Petit texte écrit le 2 juin 1994, et publié sur mon blog en 2006, après que le service marketing de LU appartenant alors au groupe Danone avait décidé de modifier la recette su petit LU pour soi-disant s'adapter au goût des jeunes consommateurs (le sucré)
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Ils ont tué le petit LU
La nouvelle m'est tombée dessus
Le premier juin après dîner
Alors qu'au fond de mon plumard
Je lisais en père pénard
Le Monde daté
Du jeudi deux juin mille neuf cent quatre-vingt-quatorze
Le rédacteur un certain Pierre Georges
Avait trempé sa plume dans la réprobation
Et moi je sombrais dans l'affliction
Qui étaient ces meurtriers anonymes
Quel était le mobile de leur crime?
Fallait-il rechercher les assassins
Du côté de son rival le petit Brun ?
Ces ignobles adorateurs des courbes de vente
Qui dans leurs luxueuses soupentes
Pour contenter d'immondes petits niards
Téteurs de coke noir
Bouffeurs de Big Mac baveux
Auraient en moins de deux
Exécutés mon petit beurre
Me touchant en plein cœur
Balayant sans le moindre remord
Ma folle jeunesse passée au bord
De la Loire
Où quand tombait le soir
Le fond de l'air avait des senteurs
De petit beurre.
Et ces chaudes soirées du mois de mai
Soixante-huit où tes accoucheurs
Avaient déposé leurs tabliers
Pour manifester
Toi notre petit beurre
Ton odeur manquait à notre bonheur.
Assis sur mon céans, ulcéré
Je décidai que jamais l'usurpateur
Ne franchirait le seuil de ma demeure
Et, n'y tenant plus je me suis levé
Pour extraire
De la dernière étagère
Du buffet
Un paquet entamé
Des derniers petits LU
Ici vus.
Sachez messieurs les faussaires
Qu'au perron de la maison
De mon père et de ma mère
Le seul panneau de réclame accepté
Etait dans sa monacale simplicité
Celui de la maison LU
Qui nous payait pour seul tribut
A la fin de chaque année
Une boîte en métal de petits beurrés
Ça me donne le droit d'être le dépositaire
Des mannes du goût
De l'ancêtre créé par Louis Lefèvre Utile
Et de crier à la foule versatile
Ils sont devenus fous.