Dans ma série « beau comme un petit livre intelligent » j’en décline un dans la célèbre « collection blanche » de Gallimard, la nrf un modèle réduit (12x18) fin comme un top-modèle. C’est un Hommage, un hommage rendu à Jorge Semprun le 11 juin 2011 au Lycée Henri-IV à Paris. Comme le dit Michel Piccoli au début de son hommage « Jorge, Semprun, Semprũn » prononcé à la française prin, à l’espagnole prune…
« Jorge, jeune exilé de quinze ans en provenance de La Haye où son père représentait la République espagnole menacée, fut admis à Henri-IV en 1939, avec son frère Gonzalo.
C’est là, qu’ayant tout perdu, son enfance, son pays, ses repères habituels, il décida, sans jamais cesser d’être espagnol, de s’initier, grâce à ses poètes et à ses écrivains, à la langue française, à sa richesse, au génie de ses équivoques littérales. Il saura l’écrire en en faisant résonner la moindre de ses nuances et la parler sans aucune trace d’accent. Il y trouva un abri et son véritable statut de réfugié. »
« C’est au lycée Henri-IV, enfin, que fut organisé la première manifestation antinazie, le 11 novembre 1940, place de l’Étoile, à laquelle il participa au milieu de lycéens et d’étudiants. Elle allait précipiter, avec la lecture de La Condition Humaine et de L’Espoir, l’abandon de ses études et son engagement au titre de combattant volontaire de la Résistance. »
« Jorge est mort et nous le pleurons. Il reste son œuvre, considérable, une des œuvres romanesques majeures de la seconde moitié du XXe siècle. Je prédis qu’elle lui survivra, qu’elle nous survivra longtemps. Elle est une des seules à avoir réussi, au-delà du témoignange, grâce à la fiction, à faire entendre la vérité du système concentrationnaire nazi et ses effets sur la subjectivité de ceux qui furent déportés. À cette nuance près que Buchenwald, il ne cessait de le répéter, n’était pas un camp d’extermination. »
Claude Landman.
Homme porteur des plus hautes valeurs humanistes qui a eu jusqu’au bout le souci de transmettre aux jeunes générations l’expérience acquise tout au long d’une vie d’engagement. Et cela sans vouloir pour autant donner de leço. Ainsi à l’occasion d’une interview tint-il à déclarer : « Je n’oserai jamais donner des conseils aux jeunes générations. Mais il est vrai que l’engagement et la lucidité ne sont pass parfaitement compatibles. Si on veut voir clairement avant de s’engager dans les affaires du monde, on risque de rester à contempler le spectacle : dilemme que chacun doit résoudre dans le contexte de son époque et dans la solitude se sa propre responsabilité. »
Patrice Corre proviseur du lycée Henri-IV
La suite à lire en achetant 7,50€ ce beau petit livre…
J’aime beaucoup ce que dit Jorge Semprun à propos de la proposition de Felipe Gonzàlez, l’ancien Président du gouvernement espagnol, de faire de lui son Ministre de la Culture « Felipe m’a dit qu’il voulait que Frederico Sanchez, l’homme le plus recherché par le régime de Franco, soit salué par la Garde Civile, comme représentant du gouvernement. »
« Jorge Semprun, prisonnier numéro 44 904 à Buchenwald avec S comme Spain, Frederico Sanchez, l’homme le plus persécuté durant les années de la dictature espagnole. »
L’Aveu le film de Costa-Gavras, co-écrit avec Jorge Semprun sur la base du récit d’Arthur London, fait partie des films qui ont marqué ma conscience politique. Tourné en 1969, juste après le coup de Prague, l’invasion des chars russes et interprété superbement par un Yves Montand au sommet de son art. Alors qu’il était déjà hospitalisé et que sa maladie progressait avec une stupéfiante rapidité, une projection de L’Aveu avait eu lieu aux Invalides dans le cadre d’un festival du film sur la guerre froide. Le lendemain Costa-Gavras va visiter Jorge Semprun à l’hôpital. Il se penche près de son oreille pour lui rapporter les réctions, toutes favorables, du public.
« Il a souri et murmuré : « L’Aveu continuera. » C’était notre dernier échange. »
L´AV 1 par Joonatan2003
L´AV 2 par Joonatan2003
L´AV 3 par Joonatan2003
L´AV 4 par Joonatan2003
L´AV 4 par Joonatan2003