Ce dernier jour d’un mois juillet automnal, sans me laisser glisser dans une molle nostalgie, l’envie me prend de mettre mes pas dans ceux d’Alain Souchon lorsqu’il veut voir « sous les jupes des filles très fières sur leurs escabeaux en l'air /Regard méprisant et laissant le vent /Tout faire. » Alain Souchon c’est ma génération, en lui je me retrouve : un peu dilettante mais toujours présent, une apparence sereine qui cache des colères rentrées, une mélancolie pleine de grâces, de mots de toutes les couleurs, l’amour des femmes, une démarche tranquille un peu solitaire, un style forgé sur la rythmique de Laurent Voulzy qui l'a obligé à modifier son écriture, à briser ses phrases, à bousculer la langue, le français. « C'était comme un jeu. Un jeu qui a duré plusieurs années. Jusqu'à en devenir un tic d'écriture, trop facile. Alors je suis revenu à un style plus classique. »
En décembre 2008 il confiait à Hugo Cassavetti et Valérie Lehoux de Télérama « En 68, je me disais que c'était bien de foutre le désordre, que le monde n'était pas très amusant à vivre : se lever, avoir un boulot, être jugé tout le temps. Il y avait quelque chose de très dur que la jeunesse cherchait à adoucir. On voulait se rouler dans l'herbe, fumer des pétards et rire. Je me disais que lorsque des types de la génération de Paul McCartney deviendraient présidents de la République, le monde serait plus doux. Ce n'est pas vraiment ce qui s'est passé. Il y a une immense roue qui s'est mise en route, que personne ne peut arrêter, à laquelle les hommes politiques sont accrochés. Ils sont, comme nous tous, ballottés par ce grand truc libéral, de mondialisation, cette idée qu'il n'y a plus que l'argent qui compte, la réussite financière. C'est ahurissant. Je suis ébahi par le monde tel qu'il va. » link