L’Amérique du Sud est une terre de football où, avec le Brésil et l’Uruguay, l’Albiceleste : l’équipe d’Argentine, avec son emblématique maillot ciel et blanc en rayures verticales, tient une place de choix. Toute ma culture footballistique je l’ai acquise dans la police, au commissariat du Blanc-Mesnil, où le ballon rond constituait l’essentiel de nos sujets de conversation. Dans la bande de traîne-lattes que nous formions un de mes collègues, Lluis Ferrer, tranchait par ses connaissances encyclopédiques. Fils d’un catalan du POUM réfugié en France, il nous gavait mais tous reconnaissaient qu’il était incollable. Sa douleur, car c’en était une, c’était de ne pouvoir se rendre physiquement au Nou Camp pour voir jouer les Blaugranas. Il m’arrivait, les soirs d’ennuis, de m’attabler face à lui dans un café pour l’écouter, en buvant des litres de bière et en grillant des Boyards maïs, me parler de la haine qu’il vouait au Réal Madrid le club du Caudillo. L’écouter m’aidait à vivre. Je ne disais rien mais sans le savoir ni le vouloir j’emmagasinais tout sur le FC Barcelone. C’est ainsi qu’un soir, alors que pour le titiller je venais de lui avouer qu’en dehors d’Alfredo Di Stephano qui avait joué avec Raymond Kopa au Réal je ne savais rien sur le foot en Espagne, Lluis me raconta l’histoire du transfert d’Alfredo en Espagne en 1953.
Elle ressortait fraîche, sans une ride de mes souvenirs, et je la servais à mes interlocuteurs argentins qui ne pipaient mots. Les yeux de Lluis, en me la racontant, brûlaient vraiment d’un feu meurtrier. Barcelone fut le premier à se renseigner sur le joueur et à négocier son transfert avec River Plate. Celui-ci se conclut pour 4 millions de pesetas à compter du 1er janvier 1955. Le 23 mai 1953, di Stefano arrivait en Catalogne pour signer son contrat et disputait trois matchs amicaux avec le club. Mais la négociation avec le club de Los Millonarios de Bogota, propriétaire du joueur jusqu'au 1er janvier 1955, pour le libérer par anticipation achoppaient sur les exigences du président du club colombien qui exigeait 27 000 dollars (1,350 million pesetas), montant jugé trop élevé par le président de Barcelone. C’est alors que le tout puissant président du Réal de Madrid, Santiago Bernabéu, chargeait le trésorier du club, Raimundo Saporta, de négocier le transfert. Celui-ci se rendait à Buenos Aires pour rencontrer les dirigeants de River Plate mais ceux-ci l'informaient de l'accord passé avec Barcelone. Il contactait alors Los Millonarios et acceptait de payer le montant demandé par son président. Les deux clubs possèdaient donc un droit sur le joueur. S’ensuivait un pataquès énorme entre les deux clubs et la FIFA se voyait obligée de désigner un médiateur pour dénouer le conflit. La décision de celui-ci, ancien président de la Fédération espagnole de football, fut étonnante : « di Stefano jouerait pour le Real Madrid lors des saisons 1953-1954 et 1955-1956, et pour le Barça en 1954-1955 et 1956-1957. À l'issue de ces quatre saisons, les deux équipes devraient se mettre d'accord sur l'avenir du joueur en Espagne. L'accord était approuvé par le gouvernement espagnol et les deux clubs. Tollé à Barcelone, crise entre les socios et la direction du club, le président était acculé à la démission le 22 septembre 1953. Et pourtant, à la surprise générale, Barcelone revendait ses droits sur le joueur au Real et di Stefano signait enfin dans le club merengue pour environ 5,5 millions de pesetas. Pour Lluis il ne faisait aucun doute que derrière ce revirement, cet affront, il y avait la grosse paluche de Franco.
Les douaniers m’offraient des bières. Marie-Amélie me couvait de regards énamourés. J’étais vidé. Le chef de poste après avoir déposé force tampons sur mon passeport se levait, me le tendait, m’enserrait dans une accolade interminable. Ma vessie se trouvait au bord de l’implosion mais je ne voulais pas rester une minute de plus dans cette baraque. La moto feulait, et lorsque le préposé levait la barrière j’étais au bord de l’évanouissement. La comtesse, toujours aussi attentive, stoppait son engin quelques centaines de mètres plus loin. J’étais tétanisé. Avec précaution elle me déboutonnait puis elle extrayait ma verge tendue, incandescente. Pendant un long moment elle me la tenait sans que je puisse uriner. L’irruption du premier jet fut bref et douloureux puis, après quelques poussées improductives, ce fut une mixtion qui durait plus de deux minutes. Marie-Amélie secouait doucement ma verge amollie avant d’essuyer la fente de mon gland avec un fin mouchoir. Elle me reboutonnait. Nous nous assîmes sur le bas-côté. La comtesse me tendait un sucre qu’elle venait d’imbiber d’alcool de menthe. Je le laissais fondre doucement dans bouche redevenue soudain sèche. Marie-Amélie, d’une voix tendre soupirait « Dieu que la vie va être fade sans vous... »