C’est un fait avéré mes petites soirées bien arrosées ont toujours eu du bon, tout d’abord parce qu’elles permettent à chacun de mes petits camarades d’ouvrir sa bonde, de se lâcher, sans pour autant basculer dans l’agressivité, le règlement de comptes, et puis ensuite, lorsque tout le monde s’est défoulé, il est possible d’aborder les choses sérieuses sans se prendre le chou. Détail d’importance, mon cheptel tient bien le carburant à haut degré. Notre soirée Cahuzac a donc tout naturellement débouché sur la suite à donner à notre petite affaire. Bosser hors des clous ça les motive mes licheurs de haut vol et, dans le cas présent, ça les motive d’autant plus qu’ils ne portent pas dans leur cœur la lopette qui va faire l’objet de notre attention particulière. Je ne sais plus qui a lancé l’idée de donner un nom de baptême à notre opération mais ce dont je suis sûr en revanche c’est que ça a de suite plu à tous les bestiaux. Je les ai laissé me proposer leurs conneries habituelles, très au-dessous de la ceinture, avant de trancher « ce sera d’Aguesseau ! » Ma proposition fit l’unanimité pour des raisons qu’il serait trop long d’exposer. Disons que c’est une adresse à quelques encablures de la place Beauvau où bien des coups se sont montés. Bien évidemment le champagne s’imposa pour fêter cette avancée, un magnum. Pendant qu’ils lui faisaient un sort je leur ai avoué que j’aurais pu proposer Guitsh’au mais c’aurait un peu trop gros. Avant qu’ils lèvent l’ancre je leur ai rappelé le mot d’ordre de notre petite traque « prêcher le faux pour savoir le vrai… » . Notre homme pense en effet que, s’étant retiré des voitures dans sa petite gentilhommière de la baie du Morbihan, avec sa grosse bobonne reliftée et permanentée, plus personne ne viendra lui chercher des poux sur sa tête de chauve. « Encore un qui n’a pas eu les moyens de se payer les services de Cahuzac » a ironisé Contrucci. Ça a donné des idées à Duruflé qui nous a servi une longue tirade « Bof, avec sa gueule de cul-béni il doit se contenter de parader à la sortie de la messe, ça toujours été dans sa nature de s’estimer supérieur à la piétaille de ce bas-monde. Il doit ronger son frein, s’emmerder comme un rat mort, mais il est bien trop pétochard pour se risquer à remettre son grand tarin dehors. Nous nous sommes pépères, pas du tout pressés, et nous n’avons même pas besoin de le filer, on peut le suivre à la trace notre cul dans une chaise. S’il savait que nous sommes à son cul il serait vert. De mon point de vue il doit quand même avoir des doutes, des craintes, et c’est là que bien sûr nos leurres foireux jouent pleinement leur rôle en lançant des fausses pistes, des infos bidonnées, des petites provocs qui le rassurent. » Nous nous sommes quittés autour de 1 heure du matin repus, pompettes et mon petit monde savait qu’il avait carte blanche et que, comme j’avais d’autres chats à fouetter que de me préoccuper de cet enfoiré, je ne leur mettrais aucune pression.
Cette soirée m’avait fait du bien. Avant d’aller me coucher j’ai feuilleté une note blanche qu’une de mes taupes venaient de me faire passer. Selon une source militaire, les renseignements français auraient opportunément fuités auprès des deux juges, Le Loire et Van Ruymbeke, pour accélérer la chute de Cahuzac. « L’armée a eu sa peau. On ne s’attaque pas impunément à nous. Il voulait notre mort. Nous l’avons eu. Et d’autres ministres pourraient suivre si Hollande continue sur cette voie » Les Suisses n’en sont pas revenus. Tout ça sera dans l’Hebdo sous peu indique le rédacteur de la note. Confirmation évidente que c’est dans le marigot du renseignement que tout se joue, pas à la rédaction de Médiapart n’en déplaise à Plenel. Bien évidemment, ces preuves, les semelles de crêpes les ont gardées bien au chaud avant de servir le plat du jour en conservant bien entendu des munitions pour faire chanter les politiques en cas de besoin. De bonne guerre, mais pour autant je ne crois pas à la thèse du complot pour sanctionner Cahuzac Ministre des cordons de la bourse. Comme toujours dans ce genre d’affaire il est difficile de démêler le vrai du faux. L’Armée, qui n’est pas un modèle de bonne utilisation du pognon des contribuables, devra passer comme tout le monde, à la toise : le fameux plan Z n’était pas l’œuvre de Cahuzac mais celle des services de la direction du Budget qui n’apprécient guère l’arrogance des patrons de la Grande Muette. Il est toujours sur le bureau de Cazeneuve, un Cherbourgeois qui connaît bien les histoires d’armement, et, comme pour la dissuasion nucléaire, les menaces du type « d'autres ministres pourraient suivre si Hollande continue sur cette voie », valent que si on ne les utilise pas. Pour qui connait le mode de fonctionnement de l’Interministériel, qui plus est sur un sujet dépendant du domaine réservé du Chef de l’Etat, « supprimer 31 régiments dans l’Armée de terre, vendre notre unique porte-avion Charles-de-Gaulle, annuler des commandes d’hélicoptères Tigre et de deux sous-marins nucléaires Barracuda, arrêter la production des avions Rafale et des transporteurs Airbus A400M, supprimer quelque 51 000 postes, fermer des bases françaises à l’étranger et réduire les budgets des renseignements intérieurs et extérieurs. » ne sera pas le point d’arrivée de la négociation. On peut aussi compter sur le lobby des bénéficiaires des commandes de l’Armée pour tempérer les ardeurs des gnomes du Budget.
La lecture d’un papier de 2e DB dans Médiapart link confirme mon analyse comme le montre ce passage que j'ai surligné « Info ou intox? S’il est difficile d’obtenir des confirmations officielles dans ce domaine, la thèse d’un coup des Services secrets contre le ministre tient la route, estime Christophe Guilloteau, député UMP membre de la Commission de défense de l’Assemblée nationale, qui a l’impression que le système a dit stop. D’autant que les autorités judiciaires genevoises qui ont reçu le 19 mars 2013 une demande d’entraide judiciaire se sont étonnées de la précision des informations de la justice française au sujet des comptes bancaires du ministre dans les banques Reyl & Cie et UBS. Service de renseignement. La patte des Services de renseignement français, estiment plusieurs de nos sources. «Et ne croyez pas comme vous avez pu le lire ici ou là que c’est Patricia Cahuzac, la future ex-femme du ministre qui a précipité sa chute. Si elle devait connaître l’existence d’un compte en Suisse, elle aurait été incapable d’en transmettre les numéros à la justice.» Et rien ne dit qu’elle avait effectivement engagé des détectives privés pour enquêter sur la vie et le patrimoine de ministre de son mari. Elle s’en est en tout cas toujours défendu.
Non, la vérité est plus crue, poursuit notre informateur. «Nos services traquent depuis plusieurs années les fraudeurs du fisc à l’étranger et notamment en Suisse où nos hommes sont très présents.» En outre, le cas Cahuzac ne leur était pas inconnu puisqu’il avait déjà été dénoncé en 2008 par Rémy Garnier, un contrôleur du fisc aujourd’hui à la retraite.
Mais alors pourquoi n’avoir pas agi plus tôt? Une partie de la réponse vient de tomber grâce à un collectif d’officiers de la DCRI. Dans un document de 14 pages, remis le 16 février au groupe de travail sur les exilés fiscaux dirigé par le député socialiste Yann Galut, ces espions confirment que les renseignements surveillent étroitement sur l’organisation de la fraude fiscale internationale, notamment celle organisée par UBS. Mais ils se sont bien gardés de transmettre leurs informations à la justice. Pourquoi? «Ces services se nourrissent des délits qu’ils ne souhaitent pas voir apparaître ou révéler à l’autorité judiciaire pour ne pas amoindrir leur influence, quand le besoin s’en fait sentir», répondent les membres de ce collectif d’officiers de la DCRI dans ce document cité par La Croix. En clair: ils utilisent leurs informations sur la fraude fiscale quand bon leur semble, en se cachant derrière le «Secret Défense» pour ne pas transmettre automatiquement leurs pépites aux juges.
Cerise sur le gâteau à la Médiapart « plusieurs agents se souviennent que Jean-Yves Le Drian avait travaillé jadis dans l’armement, une des industries les plus opaques qui soient. Un ministre, tout comme un président averti, en vaut deux. » Avant de m'endormir je lis le compte-rendu de la conférence de Plenel à la Maison Française de la New York University le 12 avril sur les enjeux politiques d'Internet.link