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6 août 2011 6 06 /08 /août /2011 00:09

Dans ma jeunesse, oui je sais vous bassine avec mes souvenirs, lorsque ma mère voulait faire plaisir à mon père elle lui cuisinait de la loubine. C’était son poisson roi, alors que maman était très sole. Dans son livre D’Yeu que c’est bon ! Bruno Verjus, qui n’aime rien tant que les îles et tout particulièrement l’insula Oia son anti-ville, jamais vile, de cœur et de pied à terre, parle de la Loubine du plateau de Rochebonne. Celui-ci « se situe à plus de trois heures de mer* des côtes d’Yeu. Vaste comme deux fois la surface de l’île, il offre un site rocheux unique pour la pêche au homard, langouste, thon germon et loubine.

En juillet, la loubine (bar) se pêche à la canne avec des lançons. En août elle musarde et modifie son régime alimentaire. Elle ne résiste pas aux ballardes, lignes de fond garnies de chancres-ballants, petits crabes blancs. »

* faudra acheter un petit moteur Denis

Un pêcheur à pied note lui aussi :

« Il m'est arrivé, sur des fonds connus de m'avancer en péchant jusqu'au moment du retournement du jusant : presqu'immédiatement les touches reprennent et dans les petits fonds on aperçoit les hordes de loubines comme chevauchant la vague en direction du rivage... Tout juste si elles ne cognent pas mes bottes ... »

 

La loubine est donc un bar commun est surnommé « loup » ou « perche de mer », dans la région méditerranéenne. Cependant, les termes de bar et de loup ne sont pas pour autant complètement synonymes puisque les poissons du genre Anarhichas, sont eux uniquement appelés loups. Le mot « bar » a pour origine le mot néerlandais borstel qui comme le mot allemand bürste signifie brosse (l’équivalent chez nous des brosses de chiendent dont se servaient les lavandières) en référence aux dangereuses épines dorsales de ce poisson.

 

Maman la préparait au four, le four de la cuisinière à bois, celle où l’on enfournait par le haut, en ôtant les rondelles selon le volume des morceaux,  le bois fendu. Elle déposait les loubines vidées dans un plat émaillé rectangulaire avec des poignées aux deux bouts, sans aucun condiment, afin que la belle chair blanche et ferme de la  loubine exprime seule sa saveur. Juste un tout petit d’eau au fond du plat pour que le poisson ne prenne pas au fond. Tout le contraire de ce qu’elle faisait avec la daurade couchée sur ses rondelles de carotte et recouverte de thym, feuilles de laurier et de persil. Papa était un adepte de la sardine crue, alors sa loubine se devait d’être al dente, pas mollassonne. Je suis sûr qu’il eut aimé la cuisson à l’unilatéral car comme le note Bruno Verjus lorsqu’on cuit le « bar sur sa peau, la chair va prendre et blanchir un peu. Lorsque le dessus de la chair est translucide, couper le feu. »

 bouteille-jubilation.jpg

Donc va pour la loubine à la Berthe Berthomeau pour son Arsène plus facile à préparer dans un four moderne que dans l’antique four de la cuisinière du Bourg-Pailler, un tour de moulin à sel puis un autre de moulin à poivre et c’est tout. Minimaliste certes mais préservant le goût de la chair de la loubine, cette reine vorace (voir la découverte de Bruno Verjus dans le ventre de l’une d’elle : link ) Reste pour arroser cette fille : et oui chez nous nous aimons les filles du bord de mer, à ouvrir une belle bouteille de la toute nouvelle communale du Muscadet : Le Pallet. Osez Jubilation mes amis pour fêter la naissance du petit dernier link J’ai reçu le faire-part d’Inter-Loire annonçant trois naissances d’un coup : Clisson, Gorges et Le Pallet. Vous allez me trouver mauvaise langue mais deux pages pour un faire-part c’est du lourd, du besogneux, du trop de tout : mot du Président de l’appellation sous le titre : confirmation d’une légitimité, puis un gloubiboulga pour journaliste ignare en mal de copié-collé, avec pour me mettre de bonne humeur la phrase de communiquant-type : « Bref : les nouveaux venus dans la famille du Muscadet poussent l’excellence à son paroxysme. Ils commencent modestement : à peine une centaine d’hectares, sur les 10 000 que compte l’appellation, et environ 65 producteurs sur 650. Mais ce sont des précurseurs : ces trois crus pourraient être rapidement suivis par Mouzillon- Tillières, Château Thébaud, Monnières Saint-Fiacre, Goulaine... entre autres. »

 

Faites-nous rêver, bordel ! Donnez la parole aux vignerons qui ont accouché ces nouveaux enfants. Ne pensez-pas à notre place. Cessez de tout noyer dans du verbiage. Travaillez essentiellement à l’extension de la notoriété de ces précurseurs qui ne font que retrouver le vrai chemin de nos AOC, l’excellence, que beaucoup ont oubliée. Mettez-les en avant que diable : dans les Côtes-du-rhône on dit d’abord Cairanne, Sablet, Chusclan...Ne leur chaussez pas vos semelles de plomb. Y’a du travail à faire, lorsque je suis allé sur Google et que j’ai renseigné « Le Pallet AOC » j’ai eu droit au Wikipédia Palette. Alors plutôt que des communiqués ronflants qui tombent dans des boîtes aux lettres électroniques surchargées faut d’abord s’occuper de toucher au plus vite les consommateurs. Bon courage aux gars et aux filles du Pallet, de Gorges et de Clisson, c’est vous qui êtes dans le vrai mais pour autant il faudrait tout de même que dans cette appellation, chère à mon cœur, en état de sinistre, des choix clairs soient vraiment faits et que les actes suivent. Même si la réalité déplaît rien ne sert de l’esquiver.

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commentaires

L
<br /> <br /> Je te rassure, Denis. Avec le moteur, ma partie de pêche n’aurait pas eu le même charme.<br /> <br /> <br /> . En outre, Léon aime à voir un gros propriétaire foncier de l’Île d’Yeu penché sur son banc de nage. Cela lui<br /> rappelle les galères de jadis, quittant le port de La Rochelle pour des rives lointaines ou simplement pour les bagnes de la côte vendéenne. La lutte des classes existe toujours, mais la<br /> stratification a changé : nous sommes de plus en plus nombreux à être les esclaves de possédants en nombre de plus en plus restreint. On finira bien par les avoir .... pour mettre d’autres<br /> maîtres à leur place !<br /> <br /> <br /> . Autre sujet : j’ai revendiqué au fil des ans les appellations suivantes : Vin de Table (millésimé depuis 2009), Vin de<br /> France (millésimé ou non, avec ou sans mention du cépage), Vin de Pays (avec cépage), Côtes et Côtes Villages (AOP, anciennes AOC), VDN Maury et VDN Rivesaltes. Or, tout mon vignoble pourrait<br /> revendiquer soit CDR Villages (sauf rosé ou blanc car cette appellation n’existe pas), soit VDN.<br /> <br /> <br /> En France, cela a un sens, notamment pour la valorisation des stocks par les banquiers ! A l’étranger, franchement tout le monde<br /> s’en tape !<br /> <br /> <br /> A présent, je conserve Maury et Rivesaltes car cela rend mon alcool de mutage moins cher, car l’accise est plus modérée et car, pour<br /> Maury, j’ai un attachement SENTIMENTAL à cette appellation. Pour les vins secs, j’ai décidé de vendre – essayer de vendre en tout cas – la majeure partie en Vin de France, une cuvée en<br /> « Côtes » (pour créer une « gamme ») et parfois un rouge en « Côtes Villages » car le décret autorise des degrés supérieurs à 15 vol %, ce qui est souvent le<br /> cas pour mes raisins les plus mûrs. Sinon, le garant de la qualité de mes vins c’est ... MON NOM. Ma bouteille la plus chère est un ... Vin de France (millésimé et avec cépage, tout de même) et<br /> la meilleur marché un Côtes-du-Roussillon (AOP).<br /> <br /> <br /> Faire attention tout de même : Marie, la jeune et très motivée sommelière de Serge Vieira, m’a dit qu’elle regrettait le risque<br /> de perdre l’attachement au terroir (entendre : au lieu) dans la mention VDF. Je prends sa remarque en considération.<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Au Taulier et a Luc: oui, j'ai un moteur, mais comme j'aime le bruit et l'odeur de la mer je prefere ramer. Pour info mon canot' de categorie 6 ne peut en aucun cas aller de Yeu a<br /> Richebonne (presque 20 miles!)<br /> <br /> <br /> A tous les amoureux du Muscadet: je suis a 100% pour les grands vins de la Loire-Atlantique, mais pourquoi leur conserver le nom de muscadet, puisque ca n'en a plus le gout?<br /> <br /> <br /> Essayez le Clisson de Bruno Cormerais pour etre convaincus que 1) c'est un grand vin 2) c'est pas du muscadet!<br /> <br /> <br /> Autre question: on en est rendu a des centaines d'AOC et de crus. Presque aucun consommateur n'est capable de s'y retrouver. Quant au client potentiel etranger, il est completement perdu. Je<br /> suis donc pour la simplification et une reduction drastique du nombre d'appellations. Mais alors on fait comment pour tous ces nouveaux crus qui valent bien une identite autonome? Drame<br /> cornelien!<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Sur la côte Basque on ne pèche pas la loubine mais la louvine ; d'accord pour la cuisson au jour, sans rien, d'accord aussi pour le Muscadet. Le Txacoli (Gétaria) convient également très bien de<br /> même que le Picpoul de Pinet. ou un Gaillac perlé Finalement la Louvine est un poisson rustique et facile avec lequel on peut boire des blancs secs mais pas trop ni  trop fruités. Cela<br /> n'engage que moi bien entendu <br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> @Taulier: il A déjà une petit moteur, le Denis (un Evinrude, si j’ai<br /> bien vu), mais remisé dans sa remise, garagé dans son garage, rangé quoi !<br /> <br /> <br /> Et il parle flamand, le taulier : effectivement, nous disons « loup » qui pourrait bien venir de borstel quand<br /> c’est du bar (zeebaars). C’est aussi avec une borstel qu’on se nettoie les dents. Par contre, quand on parle de « loup de mer » - le poisson, pas le marin chevronné -<br /> on utilise le terme de zeewolf. Je ne sais s’il s’agit de la même espèce.<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Fierté mal placée peut-être, toujours est-il que, pour une fois, et sans même demander la pemission au Tôlier, je vais tenter de profiter du calme estival pour diriger le Lecteur intéressé vers<br /> un énième vri du coeur pour les crus du Muscadet ICI  <br /> <br /> <br /> <br />
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