Le « Gros » contre « le Vieux », Gégé a tiré le premier sur TF1 « J’suis pas comme Monsieur Coffe à vendre ses Leader Price pour un paquet de pognon : j'en ai rien à foutre. C'est un homme âgé qui continue de faire la télé. Moi je commence à être âgé et j’fais pas de télé ». Son dernier rôle de Serge Pilardosse, ouvrier à la retraite après avoir bossé dans une usine de charcuterie industrielle, lui va comme un gant. Gustave Kervern et Benoît Delépine, les réalisateurs du film Mammuth donnent à Gégé une nouvelle jeunesse. Y biche le Depardiou, y retrouve le populo et la barbaque. Dans mon souvenir, c’est le Gégé faisant irruption à l’Hôtel de Villeroy en 1990, pour voir Henri Nallet afin de récupérer des droits de plantation pour sa nouvelle acquisition à Tigné, sur recommandation de son grand pote : Gérard Bourgoin, le roi de la dinde industrielle, lui aussi parti de rien, garçon boucher qui pilotait son avion et rêvait déjà d’extraire du pétrole à Cuba chez son ami le Leader Maximo. Ce jour-là, crado, grande houppelande, tignasse en bataille, pognes aux ongles douteux, le Mammuth était bien le fils de son père, ferronnier illettré qui vendait l’Huma sans savoir ce qui y’avait dedans. Aux palais nationaux le Gégé, au fond, il préfère les gabions du Marais Vernier des ouvriers de Sandouville, où l’on s’envoie des canons en bouffant des brochettes. Ce n’est pas un raffiné le Gégé et même s’il en fait parfois des tonnes il personnifie bien la France du kil de rouge, du sauciflard et du calendos qui coule. Le pognon il le claque! Ses fréquentations sont parfois border line comme dans l'ex-Serbie mais il est nature le Mammuth.
Sociologie à deux balles va m’objecter Hervé Bizeul lorsque je vais opposer la grosse bouffe du Gégé à celle de l’agressé Jean-Pierre Coffe, l’homme du fameux « c’est de la merde ! » sur Canal +, grand défenseur des produits de terroir, le pourfendeur de la grande industrie agro-alimentaire avec le gros tambour major Périco Légasse sur France Inter. Le pauvre homme, sur la 2 chez Ruquier, il n’en revenait pas du coup boule de son ancien compère : « Quand Monsieur Depardieu m'attaque parce que j'ai fait de la pub, alors que lui-même a fait de la pub pour une marque de merde, est-ce que, véritablement, moi je n'ai pas le droit d'en faire ? Et à quel titre ? (Il dit que je n'ai plus le droit de faire de la pub parce que) je suis trop vieux, et lui il est peut-être trop gros, non »... Et de lui lancer un vibrant appel : « Si Gérard nous écoute, là, maintenant, je vais lui dire... Est-ce que tu peux me donner une explication. Est-ce que tu peux me dire ce qui justifie la haine que tu as à mon égard ? Est-ce que tu as oublié les moments passés ensemble, les moments dans tes vignes, le film que j'ai fait sur toi, Depardieu vigneron, dont tu te sers encore pour faire la promotion de ton vin. Est-ce que tu peux te souvenir que le jour de la mort de (Jean) Carmet, alors qu'il était mort, froid, glacé, et qu'on allait le quitter pour la dernière fois, on le lui a fait boire. C'est-à-dire que nous avons partagé, ensemble, à trois, le dernier verre de vin, et c'était du vin de Tigné. Est-ce que, s'il avait été si mauvais que ça, on lui aurait fait cette farce-là, de lui faire boire du Tigné alors qu'il partait pour son dernier voyage ? Alors, sois gentil, un jour, tu me réponds et tu me réponds sincèrement plutôt que de me débiner sans avoir le courage, jamais, de me rencontrer et de me donner une explication. Je compte sur toi, sinon, je te considérerai comme une ordure »
L’explication Jean-Pierre Coff, je vous la livre toute chaude, elle est là, à vos pieds, dans le fossé qui sépare la France du populo, celle des « salauds de pauvres » de Gabin, des mecs qui ont été le terreau du PC dans la ceinture rouge et qui ont, pour certains, basculés de l’autre bord, des grandes gueules à la Jacques Doriot, des braves mecs et de braves nanas de Moulinex et de la litanie des usines fermées aussi bien au fin fond de nos campagnes que dans les bords des villes, des femmes de peine découpant des dindes 7 à 8 kg à la chaîne dans le froid et la flotte chez Doux, ceux de Billancourt qu’il ne fallait pas désespérer, tous les Chaymotti et ses potes que j'ai cotoyé à la SVF de Gennevilliers avec leur partie de boules, leur ticket de PMU et leur petit jaune, et la France de ceux, petits ou grands bourgeois ou bobos, qui veulent remplir leurs caddies de bons produits du terroir bichonnés par des petits producteurs respectueux de l’environnement, des petits oiseaux et des paysages... Pour sûr qu'il y’a en vous Jean-Pierre Coffe du Sartre juché sur son tonneau à l’Ile Séguin face à la CGT. Même incompréhension de ceux que vous prétendez défendre de vous voir vanter les bons produits à petit prix de Leader Price. Gégé lui il ne s'embarasse pas de ses contradictions, c’est un couillu qui pète et qui rote, même si ça ne l’a pas empêché de séduire Carole Bouquet. Vous Jean-Pierre Coffe, avec vos blouses de jardinier chic, vos lunettes rondes de couleur crue, vous êtes un raffiné, vous n’êtes pas du même monde. Le Gégé, y prend quand ça l’arrange, sans façon, sans précaution, et puis quand il n’a plus besoin de vous y vous jette sans ménagement, sans explication parce, qu'au fond, il ne vous a jamais porté de l'estime. C’est ce qui me semble vous est arrivé Monsieur Coffe, je le crois sincèrement.
À titre préventif je présente mes excuses aux sociologues patentés de venir ainsi patauger dans leur pré en dépit de mon bagage limité... Faut bien que vieillesse se passe...
Don de la maison Berthomeau au Fonds de Soutien des Sociologues patentés d'un beau paquet de spaghettis guitare de chez Leader Price. C'est de la fabrication artisanale italienne. Je suggère à Jean-Pierre Coffe de tenter auprès de Gégé le coup de la pasta cher aux grandes gueules du cinéma Gabin et Ventura, peut-être que la Mammuth s'attendrira et lui tombera à nouveau dans les bras. Si ça arrive nous les bons garçons nous nous jetterons des canons en souvenir des mannes du Jean Carmet ?