Le monde du vin se plaint d’être mal aimé, même persécuté par les hygiénistes, à juste raison souvent, mais il est une contradiction que ses dirigeants se gardent bien de résoudre celle contenue dans son discours sur la santé.
D’un côté le « French Paradox » vante les bienfaits de la consommation raisonnable du vin que l’on met en avant et de l’autre l’utilisation intensive de pesticides que l’on minore tant au plan de la santé de ceux qui dans les vignes les épandent que de celle de l’environnement proche (et je ne parle pas ici de la pollution des eaux).
Bref, il ne s’agit pas ici pour moi d’instruire un quelconque procès, je n’en ai ni l’envie, ni la légitimité, mais de souligner que la belle image du vin peut pâtir de discours trop radicaux soumis à l’épreuve de l’actualité.
Le lobbying du vin au travers de « Vin&Société » ne pourra pas s’exonérer très longtemps d’aborder les deux facettes de son discours sur la santé de nos concitoyens buveurs et non buveurs dans le cas présent.
C’est une question de crédibilité.
On ne peut à la fois mettre en avant des études scientifiques qui vont dans le sens des bienfaits du vin pour la santé tout en occultant ou en minorant celles qui, certes parfois très parcellaires ou même orientées, qui pointent le doigt sur l’impact des pesticides sur la santé.
À trop tergiverser pour ne pas chagriner certains poids lourds de la viticulture, le risque est grand qu’un jour le boomerang revienne en force ternir la bonne image du vin produit de civilisation et de tradition.
Qui vivra verra mais la politique du mépris face aux attentes légitimes de la population est une bombe à retardement.
Deux infos ci-dessous qui ont motivé cette chronique.
1- « Des élèves de l’école élémentaire de Villeneuve, près de Blaye en Gironde, sont tombés malades, lundi, après que des pesticides aient été appliqués sur les vignes qui bordent leur établissement…
Lundi en fin de matinée, 23 élèves sur les 46 de l’école élémentaire de Villeneuve ont commencé à ressentir différents symptômes : toux, maux de tête, irritations des yeux et de la gorge. Le matin même, le propriétaire des vignes qui jouxtent l’école avait réalisé un épandage. Une enquête est menée par la Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (Draaf) pour déterminer la cause de ces malaises.
La responsable de la cellule veille, alerte et gestion sanitaire de l'Agence régionale de santé (ARS), le Dr Martine Vivier-Darrigol, reste prudente dans son analyse mais reconnaît « qu’il est clairement possible qu’il y ait un lien entre l’épandage et les symptômes ». Les symptômes n’étant pas spécifiques, il est difficile à l’agence de santé de se prononcer davantage, avant les résultats de l’enquête. link
2- « Les bienfaits du vin rouge mis en doute « FRENCH PARADOX ». Depuis de nombreuses années, on prête au resvératrol, un polyphénol retrouvé dans le vin rouge, le chocolat noir et certains fruits, des propriétés curatives : antioxydant et anti-inflammatoire, il serait également utile pour prévenir l’apparition de cancers et de maladies cardiovasculaires.
De plus, le « french paradox », comme le nomment les anglo-saxons, est un constat selon lequel les Français, malgré un régime alimentaire riche en matières grasses, sont relativement peu sujets aux problèmes cardiaques. Des conclusions longtemps attribuées aux bienfaits du resvératrol.
Mais toutes ces observations sont contrastées par les résultats d’une étude italienne, rapportée ce lundi 12 mai dans le Journal of the American Medical Association, Internal Medicine. D’après les chercheurs, le resvératrol ne serait pas à l’origine de ces protections bénéfiques pour notre organisme. »link
Alors que je rédigeais cette chronique j’ai reçu dans ma boîte mail ce courrier :
Objet : Article pesticides Sud-Ouest
Vous trouverez ci-dessous un article paru ce jour dans Sud-Ouest.
Si vous êtes questionné par des journalistes, nous vous recommandons de les renvoyer vers le service communication du CIVB (Christophe CHATEAU) afin qu'une position commune de la filière soit communiquée.
Nous invitons instamment les viticulteurs qui ont des vignes à proximité des écoles à prendre les plus grandes précautions : traiter si possible le mercredi ou les jours fériés et utiliser de préférence des produits classés bio.
Pour les parcelles situées à proximité des zones habitées, respecter strictement les préconisations en matière de vitesse maximale du vent pour éviter les dérives.
Attention la presse est aux aguets : un comportement individuel irresponsable peut pénaliser toute la profession.
Nous comptons sur votre compréhension.
Meilleures salutations