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16 septembre 2012 7 16 /09 /septembre /2012 00:09

Il s’appelle Bernard Arnault (…) Un Français, qui  a quitté l’Hexagone pour les États-Unis lors de l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 (…) Personne ne le connaît ou presque. Son père possède une entreprise, Férinel, qui construit des résidences secondaires. Il est originaire du Nord de la France et polytechnicien » Il est né le 5 mars 1949 près de Roubaix. Son père, entrepreneur en bâtiment, a créé une entreprise moyenne mais prospère, qui se spécialise dans les appartements de tourisme avec un slogan « Férinel, propriétaire à la mer ». Nommé directeur de la construction de l'entreprise en 1974, il en devient le directeur général en 1977 avant de succéder à son père à la tête de la société en 1978. « L’homme est ambitieux. Outre-Atlantique, il a tenté sa chance en réalisant quelques opérations immobilières mais sans grand succès. »


Tout ça ne sort pas de la plume du Taulier mais du bouquin de Gabriel Milési publié en octobre 1990 chez Belfond sous le titre Les Nouvelles 200 familles et relooké en 2011 chez Michel de Maule cette fois-ci sous le titre Les Dynasties du Pouvoir de l’argent avec un sous-titre évocateur L’État c’est nous. L’auteur est l’ancien chef du service économique de France Inter et rédacteur en chef à Europe 1donc pas vraiment un adepte du Front de Gauche cher à Merluchon.

photoWillot.JPG

Donc, le petit Bernard fuyant l’hydre socialo-communiste végétait dans l’univers impitoyable du capitalisme étasunien mais « à New-York, il a connu François Polge de Combret. L’ancien secrétaire général de l’Elysée (au temps de Giscard), recruté par la banque Lazard, est en pénitence dans la grande ville américaine. » Alors, comme le jeune homme à des ratiches aiguisées, il flaire le bon coup à propos de ce qu’il est convenu d’appeler le désastre Boussac, l’une des plus importantes affaires industrielles françaises, au printemps 1981 à mis la clé sous la porte. Pierre Mauroy, maire de Lille, s’installe à Matignon et, « Jean-maxime Lévêque, alors président du CCF, farouche adversaire des nationalisations, fait savoir aux frères Willot que sa banque n’est plus disposée à les soutenir. Les quatre propriétaires de Boussac, qui se débattent dans des difficultés financières aiguës, son brusquement interdits de chéquiers. Le groupe est ainsi mis hors-jeu. Un seul recours s’offre à ceux que l’on a baptisés « les Dalton » : demander la mise en cessation de paiement.


Vous imaginez le tableau : les socialo-communistes avec ce bébé sur les bras, et tout ça dans la patrie du nouveau Premier Ministre. Ça chauffe et dans l’hémicycle du Palais Bourbon j’ai le souvenir, lors d’une séance de nuit, de la boutade de Pierre Dreyfus, Ministre de l’Industrie, ancien PDG de Renault, « Il faut faire rendre gorge aux Willot » En dépit de ces paroles vengeresses c’est le bordel, comment sortir de cet imbroglio ? Une mission de conciliation confiée à Georges Plescoff, ancien président de l’UAP échoue car « il faut commencer par démêler les fils de l’écheveau que les Willot, toujours dans la course, embrouillent à loisir. » Plescoff dans un rapport au Premier Ministre conclut qu’il faut liquider Boussac. C’est la panique. « Chez les Willot d’abord. Jusque-là, le temps joue pour eux puisqu’ils restent propriétaires d’une partie de l’affaire que les pouvoirs publics et les différents administrateurs désignés redressent peu à peu. » Panique aussi chez les banquiers qui pensaient faire un bon coup. La seule solution : trouver un repreneur !


Et c’est là que notre Bernard via la banque Lazard va tirer plus vite que tout le monde : Polge de Combret le présente à Michel David-Weill qui l’adresse à Antoine Bernheim. Le bon vieux capitalisme de réseau français se mettait en branle. « Bernard Arnault se rend en septembre 1985 à l’IDI où il rencontre Edouard Silvy. Il promet un accord avec les Willot, qui est indispensable à la solution. D’autres sociétés sont candidates. Boussac ne manque pas d’intérêt. Le groupe possède entre autres un trésor immobilier et un joyau de prix : Christian Dior. Christian Deverloy, le PDG de Prouvost, entouré de Suez et de Bouygues, est sur les rangs ainsi que Bernard Tapie et Maurice Bidermann. » Vous comprenez mieux pourquoi notre sévèrement burné est très au fait des faveurs faites à Bernard Arnault à cette époque. « Pendant quelques semaines va se dérouler un simulacre de négociations au cours desquelles les pouvoirs publics vont donner l’illusion qu’ils se forgent une opinion sur le sérieux de différentes offres.


Lorsque l’offre de Bernard Arnault est retenue, nul ne s’étonne que ce jeune polytechnicien sorti de nulle part triomphe. « N’a-t-il pas proposé le plan le plus avantageux : effectifs légèrement réduits mais sans licenciements et demande d’aide minime à l’Etat ? Et, argument suprême, Bernard Arnault n’a-t-il pas déjà un contrat en poche avec les frères Willot ? Le choisir mettrait donc le gouvernement à l’abri d’éventuelles complications juridiques. » Un question se pose dans le Tout Paris des affaires : « Pour qui roule-t-il ? » Alain Chevalier le patron de Moët et Henri Racamier, qui en 1987, a fusionné la holding Louis Vuitton SA avec Moët Hennessy pour former LVMH - Moët Hennessy Louis Vuitton SA (LVMH), premier groupe de luxe du monde, peuvent répondre : pour lui et rien que pour lui !


Appliquant le bon vieux principe « les promesses ne valent que pour ceux qui les entendent, Bernard Arnault qui a repris le groupe Boussac en bénéficiant d’une aide publique pour en assurer le redressement et la pérennité va, moins d’un an plus trad tourner le dos à ses engagements de ne pas réduire les effectifs. Cela surprend mais tout le monde se tait. « Contrairement à ses promesses de ne pas démanteler Boussac, il taille, coupe, restructure l’empire cotonnier, revend certaines branches. Au bout d compte, il ne conservera que Christian Dior et le Bon Marché. Les 90 millions qu’il a investis pour la reprise de l’affaire vont bientôt se transformer en milliards. Deux ans plus tard, Bernard Arnault annonce son intention de devenir le n°1 du luxe. Ambition démesurée ? On s’interroge. S’il contrôle Dior, il est loin de pouvoir se mesurer au numéro 1 du secteur, LVMH. Se mesurer ? Non. Profitant des querelles entre actionnaires et avec l’aider d’Antoine Bernheim il s’empare du groupe LVMH. »


Voilà, c’est comme ça que le petit Bernard, qui demande la nationalité belge, a commencé à faire sa pelote… Milesi dans son opus revisité en 2011 écrit « sa fortune est aujourd’hui estimée à 22,7 milliards d’euros. Belle performance avec seulement 90 millions de francs (soit quelque 14 millions d’euros) investis dans Boussac. Bravo l’artiste ! » et j’ajoute merci à Pierre Mauroy…

Pour ceux que ça intéresse tout le détail de L'AFFAIRE BOUSSAC 1981-1985 par Gérard Bélorgey qui fut Préfet du Loir-et-Cher et que j’ai connu à cette époque-là en tant que « Monsieur Vin » de ce département. Passionnant link  

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commentaires

D
Il y a une legere erreur sur le depart de l'historique. Son père etait proprietaire de l'entreprise Ferret Savinel. C'est Bernard qui a créé Ferinel (contraction du nom de l'entreprise paternelle), construction de maisons individuelles.
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