« Le rosé ne connaît pas la crise ! » proclame « Terre de Vins », c’est tout juste si le troupeau des suiveurs de tendance n’entonne pas en chœur : « La vie en rose » d’Edith Piaf. Décliné en rosé, gris, œil de perdrix, claret, blush, pelure d’oignon… de saignée, de macération, de soif... le vainqueur par KO des grisouilloux de la Commission prend des allures de starlettes sur la Croisette de Cannes. Afficher son rosé est du dernier chic : même que le très « prout, prout, ma chère... venez donc baver devant les clichés de mon intérieur in the Luberon » Côté Sud, se paye le luxe dans son numéro hors-série d’été de proclamer un rosé « pur jus de Grenache » de la DO Terra Alta : MÁS AMOR comme étant un des vins de l’été 2010.
Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer l’acte de naissance de ce MÁS AMOR « C’est un petit paysan des montagnes catalanes, né sur les balcons de l’Èbre, ce fleuve majestueux qui fend comme une orange la péninsule ibérique. MÁS AMOR est la rencontre d’un terroir et d’un désir : concilier, marier la vérité, la fraîcheur virgilienne de cette appellation d’altitude qu’est la DO Terra Alta à l’énergie, à la soif de liberté de Barcelone. » Bravo l’artiste, mais j’avoue que la plume de Ramón Sender avec son « Requiem pour un paysan espagnol » chez Attila m’a elle vraiment émue.
Mais de l’autre côté des Pyrénées pour ne pas être en reste d'une enluminure, sous le titre très post-Libé : « Rosé n’est pas coupé » l’éditorialiste de Terre de Vins a la plume légère : « Les idées reçues reposent souvent sur une simplicité d’observation. Si nous savons tous que les garçons ne naissent pas dans les choux mais qu’ils y restent parfois, il est facile d’imaginer que le vin rosé consisterait en un mélange de vin rouge et de vin blanc. Certes, ce n'est pas absurde, en témoigne le succès des champagnes rosés ! Cependant, le rosé jouit d’une toute autre histoire, plus intime, plus passionnelle parfois, et s’il ne naît pas forcément dans les mains d’une femme, il s’élabore précisément selon une étreinte mesurée ou un contact plus ou moins prolongé. Le rosé serait alors un équilibre, une nuance de teinte et une harmonie de saveur, un trait d’union autour d’une table. Comme les hirondelles pour le printemps, il annonce l'été, le soleil, les terrasses, le bord de mer, les piques niques et les barbecues. Un avant-goût des vacances. »
Il faut oser ce pur style à l'eau de rose avec une touche empruntée à MP Lannelongue du Nouvel Obs, un coup de blush les filles !
Et puis, puisque nous sommes à la veille du Mondial de Football sous la houlette des omniprésents B&D un match des rosés de Provence et du Languedoc-Roussillon, les plus grandes régions productrices de ce vin en France, est organisé. N’en jetez plus je suis au bord de l’Over-Rose.
Je sais, les ravis de la crèche vont protester « Jamais content ce Berthomeau ! » Inexact, j’estime que mon engagement ancien pour le rosé, longtemps tricard, ringard, me permet d’ajouter ma touche perso au tableau rose bonbon que nous livrent les gros consommateurs d’encarts publicitaires.
1ier Tableau : Le camping des Flots Bleus d’Arcachon, Franck Dubosc, alias Patrick Chirac, son Marcel « rose fluo », sa phrase culte « y’a plus de Benco », son maillot « moule-bite » ça fait 5 470 000 entrées en France, ce qui nous vaut un Camping 2. Respect ! Sans vouloir faire de parallèle osé c’est un peu ce qui arrive à notre star du moment le rosé.
2ième Tableau le Rosé vu par Peter Mayle le plus méridional des Anglais, bien connu du côté de Bonnieux, fait Chevalier de la Légion d’honneur en 2002, pour coopération et francophonie, dans son dernier roman « Château l’Arnaque » chez NiL.
Sam* servit le vin dont la robe, d’une couleur plus soutenue que celle des vins pâles qu’on aimait à L.A, était assortie au rose du saumon fumé des sandwiches. Il leva son verre au soleil, prit une gorgée et la garda un instant en bouche. Un vrai goût d’été. Après une matinée passée avec l’aristocratie du vin, cette boisson simple, humble, et cependant agréable, lui apporta un changement rafraîchissant. Pas de long pedigree, pas de millésime historique, pas de complications et pas d’étiquette affichant un prix extravagant. Aussi Sam ne s’étonnait plus que ce fut la boisson favorite en Provence. »
· Sam, enquête pour le compte du Cie d’Assurances yankees sur le vol chez un richissime avocat californien de la plus belle collection de GCC bordelais. Il est à Marseille et il mange un sandwich sur la terrasse ensoleillée de la Samaritaine, de l’autre côté du Port.
3ième Tableau : Blue Ocean Strategy ou la Stratégie de l’Océan Bleu
« Blue Ocean Strategy » est un livre de stratégie d’affaires publié en 2005 et écrit par Wan Chan Kim et Renée Mauborgne de l’INSEAD. La stratégie de l’Océan Bleu consiste à orienter son business vers un segment peu concurrentiel afin d’utiliser au mieux ses ressources et faire des marges plus importantes. Au lieu de foncer dans le tas, de se précipiter là où sont tous les autres concurrents, de se battre sur les mêmes segments, avec les mêmes armes : prix, qualité, etc…, stratégie dite d’océan rouge; les auteurs du livre conseillent de se créer son propre espace vierge : l’océan bleu en innovant et en recherchant des critères totalement décalés par rapport à ceux existant.
Rideau : avec le Vin Rosé la stratégie de l’Océan Bleu était celle qu’il nous fallait adopter il y a quelques années... maintenant nous sommes en plein dans une stratégie d’Océan Rouge. Trop tard aurait tonné Mac Arthur ! Ne voyez dans mes propos aucune malice quand j’évoque le Rouge qui est, comme chacun le sait, la seule couleur du raisin qui aille à l’authenticité de nos chers rosés, sauf en Champagne bien sûr !