« Les routiers sont sympa ! » c'était Max Meynier sur RTL. Les Routiers c'étaient aussi des restos sur le bord des nationales où la tortore était consistante, chaleureuse, la patronne accorte, le patron grincheux et bien sûr le carburant ne manquait pas... Avant de lire le court texte de Maurice des Ombiaux je vous propose d'écouter un morceau d'anthologie de Jean Yanne « Les routiers» ( si vous souhaitez l'image pour voir le look de Yanne et de son acolyte http://www.youtube.com/watch?v=jLMzHKrgBZs )
Dans notre vocabulaire il est des mots qui s’enfouissent sous l’épaisseur du temps, disparaissent avec ceux qu’ils désignaient comme le roulier qui conduisait un chariot tiré par des chevaux transportant des marchandises. Alors maintenant des Ombiaux écrirait : « Buvez comme un homme délicat et non comme un routier » et tomberait sous les coups de la loi car « un verre ça va, trois verres bonjour les dégâts ! »
Comment il faut boire.
«Vous avez donc devant vous un verre de bonne dimension où le nez peut entrer quand les lèvres aspirent le liquide embaumé.
Ce verre ne doit être rempli qu’au tiers, à peine. Gardez-vous de chez qu’on appelait autrefois le « rouge-bord » et qui ne se pratique plus que chez le bistro et les grossiers buveurs.
Tournez lentement le verre de manière que le vin, en caressant les parois, développe davantage son bouquet, puis respirez-le ; quand vous jugerez que son arome a pris tout son essor, posez le cristal poli sur votre lèvre inférieure, et humez très canoniquement.
Ne laissez pas couler le nectar dans votre gosier comme l’eau d’un robinet dans une bouteille. Il faut s’en bien imprégner toute le bouche et ne l’avaler qu’à petites gorgées. C’est seulement ainsi que le vin révèle les subtiles nuances de son âme divine ; autrement il ne dévoile pas ses secrets adorables et passe, hautain et silencieux, devant l’incompréhension stupide des philistins. Encore faut-il s’y reprendre à plusieurs fois pour les pénétrer tous et sonder à fond les mystères de la treille.
Buvez comme un homme délicat et non comme un roulier. »