Stéphane Derenoncourt, qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui n’est pas œnologue, dans son intervention à la Villa d’Este sur les nouvelles techniques dans la vigne et dans les chais, a tenu des propos acidulés, caustiques, pétillants (cocher la case en fonction de votre appartenance à une chapelle) sur « la sacralisation de la grappe ».
Que nous disait-il, tel que rapporté par Rosenfeld : « On est ainsi arrivé à la période des tables de tri, où l'on abandonne les bennes et les gros conquêts, et on décide d'utiliser des cagettes. Stéphane Derenoncourt esquisse un sourire, et poursuit: les journalistes adorent les tables de tri, et donc, ensuite, on a mis une deuxième table de tri derrière l'érafloir. Ensuite, la table de tri est passé d'instrument de travail à signe extérieur de richesse: le nombre de mètre linéaire de table de tri devenait une mesure visible de votre réussite (mais après il faut les ranger, et donc construire des bâtiments, ce qui a heureusement permis d'arrêter cette mode...).
On est ensuite passé à la table à vibration, qui était déjà utilisée dans l'agriculture classique: la seule différence était que c'était 40% plus cher pour le vin. Donc la table vibrante alimentait la table de tri qui alimentait l'érafloir, qui alimentait une nouvelle table de tri. Certains ont supprimé l'érafloir et l'ont fait faire à la main, après 40m de table de tri: on voit passer du raisin d'une qualité égale à du caviar au bout, mais on met quand même quelqu'un au bout de la chaine, pour faire le contrôle qualité, ce qui est d'une utilité contestable. »
D’accord me direz-vous mais qu’est-ce que nos belles grappes ont en commun avec les frites ? De s’envoyer en l’air tout simplement ? Pire encore de s’envoyer en l’air comme de vulgaires frites McCain...
Je m’explique.
McCain, à ne pas confondre avec McDo, c’est un groupe canadien (7 mds de $ canadiens de CA) inventeur de la frite surgelée, leader mondial, qui détient 40% du marché hexagonal tout en faisant des bras d’honneur aux marques de distributeurs en vendant ses « French Fries » deux fois plus cher que les produits génériques. En dehors des pousseurs de caddies McCain sert la restauration et les chaînes telles McDo, Quick, Burger King et Kentucky Fried Chicken. Bref vous allez me dire que vous en n’avez rien à cirer de mes histoires de grosses patates. Et pourtant vous avez tort.
Je m’explique.
« Sa plus grosse usine dans le monde se situe en France, dans le village de Matougues (Marne). « Au milieu de nulle part » dit Jean Bernou (directeur de la division Europe continentale). Une cathédrale entièrement automatisée dotée d’une chambre froide de 40 mètres de haut et qui ne produit pas moins de 30 tonnes de frites à l’heure ! Les pommes de terre y sautent en l’air d’un tapis à l’autre, une opération pendant laquelle des caméras exercent un tri optique, séparant les bons produits des autres »
Voilà c’est dit chers lecteurs, exit les petites mains en gants chirurgicaux, vive la table de tri optique ! Je ne suis pas agent de la maison Pellenc mais comme c’est eux qui font je vous fais un copier-coller de sa « Selectiv’ Process Vision est un système de tri visionique (analyse de la couleur et de la forme) de la vendange qui sélectionne les baies en fonction des objectifs du vinificateur et de la qualité initiale de la récolte. C’est donc un tri sur mesure par intelligence artificielle. On peut, au choix, conserver uniquement les baies entières mûres ou nuancer le tri en acceptant des baies écrasées ou avec pédicelle. Qualitativement, le respect de la vendange est total, le tri, constant et l’élimination des déchets verts, intégrale. Deux milles baies sont triées par seconde soit un débit qui peut atteindre les 12 tonnes/heure. La régulation du débit se fait en temps réel, le fonctionnement 24h/24 et les réglages très simples complètent ce dispositif qui peut être géré par une seule personne. Côté design, la machine est compacte et adaptable sur remorque. En outre, le nettoyage est rapide (30 minutes).