Que la France des femmes et des hommes de peu était belle ce dimanche, elle marchait loin du brouhaha des causeurs, des blablateurs, des commentateurs et autres penseurs à notre lieu et place. Elle n’en avait rien à foutre de ces récupérateurs, ces recycleurs, ces donneurs de leçons pissant de la copie sur la Toile.
Libre à eux, je me garderai bien, au nom de la liberté d’expression, de leur demander de se taire mais, pour beaucoup d’entre-eux, s’applique, au pluriel, le « si tous les cons volaient ils seraient chefs d’escadrille » et j’ajouterai « en plus ils voleraient en rase motte ! »
Ma crainte c’est que François Cavanna ait eu raison « Les cons gagnent toujours, ils sont trop. »
Ça me fiche en colère mais je m’en tiendrai à mes bonnes résolutions de début d’année : silence radio !
Pour calmer mon ire contre ces ramenards de tout petit calibre je me suis remémoré – éduqué chez les curés – le massacre des Innocents.
Étrange concomitance !
L’Ancien Testament est riche d’histoires dramatiques dont le point culminant sont des scènes de fuite, d’exode ou d’expulsion alors que le Nouveau Testament n’en propose qu’une seule la fuite de la sainte Famille en Egypte qui est rapportée, de manière plutôt brève, par l’évangéliste Matthieu qui raconte qu’à Bethléem, sous le règne du roi Hérode, Marie, femme de Joseph, mit au monde son fils Jésus, conçu de l’Esprit Saint, et que «les mages d’Orient» reconnurent en lui « le roi des Juifs ». Ils vinrent alors l’adorer et lui offrir des présents (Matthieu 1, 18-2, 12).
L’évangéliste poursuit : après leur départ, l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et fuis en Egypte ; restes-y jusqu’à nouvel ordre, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. » Alors Joseph se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Egypte. Il y resta jusqu’à la mort d’Hérode (Matthieu, 2, 13-15).
« Alors Hérode, voyant qu'il avait été joué par les mages, se mit dans une grande colère, et il envoya tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous qui étaient à Bethléem et dans tout son territoire, selon la date dont il s'était soigneusement enquis auprès des mages. Alors s'accomplit ce qui avait été annoncé par le prophète Jérémie ... » (Matthieu, 2, 16-18)
La Fuite en Égypte comme le massacre des Innocents ont inspirés de grands peintres…
En son temps j’avais commis ce petit texte, entre deux rendez-vous, dans le train, je ne sais où, sans doute dans la période de Noël. J’étais alors aux manettes du cabinet d’un Ministre, dans le cambouis du quotidien, en un temps où les affaires prenaient une tournure délétère et même que le petit-chose Bérégovoy, l’ex-chef de gare de Pont-Audemer, préféra passer de vie à trépas.
La fuite en Belgique
Aux premières lueurs de l’aurore
J’ai juché ma jeune femme
Sur le dos usé de mon vieil âne.
Notre bel enfant, ignorant le sort
Que lui réservait l’avenir
Dormait dans les bras de sa mère
Et moi son père
Craignant le pire
J’attrapai la bête par le licol
Et au rythme de son pas lent
Nous avons pris à travers champs
Pour atteindre le col.
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Le pire n’est jamais sûr
Mais du marigot
Au loin tonne un héraut
Les affaires sont les affaires
Des prédateurs
Des chasseurs d’électeurs
Je fuis
Je les fuis
Ces sans-souci de notre vie
De la vie qui fait des ravages
Ces ignorants de notre quotidien
Des riens
Des moins que rien
Je pars me réfugier
Au plat pays Outre-Quiévrain…