Mon degré de rouerie, tel celui d’un grenache frappé par les excentricités du réchauffement climatique, n’a aucune limite. Ce matin je vous embarque dans un titre qui fleure bon la Boîte de Nuit, lieu mythique, où aux temps anciens la drague façon Guy Bedos/Sophie Daumier avait droit de cité : « accroche-toi Jeannot ! La nuit est à nous... », le slow langoureux, interminable sur « night in white satin » des Moody Blues, le whisky baby, les lumières tamisées, les spots aux lumières psychédéliques, le panty des filles et nos pat’d’eph...
Désolé chers lecteurs mais ceci s’apparente à un passement de jambes à la Zidane. Je ne sais si je l’ai réussi, mais je l’ai tenté. En effet, mon propos matinal est encore plus terre à terre, disons alimentaire. Je ne doute pas un seul instant que vous allez, cette fois-ci, me délivrer sans hésiter le diplôme du Meilleur Barjot de France mention TB. Je me lance : nous vivons nous les urbains, plus encore que les ruraux, dans un univers de plus en plus intégré où, au plus petit incident, panne d’électricité généralisée de longue durée par exemple, tout le système qui nous entoure, nous borde, risque de s’effondrer en cascade. Alors, tout en pédalant je me suis dit, « Berthomeau, même si on pense que tu as un petit vélo dans la tête, prépare-toi une ration de survie... »
D’où l’idée de la boîte, vous me suivez ? Un scénario à la René Barjavel dans Ravage « qui présente le naufrage d'une société mécanisée, dans laquelle, un jour, l'électricité vient à disparaitre. Les habitants, anéantis par la soudaineté de la catastrophe, sombrent dans le chaos, privés d'eau courante, de lumière et de moyens de déplacement... Un étudiant en chimie agricole, François Deschamps, décide avec quelques autres personnes, de quitter Paris, mégapole de vingt-cinq millions d'habitants, en proie à l'anarchie et aux flammes pour retrouver son village d'enfance en Provence. Il espère pouvoir y reprendre une vie normale mais paysanne... Mais le chemin est long et difficile, pour ceux qui n'ont jamais connu autre chose que le confort qu'offrent la technologie et la science. »
Ainsi, moi, après l’apocalypse technologique qui nous guette, avec mon petit vélo, ma trousse de survie accrochée à mon guidon pour me procurer ma ration minimale de calories, je pédalerai guilleret jusqu’à ma vieille Vendée pour y trouver refuge entre ce qui reste de bosquets et de prairies naturelles épargnés par les « bouchers du remembrement » qui se sont reconvertis maintenant dans l’écologie.
Bref, la constitution d’une trousse de survie doit répondre à quelques règles simples : faible encombrement, utilisation de la nourriture sans cuisson, dates de péremption de longue durée, emballage résistant aux intempéries...
Sur cette base j’ai donc sélectionné pour ma trousse de survie :
- une boîte de sardines à l’huile
- 2 boîtes de thon blanc au naturel
- une boîte de corned-beef
- une boîte de haricots verts extra-fins
- quelques figues sèches (emballées sous film alu) et quelques noix
- quelques petits fromages de chèvre secs (emballé sous film alu)
- une canette de vin ou une ½ bouteille à vis (la 1ière plus légère mais ne se referme pas, la seconde peut se briser)
- un couteau suisse+ une petite boîte alu pour stocker les restes+1gourde L’actualité, plaide en faveur de mon scénario catastrophe. L’odyssée du paquebot Carnival Splendor qui a connu une sérieuse avarie au large de la côte pacifique du Mexique est en phase avec mes propos matinaux. En effet après qu’un incendie se fut déclenché dans la salle des machines et que le feu fut maîtrisé sans que personne n'ait été blessé l'équipage n'a pas réussi à rétablir l'électricité et le navire était à la dérive lorsque Carnival a émis un communiqué relatant l'incident. Selon le communiqué, les 3,299 passagers avaient la possibilité d'accéder à leur cabine et on leur distribuait de l'eau et des repas froids. Mais l'air climatisé, les toilettes, les repas chauds et les téléphones étaient inopérables. Les gardes côtes américains ont déployé un avion et des navires d'intervention qui sont en route vers le navire en détresse. Par ailleurs ce matin le porte-avions USS Ronald Reagan a été dérouté pour se positionner à proximité du Splendor pour permettre l'acheminement de matériel par hélicoptère.
Donc, comme vous pouvez le constater, je ne suis pas totalement délirant mais comme dirait l’autre : à toute chose malheur est bon. Je m’explique dans mon scénario Ravage 2 l’accès à l’eau potable serait très problématique donc la fameuse citation de Pasteur redeviendrait d’une actualité brûlante : « Le vin est la plus saine des boissons. » Vous imaginez aisément le boom sur le nectar. Comme je ne suis pas là pour écrire un livre, je me sens pourtant très houellebecquien ce matin, je m’en tiens à ma descente vélocipédique vers ma terre natale qui croiserait, vous vous en doutez, sur sa route quelques vignerons qui se feraient un plaisir d’emplir ma gourde de vin, de me refiler un quignon de pain avec un bout de lard... Je pourrais même chanter : « à bicyclette »...