Le samedi 9 janvier 2010 j'ai reçu par le courrier mon bon de vaccination « Stop aux virus de la grippe », avec un petit mot de la Ministre de la Santé. Au dos de sa missive ça fait dans le style ticket de rationnement distribué par une administration postsoviétique non révisée. (le dessin ci-dessus est de Chaval).
Je n’irai point me faire vacciner non que je fusse opposé à la vaccination mais pour exprimer mon opposition au catastrophisme ambiant généré en toutes circonstances par ceux qui nous aiment tant : les semeurs de peur de la Direction Générale de la Santé.
Suis-je pour autant un mauvais citoyen qui met en danger par son incivisme la santé de l’ensemble de ses concitoyens ?
Peut-être mais lorsque j’entends proclamer par les autorités sanitaires qu’elles agissent ainsi au nom du principe de précaution parce que l’incertitude inhérente à la nouveauté du virus ne leur laisse pas d’autres choix je ne comprends pas.
Si le risque d’une grande pandémie était avéré il fallait faire acte d’autorité : décider que la vaccination était obligatoire pour les populations à risque. Que je sache, toutes les vaccinations que j’ai subies dans ma jeunesse l’étaient (Diphtérie, tétanos, poliomyélite par exemple). Sinon proclamer sur tous les tons que le risque d’une pandémie était grand tout en assurant qu’il n’y avait pas à s’inquiéter parce que les autorités sanitaires mobilisaient l’artillerie lourde ne pouvait que déboucher sur le plus grand scepticisme.
Si je puis me permettre, puisque la vaccination n’était pas obligatoire, la stratégie adoptée s’apparentait à une politique de l’offre très Gosplan : commande massive de vaccins, campagne de vaccination décidée d’en haut sur la base d’un calendrier ignoré par les intéressés, sites de vaccination en des lieux improbables et peu nombreux, gestion des flux par la file d’attente. Qui s’est préoccupé de la demande de vaccinations ? C’est-à-dire de la perception de son besoin, de son utilité. Les médecins-fonctionnaires nous ont considéré comme des veaux qui allaient se rendre, sur convocation, au gymnase du coin pour se faire faire la petite injection. Circulez y’a rien à voir !
N’est-il pas venu à l’esprit de ces grands experts que beaucoup de leurs concitoyens travaillent, étudient et qu’organiser la vaccination sur les lieux de travail ou dans les établissements d’enseignement aurait permis d’être plus efficace. Pour les inactifs, les artisans-commerçants, les professions libérales et les populations dispersées les cabinets médicaux et sans doute des unités mobiles et des centres de vaccinations temporaires auraient permis de compléter le maillage du territoire. Ainsi, en amont, une réelle campagne de mobilisation, d’explication, au plus près des citoyens eut été possible ce qui aurait permis de mieux influer sur l’état d’esprit de la population.
Et qu’on ne vienne pas me dire que la centralisation permettait de faciliter la logistique de distribution des vaccins. C’est une plaisanterie de garçons de bains. Chaque jour les officines pharmaceutiques sont approvisionnées par des distributeurs, les mobiliser pour ce qui était considéré comme un risque sanitaire majeur ne me semble pas relever de l’élucubration. Pour en revenir à mon incivilité potentielle – en effet jusqu’ici n’étant pas convoqué je me situais dans la catégorie de ceux qui ignoraient le sort qui leur était réservé – outre qu’elle est l’expression d’un ras-le-bol face à un véritable pilonnage des autorités sanitaires à propos de tout et de rien : multiplicités des messages de santé publique et des campagnes de ceci ou de cela, se veut paradoxalement l’expression de ma citoyenneté contre l’arrogance des détenteurs du pouvoir de faire peur. La politique de Santé Publique est une affaire citoyenne pas le monopole d’une forme médicalisée de ce qu’en d’autres lieux il est de coutume de désigner sous l’appellation de complexe militaro-industriel, soit ici Sanofi, Aventis, GSK etc. tous les géants de l'industrie pharmaceutique.
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