrément sitôt passé le contrôle : le discours fleuve du « Leader Maximo » local entouré d’une brochette d’une bonne vingtaine de pékins et de pékines, imperturbables, buvant ses paroles tels des délégués au Soviet Suprême au temps béni des hiérarques cacochymes de l’ex-URSS. Pourquoi diable nous infliger à nous qui venons « faire du commerce » ce flot de paroles destiné à la gente locale. Les cours de marketing international, les conseils à ceux qui vraiment vendent du vin, les souvenirs foireux débités en maximes, nous n’en avons que faire. Quelques mots de bienvenue nous suffiraient.
Vinisud se veut un salon de classe internationale. Pourquoi pas, la qualité de l’offre présente le justifie amplement mais comme le chantait le Charles Aznavour à sa dulcinée : Vinisud « tu te laisses aller ». Tout d’abord, franchement, nous remettre pour nous guider un catalogue officiel, aussi lourd qu’une bible, peu maniable, relève d’une conception de foire-exposition. Le dépliant-carte est tout aussi malcommode. En effet, dans la mesure où la signalétique de Vinisud semble tout droit sortie du cerveau d’un Polytechnicien rêvant de concevoir des échangeurs d’autoroutes à Los Angelès, avoir en main un outil de repérage est de la première importance. Sans doute suis-je un emmerdeur dont les neurones ne sont pas à la hauteur du génie du lieu mais à l’heure du GPS embarqué dans les i-phone ne serait-il pas temps, pour ceux dont le métier est de nous simplifier la vie, de vivre avec leur temps. Autre détail qui relève d’une forme de j’m’en foutisme : la rareté des toilettes et leur balisage insignifiant. Au niveau du salon VIP les 2 toilettes étaient floquées par le pictogramme : femmes et quand j’y pénétrais j’avais le sentiment d’être un vieux salingue venant se rincer l’œil.
Par bonheur, à l’intérieur du salon, une fois le stand repéré, l’accueil redonnait du moral. Un détail cependant : une forme de logique quantitative semble présider l’allocation d’espace à Vinisud, où la présence de stands institutionnels, que l’on retrouve au Salon de l’Agriculture, comme pour les discours d’inauguration, relève d’une approche purement locale bien éloignée des visées internationales. Au-dedans donc, avec les contraintes de bâtiments inadaptés et obsolètes, je n’irai pas au-delà de ces remarques car le summum du j’m’en foutisme fut atteint le lundi soir lors de la rupture du salon. Nous avons eu droit à un gigantesque embouteillage à la sortie des parkings. Aucun plan de circulation, quelques képis égarés et lointains, le démerdez-vous érigé en doctrine. Coincés comme des rats dans les parkings par des nœuds de voiture aux issues il a fallu, dans notre cas, que notre chère comtesse Miren de Lorgeril aille faire elle-même la circulation sur la chaussée pendant un bon ¼ heure pour nous permettre de nous extraire de ce merdier. ¾ d'heure pour sortir : bilan carbone génial. Merci à tous ceux organisateurs et édiles de nous avoir ainsi chouchoutés. Comme un bonheur n’arrive jamais seul, la zone Vinisud bénéficiait de travaux routiers en tout genre. Bravo pour les ingénieurs programmeurs de travaux !
Le mardi, fort de cette expérience, pour mon retour vers Paris en TGV je m’enquis des horaires de la navette pour la gare de Montpellier. Réponse « y’en a pas ! » Pourquoi ? Réponse stupéfiante : « car on ne peut pas se garer devant la gare de Montpellier ». Hallucinant et surtout inexact : il eut fallu prévoir des « petits véhicules d'une dizaine de places et non des grands cars encombrants » Oui mais ça coûte. J’en conviens : le service à un prix. Donc je réserve un taxi avec une marge de temps pour m’éviter les désagréments de la veille. Bien m’en a pris car aucun couloir prioritaire n’était prévu pour les transports collectifs. De nouveau plus d’un ¼ d'heure pour rejoindre la chaussée. Pas l’once d’un képi ou d’un facilitateur. Par bonheur nous sommes arrivés à l’heure car c’était le dernier TGV et comme la grève des aiguilleurs de l’air nous privait d’avions nous aurions du coucher dans un Montpellier où les places libres d’hôtels n’étaient pas légion.
De grâce ne me faites pas le reproche d’être un enfant gâté, un nostalgique des ors de la République habitué à la voiture avec chauffeur. Ici je me suis mis dans la peau de John Workaholic importateur de vins de South of France venu à Vinisud pour faire son métier. Quand on ambitionne le statut international il faut se donner les moyens de son ambition ou alors jouer la carte de la bonne franquette chère à l’ami Vincent Pousson. Même dans cette hypothèse un soupçon d’organisation ne nuirait pas à la convivialité, bien au contraire. Reste à lever un dernier mystère : pourquoi avoir baptisé mon ricain Workaholic ? Pour deux raisons : la première est phonétique ; la seconde : la voici. Important lire en Wine News N°70 David Khayat ancien directeur de l’INCa déclare au Nouvel Obs. « Le vin n’est pas cancérigène »
En 1986, sur les conseils de François Clos, chef du Service des Haras Nationaux, pour introduire du sang américain dans notre race de trotteur français, j’ai de ma blanche main de directeur-adjoint de cabinet autorisé l’acquisition de Workaholic, un crack américain. Le chèque était d’importance (voir ci-dessous). Prise de risques certes, d’autant plus que ce cher étalon sitôt arrivé sur notre sol eut la bonne idée de perdre un de ces testicules, mais le résultat fut là. Tout ça pour vous dire qu’avant d’être vendeur de vin puis d’idées sur le vin je fus importateur de chevaux. Pour faire plaisir à Vincent Pousson et fluidifier le trafic à Vinisud un retour en force des diligences ou des cabs serait peut-être bienvenu sur le territoire du « Leader Maximo ».
WORKAHOLIC, une carrière au service de l’élevage
« Après 17 saisons de reproduction et 1471 juments honorées, Workaholic prend une retraite méritée, avec un physique et un mental bien conservés. Il vient de regagner le Haras du Pin, site privilégié d’une grande partie de sa carrière. Acheté plus de 11 millions de Francs à l’époque (+1.677.000 €), son achat était judicieux.
Des origines « Made in USA » :
Issu de Speedy Crown et Ah So par Speedy Count, Workaholic est né le 15 mars 1982 aux USA. Son père est l’un des très grands Chefs de race aux Etats Unis et sa mère a produit d’autres bons gagnants.
Sa carrière sportive s’est déroulée aux Etats Unis
Il a couru à 2 et 3 ans, sacré meilleur 2 ans de sa génération pour avoir remporté les courses suivantes : Harriman Challenge Cup, Matron Stakes, Hanover Hampt Stakes, Eliminatoire de P. Haughton Mémorial et la Breeders Crown des 2 ans. Son palmarès comprend un total de 14 victoires et 8 places et 830 705 $ US. Sa meilleure réduction est de 1’11 en 1984.
Tête de liste des étalons avec ses premières productions
Entré au Haras en 1986, il a effectué 3 saisons de monte avant d’être exporté en France.
Il est tête de liste des pères de gagnants sur le circuit du New Jersey en 1991.
Un tirage au sort dès son arrivée en France
Dès sa première saison de monte, un nombre très important de demande de cartes de saillie arrive au Haras du Pin où il est stationné. Le tirage au sort s’impose. Le nombre de 100 cartes autorisées est largement atteint ; il n’est délivré en moyenne qu’une carte pour 20 demandes ! L’élite de la jumenterie Trotteur Français peut rencontrer ce phénomène venu d’Outre Atlantique.
Il quitte la Normandie en 2001 pour la région Aquitaine (Villeneuve sur Lot), puis repart vers le Nord en 2003 (Compiègne). Il regagne Le Pin au cours de l’automne 2005.
Une production exceptionnelle
Un peu plus de 1000 produits sont nés, et 541 ont déjà été qualifiés. Les plus jeunes vont sans doute suivre les traces de leurs aînés. Les records tombent : par les réductions kilométriques qui n’en finissent pas de descendre, par le prix de certains poulains, par le nombre d’étalons issus de Workaholic (26 à ce jour). Il serait fastidieux de tous les nommer, mais il faut reconnaître que la production est à l’image de ce phénomène : EXCEPTIONNELLE.
Quelques produits marquants :
Carpe Diem, Cygnus d’Odyssée, Classe de Tillard, Hermès Pericard, Italica Gédé, Lara du Gouttier, Lejacque d’Houlbec, New Orléans, Noora de l’Iton …