Elle lui a dit « Imagine-nous sur les routes désertes – c’était les derniers jours d’un mois de mai en 68 – filant vers Paris, la capote de notre deuche découverte, cheveux au vent. Non, toi seulement. Moi, je me mettrai un foulard noué derrière le cou, très Jan Seberg. Aux carrefours nous passerons sous les regards étonnés des pandores. « Bonjour, bonjour les hirondelles... » Nous serons les rois du monde. Nous mangerons des sandwiches en buvant un petit rosé glacé. Nous entrerons dans Paris par la porte d'Orléans. J'y tiens. Puis nous descendrons les Champs-Elysées en seconde. Je prendrai des photos debout à tes côtés. Oui, pendant que j'y pense, il faudra que j'achète des berlingots pour papa. Il adore ça. Surtout ceux à l'anis. La Concorde, trois petits tours, et on débarque avenue de Breteuil chez le père. Rien que du pur bonheur ! »
Ils avaient 20 ans en 68, ils partaient de Nantes, et ce furent de bien beaux jours dans leur vie alors comme aujourd’hui c’est de Paris qu’ils vont descendre pour aller à Béhuard sur la Loire pour ce pique-nique improvisé par une folle avoine qui se trouvait se nommer Graindorge. Pour le manger, ils mettront toute la mangeaille enveloppée d’un grand mouchoir de Cholet (ouais, ouais, z’étaient grands comme des torchons les mouchoirs du pépé) dans un grand panier d’osier pour les sèmeries (les semailles) et ils caleront le pochon avec toute une cotriade de bouteilles qui trouveront chez des copains vignerons avant d’arriver à Behuard.
Be oui, Béhuard, ça vous en bouche un coin petits parigots têtes de veaux car le Taulier qu’est né en Vendée lui l’est allé en car sur l’île de Behuard qu’est la seule commune à être une île sur la Loire. Faut être aussi futé que le taulier pour proposer de pique-niquer sur la Loire. Bon le guide du Pous, alias le camarade Patrick Baudouin qui n’habite pas très loin va trouver que je tire les bernes trop à moi puisque ça fait un bail qu’y me dit de venir poser mes brailles de luxe sur ce confetti d’île qu’est un rocher volcanique émergeant des flots. Le bâti y est modeste, comme le taulier, les petites rues sont étroites et les commerces absents. A cet endroit, pour remercier la Vierge de l'avoir sauvé de la noyade, Louis XI fit construire une église à deux nefs en équerre et charpente en carène de bateau renversé. Près d'elle se dresse un logis du XVe siècle dont le tuffeau est gracieusement décoré et orné d'une Vierge dans une niche. Béhuard est située dans la zone classée au patrimoine mondial de l’UNESCO à une vingtaine de kilomètres au Sud-Ouest d’Angers, et est ceinturé par deux bras de la Loire, la Guillemette et les Lombardières, entre Savennières et Rochefort sur Loire. Les crues sont fréquentes : une échelle de crues placée au centre du village atteste les niveaux des crues subis au XXe siècle en 1904, 1910, 1936, 1962, 1977, 1982, 1983, 1988, 1995 et 2000. Béhuard est traversée par la route départementale 106.
Un peu d’histoire de Béhuard : d'abord vouée à une déesse-mère gauloise, avant d'être évangélisée au Ve siècle par Saint Maurille, évêque d'Angers, puis offerte au XIe siècle à l'abbaye Saint-Nicolas d'Angers. Au XIe siècle, le chevalier Buhard reçoit les terres du Comte d'Anjou, Geoffroy Martel, en remerciement de ses services. Le nom Buhard se transforma en Béhuard à cause de la difficulté de prononciation pour les habitants. Entre 1469 et 1482, le roi Louis XI, neveu du roi René d'Anjou y ordonne la construction d'un sanctuaire dédié à la Vierge après avoir échappé à la noyade suite au naufrage de son embarcation dans la Loire, une église à double nef en équerre est construite. Béhuard, qui était un lieu de pèlerinage des bateliers avant le XVe siècle, doit sa renommée à la vierge protectrice des mariniers et des voyageurs. En 1948, année de naissance du Taulier un pèlerinage y réunit toutes les Madones de l'Anjou.
Le vendredi 30 avril 2012 Béhuard accueillera Eva chroniqueuse chez le Taulier
Les images de Béhuard sont ICI link
Du côté spécialité régionale vous aurez droit au museau chaud de Berthomeau dont je vous livre à nouveau la recette en recyclant un bout de vieille chronique :
« Ceci écrit je me suis dit : mon vieux Berthomeau, certes tu n’es pas de la pointure d’un Alleno, mais, comme Monsieur Jourdain, tu pratique le casse-croute chaud sans le faire savoir. Je m’explique. Comme je suis friand de museau de porc, que j’achète à la charcuterie Pellé 213 rue de Tolbiac (c’est à deux pas de chez moi) , j’adore à l’heure du déjeuner le mettre au chaud, je devrais écrire au tiède. Qu’est-ce à dire ? Tout simplement je glisse 1 ou 2 tranches de museau de porc dans une Ciabiatta tranchée (on peut moduler la part en fonction de son appétit) que j’ai légèrement toastée. La ciabatta, « savate» en italien, est un pain blanc originaire d'Italie, dont une des principales particularités est à la fois un taux d'hydratation élevé jusqu'à 80 % et la présence d'huile d'olive 3 à 5 %. Ce pavé rustique à la mie moelleuse et très poreuse, aux alvéoles grosses et irrégulières dues à sa grande hydratation combinée à une croûte caramélisée et croustillante mais très douce au toucher est l’idéal pour accueillir mon museau. Sa croûte retient le mince filet d’huile d’olive dont je l’asperge et la sauce vinaigrette qui accompagne le museau de porc. Pour corser l’ensemble il est possible de rajouter des rondelles de cornichons ou même des câpres, mais j’évite la moutarde ça ôterait à l’ensemble sa chaude douceur et son moelleux. Attention les petits loups et les petites louves : prière de ne pas confondre le museau de porc avec le fromage de tête. »
Bon Miss Graindorge qui répond au bon prénom d’Anne (c’est celui de ma fille mais elle c’est Anne-Cécile) faudra prévoir un petit feu de sarments pour réchauffer mes Ciabatta. J’emporterai autant de museau que y’aura de petits cochons et de petites cochonnettes au pique-nique de Behuard. Pour le liquide nous feront dans le Savennières show puisque que c’est tout près à vol d’oiseau. Je me servirai d’abord chez mon copain Baudouin et pis aussi chez Pithon… et si le voulez bien j’ouvre la liste des suggestions à déposer en commentaires. Merci !