Dans ma chronique d’hier, à propos du World Wine Symposium j’appelais de mes vœux le retour des mécènes du vin auprès des artistes de notre temps. Pour l’exemple, Étienne Nicolas, de la maison éponyme qui « fut l’un des rares capitaines d’industrie qui surent mettre autant de talent dans leurs affaires que dans le choix des artistes à qui ils confièrent leur publicité. Il fit plusieurs fois appel à Cassandre pour réaliser ses tarifs de luxe et pour une affiche où, en 1935, il redessine Nectar dans un environnement cinétique. Le projet reproduit ici date de la même année et est resté bizarrement inédit. Rarement une image a évoqué plus sensuellement la richesse du bordeaux. À partir d’une mise en pages rigoureuse, Cassandre arrive par sa maîtrise de l’aérographe à faire ressortir tout le rubis du vin versé dans le verre. Une irrésistible invitation à la dégustation dans l’esprit de la peinture « puriste » d’Ozenfant. Je pense, cher François Mauss que cette affiche t’ira droit à ton cœur de grand amateur.
Mais comme nous sommes le 11 novembre je joins à mon envoi 3 affiches du grand Paul Colin qui a essentiellement consacré son génie au spectacle, ses créations commerciales sont rares. Ici il offre son talent à la cause nationale et la dernière est là pour nous rappeler, rappeler surtout à nos enfants et petits-enfants que cette Europe bien imparfaite est née du « plus jamais ça » d’un grand désir de paix entre les grands belligérants que furent au XXe siècle l’Allemagne et la France.
Pour finir, une belle affiche, plus classique, d’Ernst Dryden, illustrateur de mode et décorateur viennois qui, sur le chemin de l’émigration qui l’amena à Hollywood, s’arrêta à Paris de 1926 à 1933. Il réalisa des travaux pour des marques prestigieuses : Bugatti et Voisin. Ici c’est pour le Champagne Vve Devaux.